Organisé habituellement à Paris, le 12e forum économique franco-chinois a été délocalisé pour la première fois à Marseille, durant deux jours (les 26 et 27 octobre). Une trentaine de patrons chinois ont fait le déplacement pour rencontrer les chefs d’entreprises du territoire et sceller des partenariats.
À l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie en France, le 12e Forum économique franco-chinois se tient pour la première fois hors de la capitale. Un événement organisé en partenariat avec la Ville de Marseille, la Métropole Aix-Marseille Provence, le consulat général de Chine à Marseille, le Grand port Maritime de Marseille et le barreau marseillais. C’est au World Trade Center que 150 acteurs économiques, dirigeants et investisseurs chinois et français échangent depuis jeudi 26 octobre et encore ce vendredi 27, pour faire le point sur la pratique des affaires, les partenariats et les projets.
Accélération des échanges avec la Chine
La Provence, terre promise pour l’Empire du Milieu ? En tout état de cause, Marseille et sa région attirent de plus en plus les investisseurs chinois. Moteurs Baudouin, rachetés en 2008 par la première fonderie chinoise Weicha Power, Pétroinéos (pétrochimie à Lavera), Watchdata (logiciels à Aix-en-Provence)… ont choisi la région pour développer leur business depuis quelques années déjà. Marseille est aussi la première ville française à avoir signé un accord de « Business friendly » avec le géant de l’e-commerce Alibaba. Quant à l’industriel Quenchen, il pourrait implanter sa première usine de silice d’Europe du côté de Fos-sur-Mer. La décision est d’ailleurs attendue pour la fin de l’année.
Si Marseille a toujours entretenu des relations privilégiées avec la Chine (30 ans de jumelage avec Shanghai cette année 2017), les échanges ont pris un coup d’accélérateur il y a un peu plus d’un an. Le nombre de délégations chinoises reçues les neuf premiers mois de l’année 2017 en atteste : 17 délégations d’entreprises ou institutionnelles contre quatre en 2016. Par ailleurs, cette même année, la Chine fournisseur structurel de la métropole Aix-Marseille-Provence, s’est imposé à la première place en vendant pour plus de 2,5 milliards. C’est aussi le premier client en conteneurs du port de Marseille.
Côté tourisme, la France reste le premier pays européen le plus visité par les Chinois. Ces derniers, lorsqu’ils ne choisissent pas Paris, séjournent en Provence, deuxième destination touristique à faire battre leur cœur. Cet été d’ailleurs, 50 000 touristes chinois ont découvert les charmes de la cité phocéenne.
Les cinq atouts de la métropole pour la Chine
Au-delà de la marque Provence et des produits typiques qui séduisent assurément cette la clientèle, les investisseurs chinois ciblent Marseille pour cinq raisons essentielles : « La communication, la connection des infrastructures, la circulation des fonds, les circuits commerciaux et la communion des esprits et des peuples, exprime Gao Yuanyuan, ministre, conseiller économique et commercial à l’ambassade de Chine en France. À Marseille nous pouvons appliquer ces cinq axes sans problème. Cela reflète la nature essentielle de notre nouvelle coopération. Marseille est également le passage entre l’Europe et l’Afrique, et elle peut être ainsi un tremplin entre le continent asiatique et européen ».
Un projet illustre parfaitement cette passerelle : le MIF68. Le Marseille International Fashion Center, premier centre de gros pour les détaillants, devrait ouvrir ses portes en février 2018, sur une parcelle de 5 hectares face au centre commercial Grand Littoral. Le MIF68 s’inscrit également dans le cadre du projet chinois « Belt and Road Initiative » ou « ceinture économique de la route de la soie » (A lire lundi sur Gomet’), qui marque une volonté d’ouverture de la Chine aux investisseurs étrangers.
« Rééquilibrer les échanges »
Un signal qui peut être rassurant pour les entreprises françaises et qui se traduit, par exemple, par l’organisation, par la Chine, du premier salon exclusivement réservé aux produits importés et qui se tiendra à Shanghai en 2018. « Nous voulons que les entreprises soient encore plus dynamiques pour aller en Chine, faire concurrence aux autres entreprises… », insiste le consul général de Chine à Marseille, Zhu Lying.
De son côté, Frédéric Ronal, vice-président de la CCIMP, délégué à l’international, note que cette volonté d’ouverture de la Chine va permettre au territoire « de rééquilibrer les échanges ». En effet, le pays n’est que le 13e client des entreprises des Bouches-du-Rhône. Un rapport défavorable, puisque si le territoire achète 2,5 milliards à la Chine, il ne lui vend que 250 millions. « Nous avons l’impérieuse nécessité avec les collaborateurs chinois de trouver les conditions pour être capable d’emmener plus d’entreprises en Chine, d’être beaucoup plus visibles auprès de l’acheteur, du consommateur chinois… Toutes les rencontres BtoB, à l’occasion de ce forum, sont donc essentielles… ».