Elles s’appellent Maryam Madjidi, Elina Dumont, Sophia Hocini ou encore Claire Cemille Renkliçay. Ils s’appellent Benjamin Amar, Antony Gonçalves ou encore Emmanuel Trigot… Ils sont 79 à vouloir porter la voix à l’échelle européenne de celles et ceux qui leur ressemble. « C’est une liste qui se veut à l’image de ce qui bouge dans notre société, confie Ian Brossat, leader de la liste communiste pour les européennes de mai 2019. Sur notre liste, il y a des des gilets jaunes, des cols bleus, des blouses blanches, des robes noires… toutes ces catégories sociales qui se lèvent depuis maintenant des mois pour exprimer leur colère, vis-à-vis de la politique d’Emmanuel Macron. On a besoin que cette colère-là, ces espoirs-là, s’expriment dans les urnes et c’est justement comme cela que nous avons construit cette liste aux élections européennes. »
Le grand meeting marseillais organisé mardi 5 février « est une étape supplémentaire dans la campagne ». S’il a choisi la cité phocéenne, c’est parce que « c’est une ville populaire, solidaire, tournée vers le sud, et ça en dit long sur notre conception de l’Europe. Nous voulons une Europe qui regarde vers le Sud au moins autant que vers l’Allemagne ».
Le Dock des suds se pare de rouge. Près de 1500 personnes sont au rendez-vous. Les drapeaux à l’effigie du Parti communiste français flottent dans la salle et tranchent avec les murs noirs du lieu. Certains ont enfilé leur gilet jaune à l’image d’une candidate de la liste. Elina Dumont, pupille de l’Etat à l’âge de 18 ans, a connu les affres de la rue durant plus de 15 ans. Elle a son franc-parler. Elle l’avoue « certes je n’y connais rien en politique, mais je suis sûre que des gens comme moi ont autant de choses à proposer que n’importe quelle élite. Je veux que des gens comme moi puissent avoir la parole et être force de proposition ».
Elle est fière d’être sur cette liste, tout comme Maryam Madjidi, auteure, enseignante de français langues étrangères auprès des mineurs non-accompagnés et prix Goncourt du premier roman. Sophia Hocini, une jeune marseillaise de 25 ans a décidé de vivre aussi cette aventure. Son quotidien c’est de promouvoir « ceux qu’on n’entend pas, leur donner la légitimité, la crédibilité… » Elle qui vient de la cité La Sauvagère entend porter la voix des jeunes notamment issus des quartiers populaires. Antony Gonçalves, lui, est cancérologue à Marseille et professeur de. Médecine. Son modèle, c’est la sécurité sociale. « Un système assez génial qui a été inventé pendant la Libération dans ce pays et que j’aimerai bien voir transférer partout en Europe ».
Un rassemblement PCF-LFI en vue des municipales
Les adhérents du PCF ont approuvé à 95% la liste pour les européennes lors d’un vote organisé du 31 janvier au 2 février, alors que les discussions se poursuivent à gauche en vue d’un rassemblement pour ce scrutin. « Je suis toujours partisan du rassemblement et je continuerai à tendre la main à Jean-Luc Mélenchon et à Benoît Hamon », explique Ian Brossat. Pour autant, il ne serait pas « sincère » pour le candidat de mettre sur la même liste « des gens qui ont soutenu les traités européens comme les socialistes et nous les communistes ». Pour lui, la liste PCF, dans laquelle un tiers des personnes ne sont pas adhérentes au parti, est « déjà une liste de rassemblement. C’est la gauche sociale, c’est la gauche hors les murs, celle qui se bat tous les jours dans les quartiers populaires, dans les entreprises. »
Pour l’heure Jean-Luc Mélenchon trace son propre chemin, mais Ian Brossat « ne désespère pas. Et si ça ne peut pas se faire aux élections européennes il faudra bien que ça se fasse par la suite. » La meilleure façon pour lui de permettre à la gauche de « retrouver le chemin du pouvoir. »