Mardi 9 Juin le premier public du festival d’art lyrique Aix-en-Juin se pressait dans la cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède pour accueillir l’ouverture des événements artistiques de la saison. Un rendez-vous intime à la veille des manifestations rassemblant plus de 80 000 visiteurs sur deux mois, un public restreint mais déjà frissonnant devant l’enchaînement d’airs lyriques extraits des œuvres stars de cette session 2015.
D’un côté, les rendez-vous éternels. On retrouvera Mozart pour L’enlèvement au Sérail, les talents reconnus de la soprano Patricia Petibon et du contre-ténor Philippe Jvarousky (dans Alcina de Haendel), ou encore l’emblématique metteur en scène du Songe d’une Nuit d’été, Robert Carsen, déjà joué au festival en 1991 et qui revient donc près d’un quart de siècle après. Mais comment séduire un public déjà envoûté par le souvenir de l’excellence d’une performance passée ? C’est là tout le charme et la difficulté de l’art lyrique que pointe avec humour ce dernier, rappelant son objectif premier : lutter « contre les mémoires des gens. » En somme, faire du neuf avec du vieux.
D’un autre côté, surprise dès les premières notes ! Des applaudissements, une brise, et six voix féminines surgissent a cappella dans le murmure du mistral. Un avant-goût de Svadba, opéra d’Ana Sokolovitć tenue par “six sirènes” dont la finesse des voix dissonantes, comme perchées sur des fils, tiennent une improbable harmonie. Une torture pour Ulysse qui aurait succombé à cet appel. Bref, on se jette tous à l’eau.
On est toujours étonné de la fraîcheur de cette jeunesse qui brille sur la scène, capable d’émouvoir un parterre de cheveux gris en quelques notes.
Pour finir, laissons la parole au rappel du chef d’orchestre de ce festival, Bernard Foccroule: « on a quand même une chance inouïe de pouvoir rencontrer ces personnes qui font de leur art, de leur passion, un métier. »
Repères Aix-en-Juin :
> A noter, la magie du festival d’art lyrique entrera en scène ce soir à la Pinette Beauregard, avec la fable “La Colombe, le Renard et le Héron” tirée du recueil de Kalila wa Dimna.
> Les préludes (master class, répétitions publiques et concerts) s’étalent sur le mois de juin, s’achevant Cours Mirabeau avec Parade[s] sur des airs de Haendel pour laisser place, début juillet, aux chefs-d’œuvre tant attendus du Festival International d’Art Lyrique. Consultez le programme ici. .
> L’excellence reste l’ambition affichée du Festival, plus encore « le plaisir et la concentration » selon les maîtres mots de son directeur. Mais l’attention au grand public n’est jamais loin: les moins de trente ans ont de nouveau la chance de récupérer un pass gratuit à la billetterie qui leur donnera accès à toutes les performances du mois.