Comprend pas tout…
C’est François Ruffin (député Insoumis de la Somme) qui l’affirme. Mélenchon a du mal à comprendre la province. Se faire élire député de la IVème circonscription de Marseille et ne pas piper mot du cru, lorsque vos électeurs s’adressent à vous, voilà un défi que beaucoup, à l’exception de Mégret et de Le Pen, n’ont jamais osé relever ici. L’observatoire citoyen de l’activité parlementaire (nosdéputés.fr) renseigne utilement sur le champ lexical de l’intéressé. Le particularisme linguistique marseillais y est totalement absent. Dommage au lieu de s’adresser aux « gens » notre tribun pourrait opter pour « garris » (petits rats) plus affectueux. Il serait du coup « à l’agachon » (le cabanon du chasseur) pour viser la mairie de Marseille. Il nous débarrasserait, c’est sûr, de tous les « arapèdes » (coquillages qui se collent au rocher) qui profitent du système marseillais. Et à moins qu’il fasse une « cagade » (lourde gaffe), il prendrait le pouvoir ici, au lieu de le revendiquer ailleurs. On se mêle de ce qui ne nous regarde pas, car il ne souhaite après tout que continuer à « emboucaner » (agresser verbalement) son monde à Paris et faire le « ronflant » (dur à cuire). Et ce n’est pas ce « marque mal » (mal habillé) de Ruffin, qui va lui donner des leçons. Il « s’esbignera » (partira) de la province quand il l’aura décidé, Méluche. Et tant pis si certains trouvent son implication à Marseille un peu moulégas (molle).
Entre les lignes
Les 279 employés des bibliothèques marseillaises ont le blues et le manifestent en faisant hebdomadairement grève. En cause la remise en question entre autres de leurs horaires, puisqu’ils sont à 1567 heures annuelles contre 1607 aux autres agents municipaux . Ils bénéficient d’un traitement particulier en raison notamment du fait qu’ils exercent dans des quartiers réputés peu sûrs et qu’ils doivent faire face à des populations sous-cultivées. Sous-jacente aussi, une guerre syndicalo-syndicale ; le directeur général des services municipaux, Jean-Claude Gondard, laisse entendre que la rivalité entre FO et les FSU-CGT étant pour beaucoup dans ce malaise. Un témoignage nous revient du coup à la mémoire. Il y a quelques années un cadre chargé de l’informatique dans une de ces bibliothèques, nous expliquait qu’il abandonnait son poste, découragé par la situation qu’il y avait trouvée. Cet ingénieur avait constaté avec inquiétude que les employés qu’on lui avait confiés, n’avaient aucune notion d’informatique. Il alerta le pouvoir central. On lui signifia qu’il n’avait qu’à se mêler de ce qui le regardait. Et donc pas du recrutement. Il en tira les conclusions, vendit son appartement et quitta la ville. Mais tout cela c’était avant. Ca va changer. Promis. Juré.
Ca sent le sapin
La présidente du conseil départemental a déposé un cadeau pétaradant au pied du sapin de Noël de Jean-Claude Gaudin. Dans un entretien accordé à La Provence ce samedi, elle dit sans précaution oratoire excessive tout le mal qu’elle pense de la gestion du centre-ville et de la métropole. Pour l’un et l’autre elle constate qu’il n’y a aucune vision et elle en veut pour preuve ce départ pour La Ciotat d’une entreprise chinoise installée jusque-là à Belsunce. Elle s’en prend également au Premier ministre, Edouard Philippe, venu les mains vides selon elle à Marseille et reçu pourtant avec beaucoup de prévenances par le maire, Jean-Claude Gaudin. Pour ce dernier elle doute de sa sincérité à vouloir passer le relais de la présidence de la Métropole en février prochain. On le voit, en ces temps de cadeaux, Mme Vassal n’épargne pas sa famille. De là à spéculer sur une future candidature au poste de maire, il y a un pas qu’il serait imprudent de franchir. Comme on ne le fera pas pour Yves Moraine maire du 6-8ème, très en colère après les services protocole du Premier ministre, et qui vient de recommencer une puissante campagne d’affichage. La trêve des confiseurs commence avec des marrons.
2030, la grande bleue toute bleu
C’est Renaud Muselier qui l’affirme dans les pages de publicité financées par le Conseil régional qu’il préside : il ne devra plus y avoir de sacs en plastique en Méditerranée à l’horizon 2030. Certes il n’est pas tenu compte du fameux courant Ligure qui, poussé par le vent d’Est, nous apporte régulièrement son lot de déchets d’Italie. Mais puisque la région s’appelle désormais Sud, on ne doute pas que Muselier voit large et même grand large. On se prend à rêver du coup à une ville de Marseille où le mistral ne charrierait plus son lot de sacs éventrés. Où les maigres arbres de la plaine de La Crau n’accrocheraient que quelques bouts de laine échappés de la toison des moutons. Où les rives de nos autoroutes ne livreraient aux regards que les lauriers et genets. Bon on ne va pas bouder cette volonté affichée. “Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie. » s’enthousiasmait Goethe. Marseille et le Sud gagnant la coupe d’Europe de l’écologie, génial non ?
Le collectif toujours
C’est toujours un bonheur d’entendre les interviewes sur Canal plus de Laurent Paganelli, dit « Paga » pour les supporters. Surtout lorsqu’il interpelle un joueur de l’OM. • Paga : tchu tché défoncais • Lopez : c’est le collectif • Paga : tchu a pris du plaisir car même • Lopez : voui mais le collectif comme il a dji le coach • Paga : vous les avez bougés, tchu trouves pas ? • Lopez : c’est le collectif surtout (Interview à peine imaginaire). Toujours est-il que le PS marseillais s’est inspiré de cette manière de jouer en équipe, puisqu’il vient d’inaugurer des « ateliers d’intelligence collective ». Sera-ce suffisant pour remonter en première division ? La question est posée. Pour l’heure devant un tel collectif ses adversaires peuvent ronronner tranquille.
Sévices compris
Il est ainsi des petits miracles de Noël sur les rives du Lacydon. Les habitués ont sans doute remarqué sur le quai du port, cette petite terrasse qui ne cesse d’ouvrir ou de fermer, au gré de sa gestion. Elle vient de reprendre du service. Ou sévices, c’est selon. On y facture le petit noir à 2,40 € ce qui place l’établissement très au-dessus de ses concurrents mitoyens. On a beau chercher, on a du mal à comprendre ce qui fait la différence, même si l’enseigne nous annonce une belle vue. Bon on se rassure en constatant que la note est rédigée à la main, ce qui nous rappelle un établissement célèbre du Panier, où le stylo virevoltant du patron faisait valser les chiffres avec une aisance parfois déroutante. Comme le dirait notre poissonnière préférée qui sévit encore sur le marbre du quai des Belges, « l’important c’est pas de voler, l’important c’est de ne pas se faire prendre ». Oui mais pour continuer dans l’adage approximatif, tel est pris une fois, se méfie la deuxième. Et voilà surtout comment un petit estaminet est condamné à ouvrir puis fermer, parce que ses petits ruisseaux d’expresso ne feront pas une grande rivière de liquide.