Le chaud et le froid
« Mon Dieu, gardez moi de mes amis. Quant à mes ennemis je m’en charge ». On ne sait si Jean-Luc Mélenchon a tourné son regard ce samedi vers la Bonne-Mère, mais il avait toutes les raisons de le faire. Invité de France Info, un des députés de la France Insoumise, Bastien Lachaud, n’a pas facilité la tâche de son « leader Massimo ». En tout cas à Marseille. Tout à trac, l’élu de la Seine Saint Denis a affirmé que Mélenchon n’aimait pas le foot, mais seulement les supporters. Ce fameux « peuple de l’OM » que tous les politiques jurent comprendre et soutenir. Pas bon ça, pour quelqu’un qui veut faire de la capitale du sud un tremplin pour prendre d’assaut Paris. Pire, Lachaud a glacé un peu plus l’ambiance, en affirmant que la France Insoumise était opposée aux Jeux Olympiques que Paris et Marseille, pour les compétitions nautiques, vont organiser en 2024. Il va falloir que son capitaine l’explique en 2020 pour les municipales. Les Marseillais qui comptent obtenir un job sur la base du Roucas Blanc où se dérouleront les épreuves nautiques, seront-ils montrés du doigt dans leur propre ville par l’ultra gauche ? Suspense insoutenable. Lachaud a refroidi les espérances.
De la gouvernance
Salle comble à La Boate, pour « Marseille et moi. L’association citoyenne a organisé un débat autour d’un thème éminemment d’actualité « Marseille est-elle encore gouvernée ? » Pour répondre à la question le duo Michel Péraldi et Michel Samson, qui, quinze ans après une premier ouvrage, revisite ce thème dans une prochaine publication. Une idée force est apparue au cours du débat : la barre du navire marseillais ne serait plus aux mains des élus, mais dans celles des grandes entreprises, de l’établissement Euroméditerranée, de l’Etat. Une sorte de tutelle qui ne dit pas son nom, mais maintiendrait la tête hors de l’eau de cette capitale méditerranéenne. Elle condamnerait dans le même temps, à l’obsolescence, la gouvernance héritée du Defferrisme et de ses héritiers de gauche ou de droite. A bout de souffle donc, les méthodes qui ont fait jusqu’ici le lit des élites politiques, à commencer par le clientélisme. La thèse est à la fois séduisante et inquiétante. Elle induit que la machine entrepreneuriale, soutenue par l’Etat, balaie par sa puissance les corps intermédiaires qui ont tenu longtemps le haut du pavé dans la ville : les associations, les syndicats, les comités d’intérêt de quartier. Le débat ne fait que s’ouvrir, à deux ans des municipales…
Du bon usage du lexique
Une dépêche nous alerte qu’un règlement de compte de plus, a eu lieu à quelques centaines de mètres de la mairie. Un article paru dans la presse locale nous précise que c’était à « quelques encablures » de l’hôtel de ville. Perplexité de notre part, après avoir repéré les lieux. Il aurait fallu écrire pour être exact « quelques dizaines de mètres », la victime ayant été fauchée de plusieurs rafales de Kalachnikov à un peu plus de cent mètres du petit palais municipal. Au passage, rappelons que le mot « encablure » est un terme quelque peu désuet qui induit une distance unitaire d’à peu près deux cents mètres. Mais revenons aux faits. Un homme a donc été abattu, quasiment sur le Vieux-Port au pied du quartier du Panier qui en a vu d’autres dans son histoire. Est-ce à dire que la gangrène a gagné le centre-ville et qu’il faut s’attendre à une contamination de l’insécurité ? Si l’on se réfère à quelques villes semblables à Marseille – Naples, Barcelone, Athènes – nous sommes encore loin du compte… pour les règlements de compte.
L’OM joue l’attaque
Jacques-Henri Eyraud président de l’Olympique de Marseille a affirmé au micro de Jean-Jacques Bourdin (RMC-BFM) que « plusieurs options étaient sur la table pour faire de l’OM l’opérateur de l’Orange vélodrome ». Le club mythique affirme ainsi sa volonté d’imiter son homologue et adversaire lyonnais, pour devenir l’unique exploitant de cette infrastructure dont il est, il est vrai, le principal animateur. Eyraud de menacer même, en jurant que son club n’attendra pas 2020, pour une réponse de la municipalité. Il envisage de construire son propre stade à la manière du Lyonnais, Jean-Michel Aulas. Encore un souci majeur pour la fin du dernier mandat de Jean-Claude Gaudin. Ses opposants ont depuis longtemps crié haut et fort que le partenariat Public Privé qui a permis de faire du vélodrome le stade exceptionnel qu’il est aujourd’hui, était une calamité pour les Marseillais qui ont désormais à le financer à travers l’impôt. Eyraud le sait et à l’image de sa stratégie sportive, il a la conviction que l’attaque est toujours dans l’ADN de l’OM. La municipalité est du coup en défense, avec interdiction de botter en touche, sous peine de voir les équipes qui disputent le championnat municipal, accéder à la plus haute marche du podium. Defferre disait que le maire de Marseille était aussi le maire de l’OM. Avec sa gloire et ses épreuves.
Ils formulent leur opposition
La Formule 1 sur le vieux port du 22 au 24 juin ne fait pas le bonheur de tous. Quelques voix s’élèvent contre cette démonstration pétaradante. Un sport de riches, disent les opposants, coûteux et polluant. L’affirmation est aussi rapide que les bolides qu’elle vise. On attend 100 000 personnes sur le Vieux-Port, où les machines feront une démonstration avant de rejoindre le Castellet pour le Grand prix. Ainsi vont les polémiques depuis que les réseaux sociaux leur ont donné un coup d’accélérateur. Il n’est pas sûr que ce coup de frein à l’enthousiasme général, ait quelque effet que ce soit. Il y a même de fortes chances que dans la ville qui a participé à l’avènement de la série des « Taxis », on aura une belle unanimité pour applaudir les as du volant. Il faut s’y résoudre le Tour de France, la Formule 1 et l’armée française restent des valeurs sûres lorsqu’ils défilent.
Les autres, c’est pire
Une consoeur, quelque peu téméraire, publie sur sa page Facebook une anecdote que lui avait contée son voisin de boulanger. Et d’expliquer qu’une employée de ce commerçant l’avait laissé dans le pétrin. En cause, les heures payées qu’elle ne souhaitait pas, toutes, déclarer, car cela allait lui interdire de toucher – en même temps – le chômage. Et d’expliquer encore que le professionnel de la miche et de la flute avait été confronté à deux cas, semblables ou presque, suite à cette mésaventure. Notre internaute a été, du coup, fustigée, pour avoir eu l’audace d’insinuer, en relatant les faits, que l’on pouvait être un fraudeur, même en étant modeste au plan social. Les commentaires souvent anonymes furent à la hauteur de l’audace de la cliente du boulanger. En résumé, les riches font pire, c’est la faute à Macron et on ne dit rien… Cela nous rappelle une anecdote semblable. Un commerçant nous expliquait il y a quelques années, comment il pointait à l’ANPE de Marseille pour son fils, qui avait obtenu un job dans la restauration de luxe à l’étranger. Pour se justifier le brave homme nous avait sorti un argument de choc : « les Arabes le font, alors je vois pas pourquoi nous, on ne le ferait pas ! » Une des facettes multiples du populisme.