Collard, avatar de synthèse
Invité d’Arlette Chabot sur LCI, le député marseillo-gardois n’a pas été à la fête. Il est vrai qu’il lui revenait de pallier l’absence, pour abstinence médiatique, de sa patronne Marine Le Pen. Sommé de s’expliquer sur les contradictions du programme économique du FN, par Jérôme Jaffré (sondeur) Alexis Brézet (Le Figaro) et Olivier Duhamel (Politologue), l’avocat a plaidé pour le droit à la différence d’idées, ce qui n’était pas jusqu’ici apparu comme une des particularités revendiquées par l’extrême-droite. En clair, oui il y a une ligne libérale au FN qui s’oppose à une ligne de gauche (une sorte de socialisme national). Et Collard de concéder qu’il faudrait, après un nécessaire débat, rechercher dans la perspective des Présidentielles de 2017, une synthèse de ces approches passablement opposées. Pour l’avoir suivi dans ses aventures d’homme de robe, on se demande si son inspiration ne remonte pas au temps où il défendait un certain Gilbert Bourdin, messie auto-proclamé qui régnait au Mandarom sur les hauteurs de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence). Le foldingue se disait un « avatar de synthèse ». Dieu l’a rappelé à lui (1998). Marine va-t-elle rappeler Collard à l’ordre.
Y-a un hic pour Frédéric et Loïc ?
Gaudin a le triomphe modeste et quasiment ému. D’autres ont des vagues à l’âme. Deux au moins ont carrément les boules. Loïc Gachon et Frédéric Vigouroux sont les dindons de la farce, qui s’est jouée à l’occasion de la réélection du sénateur-maire de Marseille à la présidence de la Métropole Marseille Provence Métropole. Des accords avaient été passés entre le puissant patron des Républicains et ce qui reste de Parti Socialiste dans les Bouches-du-Rhône. Et les maires de Vitrolles (Gachon) et Miramas (Vigouroux) devaient accéder chacun à un poste de vice-président. Des voix électroniques, et donc impénétrables, s’étant égarées pendant le vote à « clic » secret, les deux ont été priés d’aller voir si l’air de l’étang de Berre était moins vicié que celui du palais du Pharo. Gaudin, la main sur le cœur qu’il a grand, a joué l’étonnement le plus vif. D’autres, notamment des socialistes se sont esquivés sans demander leur reste ni se justifier sur leur vote. Le FN a engrangé des voix venues grossir son camp. Comme le dit le maire de Marseille, il faut en finir avec les tripatouillages. Pour l’heure ce sont les socialistes qui ont fini d’exister dans le 13. La métropole, la région, le département et les deux villes phares étant aux mains des Républicains.
Le chemin qui menait aux Roms
Roger Meï, maire communiste (presque) indéboulonnable de Gardanne, rappelle à tous qu’il y a deux sortes d’humanistes. Ceux qui versent une larme au Sidaction, en regardant les Enfoirés ou encore en suivant le Jour du seigneur et les autres, ceux qui joignent le geste à la parole. Comme Gardanne l’a fait pendant plus de trois ans, pour 80 familles de Roms qui ont pu se refaire une santé sur cette terre d’accueil, plus proche par son histoire de Zola que de Daudet (Léon). Ces pauvres gens chassés de leur pays la Roumanie, par une misère sans nom et un racisme immonde, ont pu, à Gardanne, retrouver des forces. Certains sont partis tenter à nouveau l’aventure ailleurs, d’autres se sont installés en France, en Lozère notamment où une classe d’école a pu être maintenue grâce à leur arrivée. Le puits Z qui les accueillaient va être désormais consacré à la résurrection des objets en souffrance avec la création d’une « ressourcerie ». M. Meï ne tire pas gloire de cet épisode, et il rappelle que La Maison où les personnes en fin de vie trouvent depuis des années refuge avait été, en son temps, aussi mal perçue que les Roms. La politique c’est aussi avoir ce courage.
Le banc du bonheur
Il y a dans chaque village provençal un banc des menteurs. On le sait, mais cela ne se dit pas. Ca gênerait ceux qui, chaque jour, y posent leurs fesses et refont le monde avec quelques licences que nous qualifierons amicalement de poétiques. Sur la Corniche Kennedy c’est un tout autre banc que nous propose Paola Cervoni, une artiste et une sainte femme qui a décidé de mettre un peu de couleurs aux joues bétonnées de la corniche. Des écoles, des associations, une maison de retraite, sont mobilisées et si, pour l’heure, l’essai n’est pas transformé les premiers mètres sont prometteurs. Il y a du Gaudí dans cette démarche artistique, et si nous arrivons à nous installer dans les traces du génial Barcelonais, Marseille n’en sera que plus belle. La mairie a donné son accord pour que le banc le plus long de France soit ainsi habillé d’une mosaïque lumineuse. A la manière du parc Güell de Barcelone. On va rebaptiser le maire : Jean-Claude Gaudí
Les quais martyrisés, mais les quais libérés
Pour ceux qui s’y attardent désormais, les quais débarrassés de leurs barrières ont fière allure. Et on ne répètera jamais assez comme il est agréable de déambuler au plus près des voiliers, barcasses et autre pitalugue, alors que le soleil couchant vient buter sur les façades blanches qui encadrent la Canebière. Si Marseille est télé ou ciné-génique c’est bien là. Tout y parle de partance, d’éloquence, de transe aussi lorsque le Mistral vient fouetter les haubans et délivrer de confuses paroles. Les commerçants ont à souffrir de ces travaux, nous glisse-t-on, à l’heure où l’eau claire brouille l’anis. Sans doute, mais gageons que les heures à venir seront fécondes pour tous. Si comme le font déjà quelques-uns, les professionnels sont à la hauteur des nouveaux habits du Vieux-Port, il y a fort à parier qu’il sera bientôt le must où il faut déambuler.
De la tendresse bordel
Les premiers spectateurs du film Marseille, conçu et joué par Kad Merad et Patrick Bosso, s’accordent à reconnaître que le duo leur a fait passer un bon moment avec la sortie vedette de cette mi-mars. On n’en doute pas et sans prendre à contrepied notre maître absolu Pierre Desproges, on peut affirmer que ce scénario permet de rire de presque tout, avec tout le monde. Le secret de la recette est simple : s’il y a parfois une brutalité qui surprend dans l’humour marseillais, comme l’incarnait Raimu sous la direction de Pagnol, il y a souvent derrière la rudesse des mots, le lait de la tendresse tel qu’a su le révéler Guédiguian, avec son désormais mythique Marius et Jeannette. Kad et Bosso ont retenu la leçon et la récitent dans un film sans prétention. Sinon celle de servir une ville qui fait écarquiller les yeux autant qu’elle les fait pouffer. Et on retiendra parmi quelques perles celle-là : « les Marseillais ne portent pas le casque, car ils veulent mourir bien coiffés ». Comme aurait pu y figurer, vue leur actualité, cette citation de Desproges à propos des footballeurs : « les hémorragies cérébrales sont moins fréquentes chez les footballeurs. Les cerveaux aussi ! »