Notre Dame qui êtes au ciel
Pendant que des cantiques retentissaient dans toutes les églises de France pour implorer le ciel de sauver Notre Dame de Paris, quelques gilets jaunes y allaient du leur, à la façon Jacques Dutronc : « et moi, et moi et moi ! » Et de s’insurger contre cette émotion qui a, pendant des heures, submergé les Français et bien au-delà les amoureux de la France. La preuve par quatre qu’ils ne peuvent se proclamer « le peuple », dont ils ne sont finalement qu’une microscopique partie. Il faut s’attarder à Marseille près d’une autre dame, sur la colline de La Garde, pour mesurer les émotions qui s’y retrouvent, s’emmêlent, se confondent. Là-haut on vient prier Marie et Myriam. Sur ce belvédère, on regarde Marseille la blanche dans le silence et le vent. Sous les voûtes byzantines où se balancent des exvotos, on se souvient, la gorge serrée ou le cœur en pleurs. Il y a dans ce lieu un mélange infini d’émotion, de croyance, d’espérance. Quelque chose de pas très raisonnable et donc d’inexplicable. Sur l’île de la cité une cathédrale en flammes a arrêté le temps. Le reflet de l’incendie se lisait dans des milliers de regards tournés vers elle. Comme à Marseille. Où que vous soyez dans la ville votre regard se rassure, lorsqu’apparaît, intacte, la statue d’or qui protège la ville et parle pour elle.
Un référendum, pas l’arlésienne
Samia Ghali (PS), Michel Amiel (LREM) et Sophie Joissains (UDI) vont le même train de sénateur. Ou dit autrement, ils appellent de leurs vœux un référendum pour trancher, dans le cadre de la constitution de la Métropole, le cas du Pays d’Arles. Le passage d’Edouard Philippe à Marseille a eu le grand mérite d’accélérer les choses. Le Premier ministre a laissé entendre que le temps était compté, et que le département, comme la deuxième ville de France, ne pouvaient pas prendre le risque de laisser passer le train de l’Histoire. Sans être oiseau de mauvais augure, on peut imaginer que certains élus n’ont pourtant qu’une obsession, franchir d’abord l’écueil des municipales. Certains pourront continuer ainsi à dire tout le mal qu’ils pensent du projet métropolitain. D’autres y voient une manière de retarder le moment, où il faudra en finir avec le millefeuille territorial, les doublons, les triplons : car toutes les voix comptent et celles des employés municipaux sont souvent primordiales. Et il y a ceux enfin qui sont convaincus que leur pas de porte, est suffisamment enraciné pour perdurer. Pourtant le temps presse pour la mobilité, l’emploi, l’éducation, la culture, la santé… A trop attendre, les urnes du référendum risquent d’être funéraires.
Dieu reconnaitra les siens
Martine Vassal présidente du conseil départemental et de la Métropole a demandé à quelques créatifs avisés, chefs d’entreprise, universitaires, associatifs, de plancher sur l’avenir de l’aire marseillaise. Pour autant, promis juré, il n’est pas question ici des élections municipales, mais plutôt de mobiliser les énergies. La ruse est patente, mais la méthode salutaire. Si Mme Vassal n’avait pas le cœur farouchement ancré chez les Républicains, on oserait même avancer qu’il y a là comme un petit air de « nouveau monde ». Pourtant la recette est ancienne, et il y a de l’habileté dans cette volonté de mettre en exergue ceux qui font avancer Marseille, plutôt que ceux qui en parlent, les fesses vissées à leurs privilèges. Yves Moraine, le maire des 6/8, qui s’était laissé aller à penser il y a quelques mois qu’il pouvait briguer le fauteuil du maire, rappelle cependant quelques règles. Pour lui il y a trois candidats possibles chez Les Républicains. Bruno Gilles, Martine Vassal et Renaud Muselier. Pour faire bonne mesure, il ajoute qu’ils pourront compter sur la présence dans ce combat à venir de deux fringants députés Valérie Boyer et Guy Teissier. Dans le monde des bisounours, on a vu plus réalistes. Certes, on ne se dirige pas vers une St-Barthélémy, mais il y a fort à parier que, passées les Européennes, la mitraille va reprendre dans ce camp-là. Rappelons ce que disait ce bon Voltaire « Mon dieu gardez-moi de mes amis. Mes ennemis je m’en charge ». Et ils seront autant, après avoir été crucifiés par leur famille, à regarder le ciel ou la bonne mère avec cette question : « pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
C’est loin la sortie
Il s’est dit « brisé » par le drame de la rue d’Aubagne. Mais il a dit aussi que les hôteliers voyaient d’un mauvais œil perdurer la situation, à cause de laquelle les naufragés de l’habitat indigne marseillais, sont hébergés dans des chambres d’hôtel. C’est que la saison touristique a expliqué le maire de Marseille a des raisons incompatibles avec la compassion. En clair que les hébergés plient rapidement bagages. On s’est dit que Jean-Claude Gaudin traversait une mauvaise passe et qu’il s’emmêlait un peu les pinceaux. C’était sans compter sur ses ressources. La Provence surenchérit avec une de ses dernières sorties. Elle fait suite à la volonté exprimée par le ministre de l’Education nationale d’offrir un petit déjeuner gratuit dans les écoles et de passer dès septembre prochain à une cantine à 1€ par enfant. Jean-Michel Blanquer s’appuie pour lancer cette réforme sur les chiffres du centre de recherche pour l’étude et l’observations des conditions de vie (Credoc) qui a révélé que 25% des 3-11 ans prenaient des petits déjeuners de manière irrégulière. Les milieux les plus défavorisées sont les plus touchés. Le maire de Marseille balaye tout cela d’une rodomontade. « Ce sera pour tous les enfants ou rien » et d’ajouter que cela va poser, outre le coût, de sérieux problèmes d’organisation des employés dévolus à la restauration dans les écoles. Maurice Thorez adjurait ses militants en ces termes : « il faut savoir finir une grève ». Mais comment on peut finir un mandat ?
Une histoire qui finit mal ?
Jean-Marie Le Pen ne représentera plus le Sud-Est et Marseille à Bruxelles et à Strasbourg. Il a fait ses adieux devant un hémicycle quasi vide au parlement européen. A l’exception des quelques mois passés sous la Ve République, sous les ors du Palais Bourbon, Le Pen aura fait de l’institution européenne sa vache à lait, mais n’a jamais cessé de dire tout le mal qu’il pensait d’elle. L’héritier des ciments Lambert aura profité, sans vergogne, de cette martingale béton, pour faire la propagande de son nationalisme, répandre son obsession de l’immigration, distiller sa haine ordinaire et ses calembours douteux. Seul un Marseillais aura finalement réussi à le mettre un instant KO. Me Gilbert Collard en organisant avec le magazine Play Boy dans son numéro 23 (1986) un reportage photo obscène, montrant, fort dénudée, l’épouse de Le Pen déguisée en soubrette. L’avocat confiait alors qu’il avait eu cette brillante idée parce que, chassant son épouse de sa propriété de Montretout sans la moindre ressource, Le Pen lui avait conseillé de faire des ménages. Mais tout ça c’était hier et le plaideur est désormais député du groupe de la formation politique créée par Le Pen. On se souviendra cependant que Marseille aura donné parmi les meilleurs scores de France au FN. Et que les héritiers de Le Pen, certes moins argentés que lui, ont prospéré depuis.
L’exemple vient d’en bas
Emeline Lallemand et Guillaume Bacqueville ne laissent pas de glace le monde des start-up. Parce qu’ils sont « un peu givrés » ils ont décidé d’innover dans un monde qui vivait sur une rente de situation. Il est vrai que vendre des glaces dans une des villes les plus ensoleillée de France n’était pas une épreuve démesurée. Qu’importe en revenant de New York, la ville de tous les possibles, les deux trentenaires ont décidé de surprendre. Avec un atelier laboratoire sur le quai Rive Neuve et un café boulevard Vauban ils ont révolutionné l’univers du bâton glacé. Les bobos et leurs familles nombreuses ont dit « oui » aux deux audacieux qui envisagent désormais d’ouvrir 25 boutiques dans l’Hexagone. Emki Pop avec ses glaces sans colorant, sans conservateur, et ses 75% de purée de fruits, a de fortes chances de réussir et pourquoi pas, cette nouvelle étape franchie, de conquérir cette Amérique et ses glaces pour obèses. Quel pastis.