C’est un exercice qu’il affectionne particulièrement. Le maire PCF de Martigues, Gaby Charroux, s’est livré, mardi 17 avril, devant les journalistes régionaux et en public au cours d’une émission réalisée à la Maison du tourisme, à Martigues. A l’occasion de cette rencontre, trois grandes thématiques ont été abordées. Le budget 2018, les grands projets pour la période 2018-2020 et bien sûr l’évolution de la Métropole Aix-Marseille Provence. Un dernier sujet sur lequel le maire se veut « passionné ». Comme il ne cesse de le dire, « c’est une Métropole qui ne fonctionne pas (…) c’est une mauvaise loi, une mauvaise mission de préfiguration, c’est un échec total. La dette colossale de 2,5 milliards n’a pas été prise en compte… et ne fait qu’augmenter, quand des villes de la taille de Martigues font des efforts pour réduire leurs dettes » martèle-t-il. Le ton est donné. Puis de s’en prendre à la gouvernance en place depuis deux ans. « Les élus ne comptent pas dans cette Métropole, d’où il soit, d’ici ou là.»
Lui qui s’est opposé à la création de cette institution dès son origine, n’a pas changé sa position d’un iota. Il estime d’ailleurs « pas terrible la « foulitude » de maires qui ont changé d’idées comme de chemise », en cours de route. « J’ai du respect pour ceux qui restent fidèles à leurs idées de départ.»
Un millefeuille administratif « multiplié »
Gaby Charroux reste dans un état d’esprit constructif malgré sa vision très critique. Il croit en l’idée d’une grande métropole, mais pas telle qu’elle se construit actuellement. « On refuse de définir une trajectoire métropolitaine des finances de la Métropole. Ce n’est pas que nous n’en sommes pas capables, mais c’est que la gouvernance ne le veut pas ! Définir un projet métropolitain sérieux ? On ne veut pas mener ce combat et enfin définir ce qu’est l’intérêt métropolitain ! » De ce point de vue, l’épisode des piscines et des stades, est pour lui une « parfaite illustration » de ce qu’il avance. « Nous ne voulions rien transférer. La piscine de Martigues n’a rien d’intérêt métropolitain » et de tacler : « Marseille a cru voir là une aubaine terrible de faire entretenir ses piscines. Ce n’est pas tolérable de vouloir se mêler de chose qui ne sont pas de la compétence de la Métropole ». Et justement, les transferts de compétences au 1er janvier 2018 (voirie, eau, assainissement…), restent pour lui synonyme d’incohérence. « Une fois transférée, la Métropole n‘avait pas les moyens de gérer cette compétence et nous a demandé de la gérer avec nos moyens, en nous disant « on vous remboursera les frais que vous avez engagé pour gérer cette compétence à notre place. Mais je rêve ! On a voulu alléger le fameux millefeuille administratif, on le multiplie aujourd’hui. »
Alors, l’interview de Jean-Claudin dans La Provence (mardi 10 avril 2018) dans laquelle il estime avoir été « trop généreux avec les maires », est « à mourir de rire », pour le maire de Martigues, qui interroge: « Qui manque de sérieux ? Les communes ou la gouvernance de la Métropole ? »
« La Métropole va droit dans le mur »
Si l’échelle métropolitaine apparaît pertinente pour résoudre certaines problématiques territoriales, la Métropole ayant été créée justement au nom de certains retards, notamment dans le domaine des transports et du développement économique, Gaby Charroux dégaine encore. « Les coopérations intercommunales sont indispensables, mais ce n’est pas à la bonne échelle. » Lui souhaite une réflexion sur le périmètre géographique, le périmètre des compétences… Dans ce domaine, il est clair : les compétences que doit assurer la Métropole doivent être celles des transports, du développement économique, de l’environnement, de l’aménagement, de l’enseignement, de la recherche, le reste aux conseils de territoire.
En l’état, la Métropole « va droit dans le mur.» Son salut ainsi que celui des communes pourrait donc venir de la fusion avec le Département, pour laquelle il n’est pas opposé, mais sous condition. Il appelle à une discussion constructive sur ce sujet. « Il faut demain mettre autour de la table toutes les parties prenantes et discuter de ce que serait une Métropole qui aurait le périmètre géographique du département, demander son avis au pays d’Arles. Si on donne aux six territoires, sept avec Arles, l’autorité morale et financière, les problèmes pourraient être réglés si on le veut, mais il y a des appétits de successions à M.Gaudin, à la Métropole, au Département et tutti quanti, et ça devient compliqué. »
« J’ai bon espoir que la raison va l’emporter »
Le maire PCF milite pour trois niveaux de collectivités : la commune pour permettre aux maires de garder les compétences de proximité, le territoire, représenté par les conseils de territoire et la nouvelle institution « Métropole-Département ». Une solution qui, selon lui, réglerait également la question de la représentativité, à l’heure où semble se dessiner une Métropole sans les maires avec une élection au suffrage universelle. « Moi, j’ai bon espoir que la raison va l’emporter. Nous pourrions garder les 54 conseillers départementaux, car ils deviendraient élus de la Métropole et on peut avoir une représentativité complémentaire pour avoir des villes…, mais peut-être ne seront-elles pas toutes représentées, mais tout ceci est à discuter. »
L’opportunité de « recréer » des conditions plus saines et plus équitables, mais aussi faire émerger « une Métropole des solidarités », dans le cadre d’une fusion, réjouit l’ancien député. « Les portes s’ouvrent pour emprunter un autre chemin pour la Métropole, sinon cela voudrait dire que ces personnes parlent dans le vide et qu’elles ne sont pas fiables. Or je veux croire, que les ministres, les députés… ne parlent pas pour ne rien dire », indique-t-il restant « lucide » toutefois sur l’aide financière que l’Etat pourra apporter à l’institution. Gaby Charroux espère que la Métropole empruntera cette « autre chemin », dont il parle d’ailleurs dans son ouvrage « Métropole, un autre chemin » (publié en 2015), dans lequel « les analyses du fonctionnement de la Métropole sont inscrites, il ne fallait pas être devin, mais surtout les propositions qu’il contient sont toujours valables. »
Lien utile :
Retrouvez l’intégralité de l’émission sur le site www.cestcapitale.com