Pas de mosquée, oui mais
Jean-Claude Gaudin va légitimement résilier le bail qu’il avait signé avec les musulmans marseillais désireux d’ériger la grande mosquée que, selon eux, les fidèles attendaient. Le PS ne conteste pas la décision du maire puisque l’association qui portait ce projet n’a pas les moyens de ses ambitions. Nous voilà donc revenus à la case départ, si tant est qu’il y ait eu un jour le début du commencement d’une avancée sur cette question. L’interrogation qui reste entière c’est comment appréhender cette mosaïque confessionnelle qui recouvre autant de communautés que de pratiques. Comoriens, Maghrébins, Africains, sunnites, chiites, salafistes, continueront à s’exprimer dans une cacophonie inaudible. Pire s’enfermeront dans le silence d’une foi clandestine. Ce sont des dizaines de milliers de Marseillais qui vont ainsi retrouver leurs lieux de culte – garages, hangars, caves – dans l’indifférence générale quand ce n’est dans l’hostilité à peine dissimulée de la majorité des citoyens de cette ville. La grande mosquée aurait pu être un affichage clair pour un quart des habitants de la cité. Et une fois de plus ce n’est la faute à personne.
Coup de chauffe sous les sunlights
Marion Maréchal Le Pen a connu un grand moment de solitude sur le plateau de Jean-Claude Bourdin (BFM-RMC, photo Une). Comme sa tante et avant elle, son grand-père, la députée FN provençale sait qu’à la télévision il faut sourire, même sous les coups. Pour montrer les dents bien sûr. Et il est vrai, comme on le dit dans le jargon de la télévision, qu’elle prend bien la lumière. Faut-il encore connaître son texte. Comparer les immigrés de Calais a de la poussière qu’on tente de cacher sous le tapis est d’un goût plus que discutable, et affirmer qu’il y a deux millions d’habitants en Paca au lieu de cinq, c’est une jolie bourde pour quelqu’un qui a prétendu un temps diriger la région. Et voilà comment un sourire dévastateur devint un rictus dévasté.
Insupportable candidat
Il ne faut pas être rancunier chez Les Républicains marseillais pour supporter Nicolas Sarkozy. Dans la même semaine ils ont appris que leur champion avait – si l’on en croit les confidences de Patrick Buisson – estimé que leur leader régional, Christian Estrosi n’avait qu’une « noisette dans la tête ». Gilbert Collard d’accord pour une fois avec l’ancien président a orientalisé à sa façon l’image en parlant lui de « pois chiche ». Par ailleurs les militants marseillais ont appris que le meeting dans la cité phocéenne, pendant la campagne présidentielle de 2012 n’avait pas coûté 100 000 euros, mais près de 700 000 euros selon les révélations d’Envoyé Spécial. Bof quand on aime on ne compte pas…
Coquille vide
Qu’un milliardaire américain ait eu un coup de cœur pour l’OM a sans doute mis un peu de baume sur la plaie ouverte qui affaiblit, saison après saison, le club. Mais cela ne résout en rien l’épineux dossier du financement du stade vélodrome qui, malgré son acoustique retrouvée, sonne de plus en plus creux. C’est généralement ainsi lorsque les caisses sont vides et que l’essentiel repose sur les seules épaules d’une équipe. En attendant que les supporters retrouvent le chemin de Michelet, ce sont les contribuables marseillais qui seront priés de supporter les stars en panne du football. Le montage public-privé qui a permis à la ville de rester propriétaire de la mythique enceinte, semble avoir atteint ses limites. La municipalité est à un tournant mais si les virages se vident au Vel’ elle file tout droit… dans le mur.
Quarante ans d’oxygène
Les plages du Prado ont quarante ans. Ces terrains gagnés sur la mer sont sans doute la plus belle réussite de l’ère Defferre. La population dans toute sa diversité peut s’y retrouver, pour profiter de la plage, des périmètres dédiés aux sports, des étendues gazonnées propices au farniente en solitaire ou en famille. Les événements – l’Euro, la fête du vent, les concerts- qui y trouvent place sont toujours couronnés de succès. Pourtant nombreux sont encore les Marseillais qui jettent un regard oblique sur cette esplanade unique. Ils ont tort. Marseille est plurielle et singulière, comme d’autres grandes villes dans le monde. Il serait tant de l’assumer.
L’information avant la sélection
Une fois de plus les organisations étudiantes comme les enseignants de gauche montent au créneau pour dénoncer la sélection à l’université. De fait elle existe et il suffit de constater les taux d’échec enregistrés en première année en Droit, en Sciences Humaines et dans d’autres cursus encore. Où l’on constate que l’orientation a encore beaucoup de pain sur la planche et que les salons pour étudiants ne comblent pas le vide abyssal de l’information pour les lycéens. Où on se rend compte que la fracture sociale et culturelle s’est aggravée puisque les milieux défavorisés sont condamnés à l’échec de manière récurrente. Où l’on se dit qu’il est peut-être temps que les enseignants du supérieur se penchent enfin sur ce problème qui, à terme, peut être mortel pour une société. Faut-il encore, d’Aix à Marseille, descendre de son piédestal.