Avec le nouveau « permis d’expérimenter » lancé par l’Etat, Euroméditerranée veut essayer d’innover en matière de construction. L’îlot Smartseille conçu par Eiffage a par exemple été démonstrateur industriel de la ville durable avec des solutions énergétiques innovantes. « Il est aujourd’hui terminé à 80 % et on envisage une suite sur le terrain juste à côté », annonce Hervé Gattineau, le directeur immobilier grands projets chez Eiffage Méditerranée. Pour ce futur projet, Euroméditerranée et l’entreprise de construction ont décidé d’essayer un nouveau matériau : la terre crue.
Saint-Gobain travaille sur la mise au point du matériau idéal
En fait de nouveauté, la terre crue renvoie à un savoir-faire ancestral depuis longtemps délaissé pour le béton, « qui est loin d’être la panacée en terme de coût environnemental, rappelle Hugues Parant, le directeur général d’Euroméditerranée, alors que la terre est présente partout et pas chère. On peut en récupérer sur place, dans les déchets de chantier, créant une boucle d’économie circulaire », poursuit-il. Pour mener à bien cette expérience, l’établissement public s’associe avec le groupe Saint-Gobain qui a commencé à travailler sur ce nouveau matériau. Par exemple, l’entreprise a monté un démonstrateur en terre crue dans le désert marocain. « Mais il a des murs de 80 centimètres pour isoler de la chaleur, ce qui n’est pas imaginable à Marseille », tempère Patrice Richard, Président de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France.
Dans ses laboratoires, le groupe travaille activement à mettre au point ce nouveau matériau à base de terre qui pourra répondre aux contraintes locales. « La terre crue dispose d’une inertie thermique importante, elle permet d’emmagasiner la chaleur et possède un système hydro-régulateur performant », explique Euroméditerranée dans son dossier de presse. Seulement, Saint-Gobain doit également s’assurer de la résistance en mixant la terre avec du chanvre par exemple. « On ne pourra rien faire de porteur de toute façon, prévient Patrice Richard. On commencera par des murs de séparation ou de façades », explique-t-il. Le groupe cherche toujours le bon schéma pour arriver à la phase industrielle « L’objectif est de tout faire le plus près possible du site pour éviter de dépenser inutilement de l’énergie. On peut imaginer de préfabriquer en périphérie de la ville ou directement sur le chantier », avance le cadre de Saint-Gobain.
Lancer le chantier dans deux ans
Il reste encore pas mal de chemin à parcourir avant de lancer la construction mais Eiffage et Euroméditerranée ont fixé un calendrier ambitieux : « Dans deux ans, il faut qu’on commence concrètement l’expérience », annonce Hervé Gattineau. Les premiers murs en terre crue pourraient donc être érigés avant 2022 dans les quartiers Nord de Marseille, sur le prolongement du programme Smartseille.