En corrélation avec l’exposition Roman-Photo, le Mucem inaugure ce mercredi 14 février 2018, dans la salle du fort Saint-Jean, L’Amour de A à Z, une petite exposition pour illustrer le thème fédérateur de MP2018, dès ce jour de la Saint-Valentin, à travers ses collections. De l’ange à la zizanie, voici une amusante occasion de revoir son alphabet… amoureux.
Trouver dans les collections de quoi effeuiller ainsi un abécédaire de l’amour n’a pas été une si mince affaire. « Le Mucem qui fête ses 140 ans de collections conserve plus d’un million d’items, du XVIIIe siècle à nos jours. Certaines lettres ont été bien plus difficiles que d’autres », explique Julia Ferloni, commissaire de l’exposition et elle-même très amoureuse de tous ces objets. Mission accomplie puisqu’une quarantaine d’objets, aux origines diverses, ont pris place dans la galerie vitrée de la salle des collections, en haut du fort Saint-Jean.
Accueilli ainsi par un superbe Cupidon, issu d’un orgue forain et déclaré trésor national, le public découvre des objets très disparates autour de la déclaration, du mariage, du devoir conjugal, de la dispute ou encore la rupture. Des objets parfois issus de tradition codifiée, officiellement ou pas, ou de simples dons lors des enquêtes-collectes que mènent régulièrement le Mucem tout autour de la Méditerranée. C’est ainsi, par exemple, qu’à la lettre B, comme bijou, est exposée une superbe ceinture brodée provenant de la région des Balkans, offerte lors des fiançaille puis portée lors du mariage et également lors de la naissance du premier enfant. Bijoux de fiançailles également, deux bracelets bulgares, offerts à la mariée et trempés le jour du mariage dans une eau dite l’eau fleurie qui servira à confectionner le pain du mariage, ou encore une paire de fibules kabyles qui composait le trousseau de la donatrice et qui se transmettait de génération en génération « car ce qui nous intéresse, poursuit Julia Ferloni, à travers tous ces objets du quotidien, c’est aussi leur propre histoire ».
Après les fiançailles, le mariage, illustré ici par un couple reconstitué vêtus de leur costume respectif, ou encore par une paroi de lit breton mais aussi, de façon plus inattendue, par des dessous collectés en 2009 en Syrie, un peu avant la guerre, sur le thème du couple. Ils viennent ici illustrer le D de devoir conjugal avec une pointe d’humour car « ce type d’objets était choisi par les jeunes femmes qui allaient se marier mais c’est le mari qui va les acheter, histoire de montrer qu’il est bien d’accord, et ce sera revêtu forcément la nuit de noces puis les autres nuits… C’est en fait un costume animé : quand on appuie sur la télécommande, le string rouge va chanter I love You et sur l’autre modèle, les oiseaux vont également chanter. »
Ainsi se poursuit la visite et pour évoquer le K du Kamasutra, le Mucem a choisi une affiche éditée par l’association marseillaise de prévention du Sida, Le Tipi, et trois préservatifs illustrés : des objets collectés lors d’une enquête sur la prévention du Sida en Europe et en Méditerranée, entre 2002 et 2006. « On peut dire sans rougir que le Mucem a la plus grande collection de préservatifs au monde en institution patrimoniale », précise la conservatrice.
Au chapitre des amours impossibles, on découvre l’histoire du poète Antar et de la princesse Ablar, peinte sur verre par l’artiste tunisien Nasser Elefi, celle également attachée aux sabots effilés du XIXe siècle de la vallée de Bethmale, dans les Pyrénées, « lorsqu’un guerrier maure est arrivé avec toute sa troupe et est tombé amoureux d’une jeune promise. Pour se venger, le fiancé abandonné les a tués et on raconte qu’il a accroché leurs cœurs aux pointes de ses sabots », jusqu’aux badges de la rupture des années 60, en passant par la pièce finale de l’exposition qui est une fontaine de propreté d’Apt datant du XVIIIe siècle et sur laquelle est représentée la dispute de la culotte qui sème ainsi la zizanie dans le couple. Un Z en faveur de la naissance du féminisme…
Que d’histoires et d’anecdotes autour de l’amour à travers tous ces objets ! On peut juste regretter que ces précieuses informations ne soient délivrées que lors des visites guidées, les cartels restant, eux, trop brefs. Quant à la salle des collections, cette exposition inaugure par la même occasion la nouvelle façon de présenter des extraits des collections du Mucem. Comme les capsules en vogue dans le milieu du prêt-à-porter. Dès la rentrée de septembre, ce sera au tour d’un abécédaire des animaux d’y prendre place.
Informations pratiques
> L’Amour de A à Z, du 14 février au 27 août 2018
> Salle des collections, fort Saint-Jean
> Entrée gratuite ce mercredi 14 février de 20h à minuit> Lire notre article Grâce au Mucem, le roman-photo retrouve une place de choix