Avec le premier port de France, le deuxième aéroport de fret express et une situation géographique stratégique pour les échanges internationaux, la Région Provence-Alpes Côte d’Azur dispose d’atouts indéniables pour devenir l’un des carrefours logistiques majeurs de l’Europe et de la Méditerranée. Le secteur génère environ 7,4 milliards d’euros de valeur ajoutée chaque année dans la région et promet de créer 50 000 emplois d’ici 2022, faisant de Paca le troisième territoire de France dans le domaine. Pourtant, les professionnels rencontrent de nombreux obstacles qui freinent leur croissance : rareté du foncier, problématique du dernier kilomètre, manque de profils salariés adaptés… « Entre 20 et 60 milliards d’euros sont gaspillés chaque année en France à cause d’une mauvaise organisation des flux logistiques », ajoute le député François-Michel Lambert. Autant de problèmes que la Région et l’État veulent résoudre avec l’aide des grands acteurs privés du territoire. Lundi 9 juillet, l’hôtel de Région accueillait la première présentation des ateliers régionaux de la logistique qui doivent trouver les solutions d’avenir pour développer le secteur. Ce groupe de travail réunit les services de l’État (Dreal, Direccte), des collectivités (Région, Métropole Nice Côte d’Azur) et les professionnels. L’objectif : proposer des actions concrètes dans un an.
Formation, mobilité : les bonnes pratiques à dupliquer
Le travail déjà engagé a permis de dégager six grandes problématiques qui ont donné naissance à autant de groupes de travail : foncier, procédures réglementaires, amélioration de l’accessibilité, développement de la logistique urbaine du dernier kilomètre, fret ferroviaire, formation et recrutement. « La formation doit se renouveler sous peine de dégrader dangereusement le secteur », prévient Philippe Vitel, vice-président à la Région. Ainsi, les ateliers ont lancé une expérimentation autour de Salon-de-Provence basée sur l’amélioration du dispositif de recrutement par Pôle Emploi et la Mission Locale. Une campagne de communication sur les métiers de la logistique et du transport sera également lancée. Enfin, les professionnels rappellent la nécessaire adaptation des conditions de desserte pour le transport des salariés. Cette problématique fait d’ailleurs l’objet d’un groupe de travail dédié. Ce dernier veut proposer des alternatives de déplacement efficaces aux actifs du secteur. Il souhaite s’appuyer sur les bonnes pratiques existantes comme Mobil’idées, blablalines ou encore le service Chronopro de desserte des zones d’activités de Vitrolles et Marignane. Quatre sites pilotes ont été sélectionnés pour accueillir les premières expérimentations à fin 2019 : Zone industrialo-portuaire de Fos, Marignane, Vitrolles et la zone industrielle de Carros dans les Alpes-Maritimes.
Trop de camions dans les rues, pas assez de grands entrepôts dans les zones
Dans les villes aussi, la logistique se retrouve confrontée à des problèmes d’accessibilité notamment pour l’acheminement des marchandises sur le dernier kilomètre. Avec l’essor de l’e-commerce, les rues sont envahies par les utilitaires de livraison de colis et les villes sont souvent inadaptées à ce surplus de trafic. Le groupe de travail dirigé par la Poste et SNCF Logistics souhaite notamment mutualiser certains services et lancer de nouveaux espaces de logistique de proximité. Il préconise ainsi le lancement de nouveaux appels à manifestation d’intérêt par les collectivités pour offrir des sites pilotes dès l’année prochaine.
L’accès au foncier est un autre frein mis en avant par les entreprises. Aujourd’hui, la région dispose de seulement 1 700 ha dédiés à la logistique dont 60 % dans les Bouches-du-Rhône. « Il y a trop peu d’entrepôts de grande taille. Les grands groupes internationaux ont besoin au minimum de 5 000 m² », explique Christine Cabau-Woehrel, la directrice du grand port de Marseille. Parmi les solutions envisagées, la requalification des friches industrielles : « Elles sont nombreuses dans la région, notamment autour de l’étang de Berre et du golfe de Fos et sont souvent déjà dimensionnées pour accueillir de gros projets », propose Sophie Laperrousaz, responsable développement durable pour le groupe Barjane. Enfin, le fret ferroviaire et encore sous-dimensionné dans la région. Les ateliers s’intéressent plus particulièrement à la gare de tri de Miramas qui doit être modernisée. D’ici la fin de l’année, ils proposeront un ou plusieurs scénarios d’investissement pour l’optimisation de son fonctionnement. L’idée de la mise en place d’un navette ferroviaire entre Marseille, Fos et Toulon est également envisagée.
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