OM, organisation mafieuse ?
Les publications du Canard Enchaîné du mercredi 20 avril, puis, ce samedi, de l’Equipe, sont consternantes, affligeantes, révoltantes. On y entend – plutôt on y lit – les écoutes téléphoniques d’un certain Jean-Pierre Bernès, bien connu des… milieux du football. A décrypter cet agent de joueurs, qui s’autoproclame le premier de France, on devrait plutôt utiliser le singulier, lorsque l’on parle de Marseille où, selon lui, le milieu semble avoir définitivement pris possession des lieux et des hommes. Du coup, les analyses se multiplient sur les ondes pour expliquer que, gangréné ainsi, ce club est invendable. Mauvaise nouvelle donc pour les supporters qui, la foi chevillée au cœur, attendent légitimement un renouveau qui conduirait encore l’OM sur les sentiers de la gloire. On lit dans l’Equipe que Nicolas Sarkozy, alors président de la République, et bien que supporter inconditionnel du PSG, s’est préoccupé de cette impasse mortelle pour le seul club français à avoir décroché un trophée européen. Mais dans le même temps, on conseillait au premier des Français de se tenir à l’écart car, lui disait-on, c’était « pire que les Guérini ». C’est tout dire. Au passage, on aura noté dans les écoutes, la prose fleurie de Charles Villeneuve, qui fut grand reporter et un des piliers de TF1. Nous ne puisons pas visiblement dans le même champ lexical.
Deux roues oui, deux cerveaux non !
La municipalité fait des efforts méritoires pour apporter un confort aux deux roues dans la ville, et éviter aux braves gens qui les chevauchent, des manœuvres périlleuses pour se garer. Les places réservées à ces engins qui ont d’abord le mérite d’être gratuites se multiplient, parfois de manière spectaculaire, comme à proximité de la place de la Joliette où toute une rue leur est réservée. Mais rien à faire, le motard marseillais reste un insoumis impénitent, et on ne compte pas les coins de rue, les trottoirs, et autres placettes, encombrés par les scooters et motos. Les espaces réservés aux deux roues restent souvent vides d’occupants, même au Centre Bourse où une partie du premier sous-sol a été aménagée pour eux. Que les automobilistes, visés eux en permanence par la loi, soient « un peu colère » comme on dit ici, n’étonnera personne.
Le soleil et les cramés.
Aznavour prétendait que la misère était plus supportable au soleil. Sans doute. Mais il y a longtemps. Aujourd’hui, on peut lire dans Le Monde cette répartie : « Tu dis que t’es de la Castellane, t’es cramé ». Cette phrase est en exergue d’un remarquable mémoire d’une cinquantaine de pages, signé Alain Fourest, ancien délégué à la ville et toujours actif militant associatif. Il était, avec le journaliste Philippe Pujol (Prix Albert Londres et auteur de la Fabrique du monstre, Editions des Arènes), récemment l’invité de « Marseille et moi », un collectif actif qui revisite régulièrement toutes les problématiques de la ville. Ce soir-là, il s’agissait de « l’avenir des quartiers nord ». Les témoignages entendus sont terribles, forts, entêtants. Ils vont de l’incurie des politiques, quelles que soient leurs étiquettes, au désintérêt du pouvoir central parisien, jugeant la bataille perdue d’avance, en passant par la désespérance de ceux qui tentent de survivre, souvent avec un héroïsme remarquable, dans cet espace sans horizon. C’est un véritable « j’accuse » qu’a lancé, entre autres, Alain Fourest. Le réquisitoire justifie la force de cette interpellation.
La belle croisière de Costa
Cela fait cinquante ans que Nisou Costa navigue sur la couleur. Cette femme rare est venue à la peinture par accident. Ce n’est pas une image, puisque c’est un grave accident sur une piste en Afrique qui l’a amenée, un jour, à se confronter avec l’interrogation têtue d’une toile blanche. Dans le silence de sa maisonnette, au-dessus du vallon des Auffes, elle lui murmurait « que vas-tu faire de moi ? » Le meilleur, durant cinq décennies pendant lesquelles Nisou a tenté et réussi à marier les couleurs et les formes à partir des tempêtes tranquilles qui la traversaient. Elle se posa, avec quiétude, en quelques pastels marins, comme elle laissa de folles giclées, gifler l’espace immaculé qu’elle prenait d’assaut. Elle essaya aussi quelques achoppements presque aussi brutaux qu’un coup de griffe, qui s’imposaient, impérieux, à nos regards compassés. Elle nous a toujours surpris par cet art rare dans les veines duquel coule le sang joyeux d’une passion sereine. Entre les îles du Frioul, qu’elle contemple depuis sa terrasse, Nisou Costa a repéré pour nous ces couleurs qui triomphent dans son œuvre. Merci de les partager avec tant de générosité.
J’étais sur la route toute la sainte journée
L’Université d’Aix Marseille a déployé, il y a peu, une campagne de communication vantant ses propres mérites. Personne ne les conteste. En revanche une question reste d’actualité. Parfois douloureusement. Celle des transports. Combien d’étudiants en effet sont handicapés par les difficultés de circulation que connaissent les différentes lignes (Bus et trains) susceptibles de les amener sur le lieu de leurs études. Un étudiant marseillais qui n’a pas par exemple les moyens de vivre à Aix, où les locations restent pour beaucoup inaccessibles, doit prévoir entre deux heures par jour pour accéder à ses cours selon le quartier où il réside. Se rendre sur des campus comme Luminy ou St Jérôme n’est pas non plus une sinécure. On omettra bien évidemment de parler ici des questions de sécurité, que doivent également affronter ceux qui ont choisi l’enseignement supérieur comme un passage pour l’avenir. On attend la campagne publicitaire qui annoncera une accélération dans le domaine des transports et de vraies solutions.
Le Vieux-Port décolle
Le mieux attire le mieux. On peut en juger sur le Vieux-Port où les efforts d’aménagement de la municipalité ont, peu à peu, un effet d’entraînement pour les professionnels – restaurateurs, hôtels- qui l’animent. Les établissements, les uns après les autres, se rénovent et même s’il reste quelques verrues insupportables, les touristes, de plus en plus nombreux, ne boudent pas leur plaisir. Reste maintenant à souhaiter que ce rêve éveillé perdure. Et un peu plus de rigueur côté propreté et une touche professionnelle supérieure au niveau du service des établissements qui rayonnent au bord des quais. Après, quelques grincheux regretteront encore quelques fautes de goût ici et là, mais si la ville ne sauvegardait pas cette anarchie esthétique, elle perdrait un peu de son âme.