Cela fait presque trois mois que le centre commercial du Prado a ouvert ses portes. Le public est-il au rendez-vous ?
Guillaume Lapp : Très honnêtement, j’avais un peu peur du démarrage car nous avions encore beaucoup de magasins qui n’avaient pas ouvert leurs portes. Mais finalement, le centre a su attisé la curiosité des Marseillais. On a reçu beaucoup de visiteurs dès le premier mois et ça monte en puissance. Le Prado est quasiment le seul centre commercial des quartiers Sud de Marseille. Les habitants l’attendaient avec impatience. Auparavant, ils allaient plutôt à Aix-en-Provence pour trouver une offre comme la nôtre. Maintenant, ils peuvent même venir chez nous en métro. De plus, il y a une population très dynamique dans le quartier qui compte plus de 400 000 mètres carrés de bureaux. On voit beaucoup de salariés venir se restaurer et faire du shopping chez nous.
Faire le plein de visiteurs, c’est bien mais est-ce qu’ils consomment dans les magasins ?
G.L : En effet, on peut venir simplement se balader chez nous mais les commerçants semblent également satisfaits. Ils ont pour la plupart atteint leurs premiers objectifs de chiffre d’affaires. Les Galeries Lafayette, notre principale locomotive, affiche déjà de belles performances. Il faudra attendre encore quelques mois pour avoir des résultats plus représentatifs mais nous sommes confiants.
Vous le disiez, nombre d’enseignes n’étaient pas encore ouvertes lors de l’inauguration. Ou en êtes-vous aujourd’hui ?
G.L : Ca y est. On a rattrapé le retard. La plupart des boutiques ont ouvert leurs portes : Zara, qui a installé son plus grand magasin de la région, la marque de prêt-à-porter Harmont & Blaine, Mauboussin, le traiteur Mavromatis avec son premier restaurant à Marseille… La prochaine grosse ouverture que l’on attend, c’est Auchan Gourmand pour la fin du mois de juin.
Tout est commercialisé ?
G.L : Presque… Il reste une petite cellule de 40 mètres carrés entres les Galeries et Harmont & Blaine et un espace de 400 mètres carrés au dernier étage destiné à accueillir un restaurant. Nous attendons également de connaître l’évolution de la situation de la Grande Récré qui est en redressement judiciaire. Même chose pour le restaurant Wagamama. Son master franchisé est au bord de la faillite alors son installation est remise en question. Mais nous avons déjà plusieurs autres restaurateurs intéressés par l’emplacement. Au pire des cas, ça prendra cinq à six mois de plus pour voir s’installer une enseigne à sa place.
Qu’est-ce-qui vous différencie des nombreux autres centres commerciaux qui viennent d’ouvrir à Marseille ?
G.L : Tout d’abord, l’emplacement ! Encore une fois, il n’y avait aucune offre de ce type dans le secteur. Le Prado répond donc à une demande des habitants et des travailleurs du quartier. Ensuite, l’objet architectural lui-même est très innovant. Il est totalement ouvert vers l’extérieur en continuité du boulevard Michelet. Comme dans une rue commerçante, il n’y a ni chauffage, ni climatisation. Il est parfaitement tempéré grâce au climat si doux de Marseille. On atteint une performance énergétique exemplaire. Pour une société cotée en bourse comme Klepierre, l’aspect environnemental d’un tel projet est essentiel.
Pour certains observateurs, Marseille arrive à saturation en termes de capacité commerciale. N’avez-vous pas peur que le Prado soit le centre commercial de trop ?
G.L : Non, car comme je le disais, il n’y avait rien dans cette zone. Maintenant, il faut être honnête. Il ne reste plus beaucoup de places et la plupart des quartiers sont désormais bien achalandés. On reste très attentifs aux éventuels projets qui pourraient ouvrir pas très loin de chez nous et seraient susceptibles de tuer un centre.
Certaines associations de commerçants voient votre centre d’un mauvais œil, l’accusant de concurrence déloyale. Que leur répondez-vous ?
G.L : Je comprends la problématique des petits commerçants du centre-ville mais les centres ne sont pas les seuls coupables. Ça devient de plus en plus difficile de travailler en cœur de ville avec les problèmes d’accès routier pour les clients et les livraisons, le stationnement parfois trop cher, les riverains qui se plaignent du bruit… De plus, les magasins grossissent de plus en plus. Avant, une boutique Zara faisait 900 mètres carrés de surface en moyenne. Maintenant, ils sont plutôt autour de 2 500 mètres carrés. A Marseille comme ailleurs, c’est compliqué de trouver de telles surfaces en centre-ville.
La délibération du conseil municipal sur l’extension aux quartiers Sud de l’ouverture dominicale a également provoqué la colère des commerçants du centre-ville. Même les organisations patronales locales sont contre. Comprenez-vous ces oppositions ?
G.L : Il faut vivre avec son temps. Si on ne change rien, on va finir par se faire manger par internet. Sur nos autres centres, les dimanches font d’aussi bons résultats que le samedi. Ça crée de l’activité supplémentaire et des emplois pour ceux qui veulent travailler. Dans le centre-ville de Marseille, ils peuvent ouvrir le dimanche mais personne n’en profite. Après, il ne faut pas s’étonner que le public préfère aller à Plan-de-Campagne.
Vous détenez également deux autres centres commerciaux à Marseille. Comment envisagez-vous l’évolution pour le premier d’entre eux le centre Bourse ?
G.L : Honnêtement, son chiffre d’affaires reste trop fragile. Il faut renouveler l’offre. C’est devenu un centre de proximité pour les habitants du centre-ville. On devrait voir arriver de nouveaux restaurants, une salle de sport, une grande pharmacie et de la décoration.
Et pour Grand Littoral ?
G.L : Il y a une très grosse fréquentation avec dix millions de visiteurs par an environ. Ce chiffre s’est stabilisé depuis environ 18 mois. Par contre, le ticket moyen reste faible. On travaille beaucoup sur les animations sur ce centre qui est un peu notre laboratoire pour toute la France dans ce domaine. Maintenant, il faut améliorer la desserte en transport en commun sur cette zone. On nous avait promis un bus avec l’ouverture du métro capitaine Gèze. Finalement, c’est repoussé à 2019… Ça commence à franchement m’agacer.
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