Migrants : Martigues, Istres et Boyer
Gaby Charroux, député-maire de Martigues et François Bernardini maire d’Istres, ont accueilli la nouvelle de l’arrivée sur leur territoire de migrants afghans et pakistanais avec l’humanisme qui sied à tout républicain qui se respecte. Une quarantaine d’hommes venus de la « jungle » de Calais vont tenter de se reconstruire socialement et moralement. Valérie Boyer député et maire de secteur de Marseille (11-12) est, elle, littéralement apeurée à l’idée que ses concitoyens puissent croiser 18 migrants. Ils seront hébergés le temps que leurs dossiers de demande d’asile soient étudiés dans un centre d’apprentissage de la Treille. Ce hameau que traversait naguère l’été, en route pour le Garlaban, le père Pagnol en apprenant à son fils Marcel la trilogie française : liberté, égalité, fraternité. Mme Boyer craint cette poignée de malheureux. Plus, en tout cas, que la poignée de main qu’elle a acceptée du dictateur syrien Bachar el-Assad, à qui l’on doit en partie l’errance de ces pauvres hommes. Le préfet Stéphane Bouillon a dû répondre devant quelques adhérents d’un CIQ aux questions oppressées de la parlementaire. Si l’on regarde de près ce questionnement – ADN, casiers, origine ethnique – il y a quelques électeurs de Mme Boyer qui vont réfléchir à deux fois avant de faire travailler au noir des femmes de ménage ou des jardiniers issus de l’immigration.
Même pas peur…
[pullquote]Eyraud reste zen en opposant à ces funestes réalités trois mots, « intégrité, transparence et éthique »[/pullquote] Le magazine So Foot propose dans son édition d’octobre un épais dossier consacré à l’OM et son attendue renaissance. On n’échappe pas dans ce travail exhaustif, aux clichés, avec les superlatifs qui caractérisent toujours les évocations du club marseillais. Jacques-Henri Eyraud, le président, choisi par le nouveau propriétaire, l’Américain Franck McCourt, fait le pari – il dirige aussi Paris Turf – que tout ira bien. Quand un des journalistes de So Foot lui rappelle que l’OM c’est aussi « cambriolages, car-jackings » (ndlr : visant les joueurs) ainsi que « rétro-commissions » (ndlr : visant ceux qui gravitent autour du club), il reste zen en opposant à ces funestes réalités trois mots, « intégrité, transparence et éthique ». Cet ancien de Sciences Po a aussi un bon niveau dans la pratique des arts martiaux. Et la dialectique peut parfois casser les briques. A voir.
Le syndrome de 1969 pour les socialistes
Les socialistes marseillais sont sans doute les premiers à craindre les élections présidentielles de 2017 et les législatives qui suivront. Divisés plus que jamais, en désaccord sur bien des points, de la sécurité à la métropole en passant par la laïcité, ils sont mieux placés que personne pour savoir combien coûte le déclin d’un empire. Ils se souviennent qu’en 1969, la gauche socialiste (la SFIO, alors) était représentée, à la présidentielle, par un certain Gaston Defferre, maire de Marseille soutenu pourtant par l’icône des intellos progressistes, Pierre Mendès-France. Defferre dépassa à peine les 5% (5,1 au premier tour) et la SFIO disparut deux années plus tard, au congrès fondateur du PS, à Epinay. Les dernières nouvelles venues de Matignon ou de l’Elysée laissent à penser que l’Histoire va bégayer. L’honneur au moins sera-t-il sauf dans le 13 ? Pas sûr.
Amis-amis mais pas bisounours
[pullquote]Jean-Claude Gaudin avait l’air plus que jamais d’une éminence vaticanesque en recevant Juppé[/pullquote], en safari dans les quartiers Nord de Marseille. Pour chagriner un peu plus Don Gaudino, Nicolas sarkozy qu’il soutient, avait eu, le même jour, la bonne idée de venir boxer ses adversaires à la primaire salle Vallier. Quant à Nathalie Kocsiusko Morizet elle était venue faire elle-aussi un petit tour au milieu des patrons marseillais, pour les éclairer de son savoir de polytechnicienne. Que du bonheur donc, pour notre sénateur-maire qui a expliqué, devant un Juppé qui ne semblait pas en croire un mot, qu’il était un « ami » presqu’autant qu’un autre « ami » qui avait eu, lui, le bon goût d’être président de la République. Il est vrai que Juppé, qui n’hésite pas à dire merde à ceux qui ne l’aiment pas, avait eu le manque de courtoisie de rappeler lors de cette journée des Curiaces et des Horaces que lorsqu’un Bordelais se plaignait de la saleté de la capitale girondine, il lui rétorquait qu’il aille voir à Marseille si c’était mieux. Il n’en fallait pas plus pour qu’un troisième ramène le bout de son museau pour mordre l’insolent. Renaud Muselier s’est donc fait un plaisir de rappeler qu’à Bordeaux le maire était plus vieux que celui de Marseille. Si tout ça ne fait pas un programme politique, c’est à désespérer.
Marine bâillonne Marion
C’est décidément une tradition familiale. Marine Le Pen a interdit que Marion Maréchal-Le Pen, sa nièce, aille à l’émission politique de France 2, le 10 novembre prochain. On se souvient, dans les années 80, des affiches du grand-père de Marion. L’homme du « détail » y apparaissait bâillonné pour dénoncer ce qu’il estimait être une censure des médias à son égard. Bon, en même temps on peut comprendre la présidente du FN. Un des arguments avancés par ses proches est que le programme de Marine Le Pen n’est pas près et que par conséquent sa nièce ne pourrait l’évoquer. Pour ceux qui ont besoin de sous-titre, elle attend surtout celui des autres pour connaître les interstices où elle pourra s’engouffrer, ces idées étant à géométrie variable sur l’Euro, l’islam ou encore les 35h. On peut aussi se dire que sous l’influence du gaulliste, chevènementiste et énarque Florian Philippot, Marine Le Pen n’a aucun intérêt à voir une Brutus en jupette venir pérorer pendant deux heures sur des thèmes qu’elle feint d’ignorer ou de proscrire : libéralisme, opposition au mariage gay, recours à des groupuscules violents. En attendant dans le Vaucluse, la famille Bompart prospère, d’autant que Maréchal dit plus souvent « me voilà » à Paris qu’à son département.
Une plume et une mémoire
Jean-René Laplayne (de son vrai nom Jean-Dominique Chiocca) s’est éteint dans son île, à l’âge de 93 ans. Le journaliste a gravi tous les échelons au Provençal, dirigea Corse-Matin avant d’animer, l’âge de la retraite largement passé, la rédaction d’un hebdomadaire en Corse. Ceux qui ont eu la chance d’œuvrer à ses côtés, savent qu’une des grandes qualités de cet homme infatigable, fut son enthousiasme au travail. Il avait une mémoire phénoménale et ne résistait jamais au plaisir de prendre la plume, pour trousser en quelques minutes un éditorial bien senti, mais jamais sentencieux. Il fut un fidèle de Gaston Defferre et partagea la passion du maire de Marseille pour son journal. C’était l’époque où il dépassait les 200 000 exemplaires vendus et où, au petit matin, il servait de bible au peuple marseillais et au-delà. M. Laplayne, on le sait moins fut aussi parolier pour Yves Montand ou Edith Piaf. Salut l’artiste et respect.
Le café mène à tout…
[pullquote] Lire au fond de nos tasses tout ce que la boisson chaude apporta à la littérature, la poésie, l’art, le journalisme et pourquoi pas la philosophie.[/pullquote] … à condition d’y entrer. C’est entre autre ce que nous suggère Jean-Michel Djian commissaire de l’expo Café In et animateur talentueux des propositions qui nous sont faites, pendant plusieurs semaines du Mucem (conférences, ateliers et expo) aux Docks des suds, en passant par quelques terrasses superbes de Marseille. La ville après tout peut revendiquer cette Université populaire du café, puisqu’elle fut celle qui en 1644 accueillit la première ce nectar qui devait envahir nos zincs et nos tables. Djian en dehors de cette friandise conviviale, nous propose de lire au fond de nos tasses tout ce que la boisson chaude apporta à la littérature, la poésie, l’art, le journalisme et pourquoi pas la philosophie. Un prof, qui anime tous les deuxièmes dimanches du mois à 10h une émission sur Radio Grenouille, est venu avec simplicité, sincérité et efficacité expliquer combien le café (le lieu) était important pour la circulation, la confrontation, l’éclairage des idées. Marc Rosmini, ce vendredi 28 octobre, n’a sans doute pas convaincu tout l’amphi Tillon du Mucem, mais comme le café, il a donné l’envie d’aller plonger la cuillère sous la surface du présent. Pour « rompre la continuité » et accepter la sagesse d’entendre l’autre et ne serait-ce que pour « restaurer l’estime de soi-même et désamorcer la haine ». Socrate n’aurait pas dit mieux. (Café in l’exposition jusqu’au 23 janvier 2017 au Mucem.)
Il était deux grands groupes…
Voilà deux grandes sociétés internationales qui ont pignon sur rue à Marseille et deux manières de traiter la clientèle. L’une, Qpark est la deuxième en Europe, sur son marché, les parkings. Elle a un quasi-monopole de ce type de stationnement payant et souterrain dans la ville. Beaucoup s’accordent sur ses tarifs prohibitifs. Le consommateur a raison lorsqu’il constate de plus qu’un certain nombre de prestations, dû au rang affiché par cette société sont défaillantes : sécurité, propreté, service. Ce week-end par exemple le parking Estienne d’Orves pour ne citer que lui, était d’une saleté repoussante, les escaliers crasseux le disputant à des ascenseurs souillés (lorsqu’ils ne sont pas en panne). Deuxième exemple sur la ville : le magasin H/M. Là encore une société florissante, qui prospère de time Square à Hong Kong en passant par la rue St Fé. Son magasin leader à Marseille s’est installé dans le somptueux immeuble d’une défunte banque d’Italie. Tout n’y est que calme, beauté, luxe et pour certains sans doute, volupté. Le personnel est empressé, La décoration subtile et respectueuse du patrimoine architectural. L’éclairage écologique puisque 78% des magasins H/M sont équipés d’une électricité renouvelable. Prime, sur ce gâteau commercial, les prix permettent à chacun et chacune de jouer les égéries de la mode. Conclusion on peut faire du profit et respecter les utilisateurs.