Jamais ? Peut-être !
Le procès avait été dépaysé, pour garantir la sérénité des débats. Pour autant, Maryse Joissains ne l’était pas à Montpellier, où elle avait retrouvé sa fougue de plaideur. En l’occurrence de sa propre cause, puisqu’elle avait à se défendre du délit de favoritisme. La justice lui reproche l’embauche d’une collaboratrice militante de la cause animale et la promotion pharaonique de son chauffeur. Midi Libre rapporte que la maire d’Aix-en-Provence ironisait sur ces griefs, en arguant que s’il elle était visée pour ce qu’elle considère comme des choix légitimes, « 98% des élus devraient l’être » pour des faits semblables. Quoiqu’il en soit elle saura le 18 juillet prochain, si elle écope de 9 mois de prison ferme pour les faits qui lui sont reprochés et d’une peine lourde d’inéligibilité. Du coup, à Aix, ses opposants trépignent à l’idée de mettre ainsi fin à la saga Joissains, commencée en 1979 avec l’élection d’Alain, l’époux de Maryse. Feuilleton aux épisodes violents ou tragiques puisqu’Alain Joissains dut démissionner en 1983, soupçonné d’avoir profité des largesses d’entreprises oeuvrant pour la commune. Son beau-père, le père de Maryse, ne survécut pas à l’opprobre et se suicida. Maryse Joissains eut sa revanche en 2001, en faisant chuter ceux qui avaient participé à l’halali, au premier rang desquels les socialistes. Les Aixois s’en amusaient presque et murmuraient sur le cours Mirabeau qu’ils en avaient pris pour vingt ans (Soit jusqu’aux municipales de 2020). Y aura-t-il une saison 3, avec Sophie la fille de Maryse, aujourd’hui sénatrice. A Aix comme ailleurs, on sait qu’il ne faut jamais dire jamais.
Des larmes de Boli à celles de Payet
Laissons les spécialistes de la spécialité refaire le match. Mardi, ils niaient que l’Ibère serait rude. Mercredi, ils avaient prévu le coup de froid. Jeudi, ils juraient que la tempête était prévisible. Et de fustiger la relance imprudente de Mandanda, et de douter du niveau international de Thauvin et de soupçonner Payet d’avoir fait le match de trop, pour viser l’équipe de France. Une grande majorité des Marseillais a heureusement corrigé le tir. L’OM a perdu parce qu’un sacré lutin, Griezmann, est allé droit au but, avec une conduite de balle parfaite et un touché dans le dernier geste irréprochable. C’est carré comme le ballon est rond. Il nous reste l’émotion, qui était pleine comme naguère avec les larmes de Basile Boli. C’était lors d’une finale perdue, puis il y eut son rire communicatif après son fameux coup de tête victorieux de Münich. Et quand la ville s’enflamme ainsi, c’est toute la France qui prend l’accent marseillais. Dimitri Payet peut essuyer ses larmes il a réussi avec ses copains l’essentiel : 6,7 millions de téléspectateurs ont pu une fois de plus vérifier que Marseille était la capitale du foot.
Loin des yeux, loin du cœur
Avec une méthodologie qui a déjà fait ses preuves, Marion Maréchal prépare son retour en politique. Beaucoup sont convaincus qu’elle remettra le cap au Sud et de plus en plus nombreux sont ceux qui songent à Marseille. Pour de multiples raisons. A Nice, Eric Ciotti occupe largement la place qu’elle convoite : leader d’une droite dure. Dans le Vaucluse qu’elle a abandonné, il n’y a pas l’échelle nationale qu’elle revendique. Reste donc Marseille. Tous les thèmes qu’elle porte désormais s’y retrouvent, à commencer par l’immigration et l’Islam, contre lesquels elle se veut la nouvelle Jeanne d’Arc. Le parachutage est préparé par des groupes d’extrême droite très actifs et la présence de Mélenchon fait de la ville une estrade parfaite, du haut de laquelle sa voix aussi portera. Les Européennes de 2019 seront une date clé, pour celle qui estime que le temps est venu pour un jusqu’auboutisme décomplexé. Elle vient de se débarrasser sans états d’âme du patronyme qui si longtemps l’a servi, Le Pen. Une façon de faire oublier les dérapages de son grand-père et les ratés de sa tante. La fille biologique du journaliste et ex-otage Roger Auques, se contentera d’afficher le nom de son beau-père Samuel Maréchal. Les histoires d’amour finissent mal… en général.
Hulot en eaux claires
Nicolas Hulot ministre de l’écologie est venue défendre à Marseille la politique environnementale du gouvernement. En fait, il a surtout plaidé pour les idées qui lui sont chères et pour lesquelles il n’attend pas l’adoubement présidentiel. Au plus près des calanques, il a caressé du regard cette Méditerranée qu’il sait menacée, sans pour autant s’épancher sur les rejets des grandes villes et des usines si proches. En 2020 Marseille accueillera le Congrès mondial de la Nature. C’est presqu’un paradoxe pour une cité qui n’en finit pas de faire de la place au béton, et qui voit ses espaces verts fondre comme neige au soleil. Nos édiles devraient profiter de ce coup de projecteur international, pour faire la démonstration qu’il y a malgré tout ici et là un esprit de résistance pour sauver les espèces qu’Hulot a répété en péril. Pourquoi ne pas demander aux Marseillais de nourrir un inventaire de la flore et la faune qui peut encore être sauvées ici et là. Après tout il n’y a pas que les chasseurs et les pécheurs qui défendent ce patrimoine.
Le galop et le trot
On le sait depuis au moins un an. La manière de gouverner d’Emmanuel Macron réside d’abord à prendre ses adversaires de vitesse. Certes à la SNCF, à l’Université et à Air-France, les syndicats et une partie des mouvements de gauche s’escriment, depuis plusieurs semaines, à ralentir cette course, voire à faire dérailler la machine gouvernementale. Les jours qui viennent seront là pour nous dire si le TGV présidentiel les a laissés sur place… ou dans la rue. La Métropole que la majorité de ses élus sont en train de construire n’échappe pas à ce souffle dévastateur ou novateur. Jean-Claude Gaudin a reconnu que Macron avait pris ses opposants de vitesse. Concernant cette nouvelle institution, il le fait d’autant plus volontiers qu’il sait pertinemment que la droite républicaine ultra-majoritaire dans la région marseillaise n’a aucun intérêt à la sédimentation des petits intérêts locaux. Le président de la Métropole peut exprimer des regrets, mais il n’a pas les moyens de stopper la machine sous peine de voir s’installer, comme à Aix, quelques villages gaulois. Il aurait rêvé, culture politique oblige, un train de sénateur, mais pour continuer à piloter la métropole il doit lui aussi foncer à toute vapeur.
Entre ville et calanques, la zone…
La route qui permet de rallier le campus de Luminy est quasiment achevée. C’est une bonne chose pour les bus qui peuvent circuler sur des voies réservées et pour tous les sportifs qui vont ainsi accéder aux calanques et particulièrement à la merveille, Sugiton, dans un confort de bon aloi. Mais au bout du chemin, là où l’on est prié de garer sa voiture, il vaut mieux éviter de trop regarder le campus universitaire qui ressemble plus à un quartier dévasté qu’à un lieu d’études. L’université d’Aix-Marseille a commencé un plan de rénovation qui devrait masquer les dégradations perpétrées au fil des années. Comment pourrait-il en être autrement ? Sur un de ses sites en ligne les communicants de l’université nous parlent d’un « site exceptionnel où il fait bon vivre et travailler ». On veut bien le croire, mais à lire les messages de quelques enragés de la bombe acrylique, l’ennui et la frustration semblent régner entre les pins et si près du paradis des calanques. Il faudra encore du temps, pour faire de cet espace un lieu de vie.