Sans argent, pas de croissance. Et donc, pas de créations d’emplois… Heureusement, le pays ne manque pas de liquidités en ce moment. Dans la présentation de ses résultats 2018, l’association France Invest, qui regroupe la quasi-totalité des sociétés de gestion en capital-investissement du pays, montre que la finance ne s’est jamais aussi bien portée : « On lève trois fois plus d’argent qu’il y’a 20 ans », se réjouit Christophe Deldycke, le président de Turenne Capital et président de la commission action régionale de France Invest lors de la présentation organisée à La Coque vendredi 14 juin. L’an dernier, près de 19 milliards d’euros de capitaux ont été levés dans le pays, une hausse de 13 % en un an et un record jamais égalé.
Les Français et les étrangers misent sur la croissance des entreprises
Pour Christophe Deldycke, comme pour Pierre Grand-Dufay, le délégué régional de France Invest invité dans les locaux de Gomet’ jeudi 20 juin, cette hausse des volumes s’explique par un intérêt grandissant des investisseurs internationaux pour la France : « On lève davantage d’argent car il y’a plus de souscripteurs étrangers qui misent sur la croissance des entreprises françaises », explique le patron de Turenne Capital. Les chiffres de France Invest démontrent également une forte progression des capitaux levés auprès des personnes physiques en 2018. Avec 2,8 milliards d’euros récoltés, cette part augmente de 22 % « et ce, malgré l’arrêt des fonds fiscaux issus de l’ISF », ajoute Christophe Deldycke. Une preuve de plus de la confiance du public dans les placements au sein des entreprises françaises qui profitent pleinement de cet argent frais.
La médaille de bronze pour les investissements
Au total, les sociétés de capital-investissement ont injecté 14,7 milliards d’euros dans les entreprises l’an dernier. Encore une fois, c’est un record. Et cette manne profite essentiellement aux petites et moyennes entreprises. Sur 2 200 opérations réalisées l’an dernier, 80 % ne dépassait pas les 5 millions d’euros : « soit des investissements dans les petites entreprises au sein même des territoires. C’est le cœur de notre métier », insiste Christophe Deldycke. Provence-Alpes Côte d’Azur est l’une des régions qui profite le plus de l’action des sociétés de capital-investissement. En 2018, elles ont investi 650 millions d’euros dans les entreprises du territoire, dépassant ainsi ses scores précédents « On a vu un véritable décollage en 2017 qui se confirme en faisant encore mieux cette année », commente Simon Ponroy, le responsable des études économiques et statistiques pour France Invest. Si la région reste encore loin de l’Île-de-France avec ses 6,3 milliards d’euros investis, elle se rapproche un peu plus d’Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 milliards d’euros) et surtout reste bien au-dessus de ses grandes voisines comme l’Occitanie (420 millions d’euros), la Nouvelle Aquitaine ( 471 millions d’euros) ou encore la Bretagne (443 millions d’euros). Par contre, à l’inverse du national, le nombre d’entreprises ayant levé des fonds l’an dernier est en légère baisse. Elles étaient 157 contre 172 en 2017 « mais on reste bien au-dessus de toutes les autres années précédentes et de la moyenne de 110 entreprises sur dix ans », tempère Simon Ponroy.
Paca, la startup région
La région Sud se différencie par la forte présence des start-up dans les entreprises levant des fonds. Près de 90 % des opérations sont inférieures à 5 millions d’euros et les deux-tiers ne dépassent même pas le million. En observant le portefeuille des sociétés de capital-investissement dans la région, France Invest relève que 32 % sont des start-up contre 24 % au niveau national : « La région a toujours été portée par les petites sociétés innovantes et elles n’hésitent pas à lever des fonds », explique Simon Poroy. Le ticket moyen pour les opérations de capital-innovation est d’ailleurs en augmentation. Il est passé de 1,2 million en 2017 à près de 1,5 million l’an dernier. Alors que globalement, le montant des levées reste stable. Par contre, pour l’innovation aussi, il y a eu moins d’opérations en 2018 que l’année précédente : 46 contre 60. « Cette baisse s’explique en fait par la fin de l’activité d’un fonds qui est arrivé au terme de ses investissements l’an dernier. Ça devrait être ponctuel », analyse Simon Poroy.
Les levées de fonds, une solution contre le chômage ?
France Invest tend aussi à démontrer l’efficacité de l’implication des fonds d’investissement dans les sociétés. Sur l’ensemble du pays, la région Paca affiche la deuxième plus forte croissance de chiffre d’affaires pour les entreprises en portefeuille avec + 6,8 % entre 2016 et 2017. Elle devance même Paris et l’Île-de-France qui n’atteint pas les 6 %. Seul l’Auvergne-Rhône-Alpes fait mieux avec + 7,3 %. Et pour revenir à l’une des préoccupations premières des français, les fonds investis sont très fortement générateurs d’emplois à en croire les chiffres de France Invest. Sur l’ensemble du pays, les plus de 3 000 entreprises en portefeuille ont créé 56 000 emplois entre 2016 et 2017, soit une progression de 4,3 % par rapport à l’exercice précédent. Et ici, encore la région figure parmi les meilleures car ses sociétés ont généré plus de 9 000 postes, le deuxième meilleur score du pays derrière la capitale hors-compétition avec + 21 000 salariés.
L’emploi, la croissance, la réussite des entreprises… Tel est l’objectif final des sociétés de capital-investissement qui accompagnent les entreprises affirme Christophe Deldycke : « On entend souvent dire que nous investissons pour prendre le contrôle et revendre à terme au plus offrant mais ce n’est pas la réalité. Très souvent, le management récupère ses parts et une entreprise qui fonctionne mieux qu’avant notre arrivée. On mise sur une progression du résultat de l’entreprise car c’est lui qui fait sa valeur », rappelle le représentant de France Invest. Il appelle ainsi ses confrères à poursuivre leurs efforts pour convaincre les entrepreneurs, petits ou grands, à lever de l’argent. Aujourd’hui, 6 300 entreprises françaises ont ouvert leur capital sur un total de 123 000 sociétés de plus de dix salariés, ce qui représente 5 à 6 % de part de marché seulement pour les sociétés de capital-investissement. « On doit doubler cette part dans les cinq ans qui viennent. Et je suis certain que cela peut régler les problèmes de croissance et de chômage du pays », affirme Christophe Deldycke.
Lien utile :
> Revoir l’intégralité du petit-déjeuner débat consacré aux levées de fonds à l’occasion de la sortie du Digest Finances 2019.Lire l’intégralité de l’étude de France Invest en Paca