C’est cons-ti-tu-tion-nel
Jamais ce mot au moment où l’on réforme l’orthographe pour simplifier – dit-on – la langue, n’avait été autant utilisé dans notre belle région. Et il a du mal à être dégluti par quelques-uns, notamment du côté du Pays d’Aix. La représentativité des communes au sein de la toute nouvelle métropole a donc été jugée recevable par le Conseil Constitutionnel, au grand dam de Maryse Joissains, maire d’Aix, et de ses alliés de droite et de gauche. Ces derniers contestaient le nombre d’élus métropolitains octroyés à Marseille par rapport notamment aux petites communes. Un malheur n’arrivant jamais seul, le Préfet va accélérer l’application de la loi SRU, qui oblige les communes à faire une place d’au moins 20% aux logements sociaux. Le Pays d’Aix est désigné comme un des mauvais élèves. Pour que le débat prenne un peu de hauteur, il est temps que les élus de la Métropole Aix Marseille Provence prennent enfin conscience que seule la solidarité peut permettre de faire avancer ce périmètre qui est encore à la traîne. Une posture à l’Helvète – que le monde périsse pourvu que la Suisse prospère – est difficilement tenable, alors que l’urgence commande le mouvement.
Loin de la gouvernance
Certains ne l’ont peut-être pas encore intégré, mais la gauche a subi un recul historique et sans doute irréversible dans la Région. Dans le Var le PS a de plus en plus de mal à reconstruire ne serait-ce qu’une section. Dans le Vaucluse il n’arrive plus à faire front, contre le FN. Dans les Bouches-du-Rhône, rue Montgrand, siège de la fédération, le militant est devenu une espère rare. Lorsqu’on apprend qu’une députée des Hautes-Alpes, Karine Berger a fait la fine bouche, alors qu’Hollande lui proposait un ministère (qui lui est passé finalement sous le nez), et que l’on sait qu’une partie des parlementaires provençaux est menacée par la justice, on peut en conclure qu’il est très loin le temps où la voix de la Provence comptait encore à Paris.
Carton rouge
[pullquote]Marion Le Pen : Elle devrait s’appliquer la discipline à elle-même, notamment en matière de bon goût[/pullquote]Il n’est pas une semaine où Mme Marion Maréchal Le Pen ne rappelle sur les radios ou à la télé, en passant par ses réseaux sociaux, que les immigrés doivent respecter nos us et coutumes, voire s’y soumettre. Elle devrait s’appliquer la discipline à elle-même, notamment en matière de bon goût. Ne l’a-t-on pas vu cette semaine dans l’hémicycle, pendant les questions d’actualité, se refaire la bouche avec son rouge à lèvres alors qu’un ministre se penchait lui sur l’avenir de la France. Visiblement pour la jeune femme, il y avait une autre urgence que le sort des paysans ou la menace sur les 35 heures. Il n’y a pas que les usages dans la tradition française il y a aussi le respect qu’exige toute représentation publique.
Hélène fille d’eau
Ce serait presque, serait-on tenté d’écrire, un retour aux sources. Hélène Grimaud la virtuose a fait ses premières gammes à Aix, sa cité, ville d’eau depuis deux millénaires. La pianiste nous donne à déguster un magnifique album sur le thème de l’eau. Une métaphore liquide qui s’écoute comme un torrent où une brise bruisse sur un lac. Un certain nombre de morceaux ont été enregistrés à New York en public au cœur de cette Amérique où l’artiste a vécu un temps, au milieu des loups. Ces yeux intensément bleus se sont posés sur des partitions classiques et des créations plus modernes. On y retrouve bien évidemment « La Cathédrale engloutie » de Debussy. Il faut d’urgence s’offrir ce CD qui coule de source (Water chez Decca).
Dépense monstrueuse
Dans un gros dossier sur nos gaspillages le mensuel Capital livre quelques chiffres parlant. La ville de Reims dépense ainsi 300 000 euros par an pour récupérer dans ses rues les objets encombrants que les habitants abandonnent sans se préoccuper outre mesure du coût de leur collecte. Reims compte 180 000 habitants. Une péréquation simple impose donc que Marseille (825 000 habitants) dépasse largement le million, pour la même opération. On peut du reste parier que les « monstres » sont plus présents dans le sud où la salubrité n’est pas une valeur unanimement partagée, que dans le nord de la France. On se dit là encore qu’un peu d’éducation au vivre ensemble pourrait utilement changer la donne.
De l’air dans la tête
[pullquote]On se dit là encore qu’un peu d’éducation au vivre ensemble pourrait utilement changer la donne.[/pullquote] L’affaire Serge Aurier ce joueur d’origine ivoirienne qui a disjoncté sur un réseau social (Périscope), en insultant ses coach et partenaires, rappelle opportunément combien les footballeurs sont des proies faciles pour tous ceux, imbéciles de seconde classe ou journalistes mal intentionnés, qui rêvent de les faire choir. Au milieu des années 90, l’école de journalisme de Marseille avait offert à des sportifs de haut niveau la possibilité de suivre un diplôme universitaire en communication pour, justement, les aider à sortir du ghetto acculturé dans lequel la pratique de leur sport les avait enfermés. Il y avait lors d’une première session les handballeurs qui avaient brillé aux JO de Barcelone et un certain Basile Boli (en photo ici avec Laurent Fabius au Mucem en 2015) qui avait démontré à Münich qu’il avait une tête. Un gardien de but, Arnaud Sabonnadière, nous avait alors confié que le fait de poursuivre des études était mal vu, comme il avait pu le constater à ses dépens au centre de formation de Nantes. On sait par ailleurs que les fédérations sportives ont les moyens de financer ces formations. D’Aurier aux lauriers, un sacré match.