On ne juge pas
Nous avions observé – discrètement – Laurence Vichnievsky dans un débat organisé par Libération à la friche de la Belle de Mai. Dire qu’elle était à l’unisson de l’aéropage qui l’entourait dont un certain Patrick Mennucci, serait un aussi pieux qu’inutile mensonge. Disons qu’elle avait l’air aussi à l’aise que Christine Lagarde, directrice du FMI, dans une soirée couscous à la Busserine. L’ex-juge d’instruction était alors membre d’Europe Ecologie les verts, elle allait faire partie de l’aventure avortée des socialistes aux municipales, avant d’être élue conseillère régionale Paca. Depuis de l’eau a coulé et elle a rejoint son territoire d’origine, le Puy-de-Dôme, pour figurer, en tant que militante du MoDem, sur la liste des régionales de… Brice Hortefeux, sarkozyste de la première heure. C’est encore dans ce département qu’elle se présentera pour la République en Marche. Dans la 3e circonscription du Puy-de-Dôme, elle affrontera la députée sortante écologiste Danielle Auroi. La magistrature mène à tout et heureux qui comme Laurence a fait de beaux voyages. Mais nous on n’est pas là pour juger.
Une Cantonate
On se souvient du lyrisme avec lequel Eric Cantona avait envoyé dinguer les journalistes lors d’une conférence de presse. Il les avait comparés à des mouettes suivant le chalut pour picorer quelques miettes. Notre footballeur artiste peintre et poète vient d’être détrôné par Jean-Luc Mélenchon, qui a prouvé à Marseille qu’il ne fallait pas le réduire à un spécialiste du quinoa, ce légume chéri par les bobos. Il a ainsi dénoncé « l’indigente caste politique qui bavarde comme des moules sur le rocher ». On savait il est vrai qu’il avait tout, sauf le charisme d’une huitre. Mais le « méluche voyageur » comme l’appellent ceux qui sont épatés par son nomadisme politique, devra enrichir son bagage lexicologique, s’il veut être compris dans la circonscription qu’il envisage de ravir à Patrick Mennucci. Le « gros bébé râleur » comme nous l’appelions jadis dans les colonnes du Provençal risque de mettre les pendules de son vocabulaire à l’heure. « Ici môôôssieur, on parle d’arapèdes sur le rocher pas de moules comme dans le sud-ouest où vous vous êtes présenté aussi… » Vite le débat.
Exil doré
Marine Le Pen viendra-t-elle, après sa cuisante défaite, trouver refuge sur une des îles du Frioul ? Les résultats du bureau de vote des insulaires devrait l’y encourager puisqu’elle y a obtenu, au second tour de la présidentielle, 49 voix alors que son adversaire, et désormais président de la République, n’a recueilli que 37 suffrages. Ce serait après tout un symbole que d’élire résidence sur ces roches pelées. D’abord, elle pourrait y préparer son retour à la manière du héros (imaginaire) d’Alexandre Dumas, Edmond Dantès s’échappant de sa geôle du château d’If pour se venger sous le nom de comte de Montecristo. Et puis depuis 2012 existe, sur cette terre marine balayée par les vents, la République du Frioul dont la devise est « pour l’art et l’insolence, sans insolation ». Elle a un drapeau, un blason et sa monnaie le Paga. Parfait pour sortir de l’Euro et attendre des jours meilleurs. Ce qui est fâcheux par contre, c’est qu’il y a aussi sur ces rochers, l’hôpital Caroline. On y mettait les gens en quarantaine lorsqu’on les soupçonnait d’être porteurs de virus, notamment ceux qui revenaient des colonies.
Figaro Express
Emporté par son élan, le sémillant Christophe Barbier a commenté l’après second tour sur BFM TV, avec quelque faiblesse dans l’argumentaire. Evoquant la situation en région Paca, il déclinait tout à trac les territoires qui la composent ainsi : « La Provence, la Corse, les Alpes ». On a cru entendre sur l’île de Beauté comme le frottement d’une lame d’Opinel sortant de la fente qui la protège. Notre Figaro, à force d’un débit express, s’est un peu emmêlé les crayons. La Corse malgré la présence d’une forte population originaire de son territoire à Marseille, Toulon et Nice, est une région à part entière. Elle revendique fort son autonomie, au point d’être dirigée par des édiles issus de cette mouvance. Barbier devrait prendre des vacances, mais il serait plus prudent d’éviter la Corse.
La région décapitée
Dans la foulée de Christian Estrosi, renonçant à sa présidence de la Région Paca, Marion Maréchal Le Pen a déposé les armes pour rejoindre la vie civile. Les motifs de l’ancien futur maire de Nice paraissent éminemment politiques. Il est urgent de réinstaller son autorité dans les Alpes Maritimes, où son meilleur ennemi, Eric Ciotti, des Républicains comme lui, minait avec soin le terrain. Pour la députée du Vaucluse, dont les communicants annoncent qu’elle veut se concentrer sur l’éducation de sa petite fille, les motifs de retraite anticipée sont moins lisibles. Son grand-père, Jean-Marie jamais avare de gros mots, n’a pas fait dans le détail et a parlé de « désertion ». Sa tante Marine s’est tue ou quasiment. Cette dernière est suffisamment expérimentée pour deviner que derrière le repli de sa nièce, il y a un calcul simple. Marion va s’asseoir au bord du Rhône et attendre de voir passer le cadavre de son ennemie. Elle ne sera pas la seule dans ce cas. Nombreux sont ceux, au FN, qu’insupporte la place prise par deux gaullistes revendiqués, les frères Philippot, responsables à leurs yeux du catastrophique débat télévisé du second tour. La nuit des longs couteaux ne saurait tarder.
Mise à mort
Faute d’avoir jamais pu, ou su, s’implanter politiquement dans sa ville, Gilbert Collard a déserté Marseille pour trouver, dans le Gard une terre d’asile. L’avocat, passé du PS au FN via un passage chez Pasqua, y coule des jours heureux dans une manade cossue avec un mandat de député pour assurer la pitance de sa famille. L’opposition était jusqu’ici faible, même s’il a été repoussé aux dernières municipales de Saint Gilles par un front républicain étanche. Il voit désormais marcher sur lui dans l’arène politique une certaine Marie Sara (photo archives Gomet’). La belle quinquagénaire est descendue de sa monture, qui lui a permis jusqu’ici de triompher dans les plus prestigieuses places tauromachiques, pour tenter d’entraîner dans sa muleta l’impétueux plaideur. Sera-t-il désarçonné par la candidate de la République en marche? A suivre. Collard aime la corrida, mais depuis les gradins, avec si possible un gros cigare aux lèvres. Il en connait les règles et sait qu’une faena réussie se termine toujours par l’estocade. Si elle est brillante, le maestro – ou la maestra – obtient les deux oreilles et la queue. O bonne mère.