Qui n’a jamais parcouru les allées à ciel ouvert de la biennale Argilla ne peut imaginer à quel point le travail de la terre peut surprendre et étonner. Chacune des éditions de ce marché international de la céramique a fait preuve de renouvellement en exposant tant de créativité et de talents. La 14e du nom se tiendra les 5 et 6 août prochains à Aubagne. Rendez-vous pris.
Argile, glaise, kaolin… : la terre est multiple. Elle devient faïence, porcelaine, poterie ou grès. Pétrie, tournée, moulée, cuite, émaillée, vernissée ou peinte…, elle prend forme et couleurs sous les mains agiles des artisans des métiers de la terre et du feu. Avec deux cent cinquante céramistes sélectionnés, sur cinq cents dossiers reçus, issus de vingt-et-un pays, l’édition 2017 d’Argilla s’annonce éblouissante. Il faut compter plusieurs heures pour faire le tour de cette manifestation qui occupe tout le centre-ville d’Aubagne, de l’avenue Antide Boyer à la rue de la République et ses ruelles, en traversant l’esplanade Charles-de-Gaulle et le cours Maréchal Foch. Et aux visiteurs de suivre longitudinalement les étals des céramistes ou de naviguer en zigzag dans les rues devenues piétonnes pour l’occasion.
Des pots, des assiettes, des vases, des bijoux, des objets d’art… : ici règnent les pièces uniques ou en toute petite série. De la décoration de la maison et du jardin à la poterie du quotidien, en passant par les instruments de musique, on est bien loin des productions industrielles et c’est ce qui fait le charme et l’intérêt de l’événement. Et si les prix peuvent parfois étonner, les ramener au nombre d’heures passées, aux risques d’échec à la cuisson, à la fragilité du matériau… rend soudainement accessible l’exceptionnel.
Certains ateliers perpétuent les traditions et les techniques anciennes comme la faïence ou le raku, d’autres s’appuient sur ces savoir-faire pour multiplier les créations personnelles. Des objets quotidiens ou décoratifs, repensés, aux lignes plus contemporaines qui correspondent aux tendances actuelles. Toute cette créativité a su redonner ses lettres de noblesse à l’art de la céramique.
Enfin parmi plusieurs animations, un coup de cœur pour le concours de tournage, arbitré et organisé par l’école de céramique de Provence : les professionnels qui s’y frottent doivent monter, au tour, la pièce la plus haute, parfois les yeux bandés… Un temps fort qui réserve son lot d’étonnement et de frayeur dans le public.
L’Espagne, invitée d’honneur 2017
Après l’Italie en 2015, c’est au tour de l’Espagne d’être invitée d’honneur d’Argilla. Un village cours Lucien-Grimaud accueillera trente-cinq artisans ibériques et sera lieu de diverses animations dont un spectacle du chorégraphe catalan Toni Mira mêlant danse, musique et projection d’images.
En amont d’Argilla, depuis le début du mois de juin, le centre d’art des Pénitents noirs présente Expansions…confluences, les recherches deux artistes catalans de renommée internationale : Mia Llauder et Joan Serra. À la recherche intime de la forme, Mia Llauder façonne de multiples pièces, avec des techniques diverses, qu’elle conserve dans un meuble à tiroirs puis assemble ses éléments à la fois semblables mais différents pour des œuvres uniques. Quant aux cubes ou polyèdres de Joan Serra, ils se fendillent, se cassent ou explosent sous l’effet d’une pâte telle le magma d’un chaos. Des jeux de textures et de formes que l’artiste obtient par une mise en condition du processus entre la matière et le feu – dilatation, contraction, vitrification…
Une seconde exposition débute ce mardi 1er août, à l’Espace des libertés. Barro.es, Terres d’Espagne présente cinquante quatre œuvres contemporaines espagnoles, inspirées des formes traditionnelles de l’art céramique ibérique ou de recherches dans l’innovation artistique. À travers elles, c’est tout un voyage au cœur des vingt-deux régions de la péninsule ibérique que propose l’Association espagnole des cités de la céramique (AECC) : on y découvre ses villes, terres d’argile, productrices de céramiques, leur diversité et leurs spécificités. Chacune des communes y est représentée par trois ou quatre pièces, réalisées en terres traditionnelles usitées en Espagne – terre cuite vernissée, terre cuite brute, faïence et grès -, et qui reflètent leur patrimoine culturel et traditionnel, exceptionnel à l’image de ce magnifique botijo typique d’Alba de Tormes (province de Salamanque).
(Photos Une : Philippe Buraud (France), Miguel Lombreras (Espagne), Joan Serra (Espagne))
ARGILLA en chiffres
> 14e édition
> 21 nations représentées
> 250 céramistes sélectionnés sur les 500 dossiers reçus
> 2 expositions thématiques
> 85 000 visiteurs attendus
> 517 017 € de chiffre d’affaires réalisé en 2015.Exposition Expansions… Confluences
> jusqu’au 9 septembre 2017 – Entrée libre
> Centre d’art Les Pénitents noirs – Les Aires Saint-Michel
Exposition Barro.es, Terres d’Espagne
> du 1er au 19 août 2017 – Entrée libre
> du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h, les 5 et 6 août de 9h à 19h
> Espace des libertés – avenue Aristide BoyerNos articles
>Filière Argile : son avenir doit mobiliser tous les acteurs de la Métropole
>[Shopping] La Barbotine et Bernex ensoleillent les tables de l’été