C’est une date historique. Un moment symbolique. Les drapeaux français et algériens flottent dans la cour du nouveau siège du consulat général d’Algérie, à Marseille. Ils dansent ensemble portés par un vent léger. C’est bien ensemble que, pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie, deux ministres des Affaires étrangères se retrouvent dans un lieu emblématique, pour célébrer les liens forts qui existent entre la France et l’Algérie. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et son homologue algérien, Ramtane Lamamra, tout deux présents à Marseille à l’occasion du sommet 5+5, ont inauguré le siège du consulat à l’occasion d’une cérémonie solennelle et chaleureuse.
Depuis 2012, le président algérien Abdelaziz Bouteflika et François Hollande ont posé les bases « d’une refondation » entre ces deux pays. Et depuis quatre ans, « un travail remarquable a été réalisé, dans un esprit de confiance, de respect et d’amitié », a affirmé Jean-Marc Ayrault, lors de son discours. Les deux pays ont décidé d’avancer main dans la main dans tous les domaines, y compris les plus sensibles, tels que la Défense ou encore les questions de mémoire. La France et l’Algérie s’inscrivent dans un partenariat stratégique, « un partenariat d’exception », selon les mots du ministre français. Et c’est dans cette voie qu’il veut continuer à progresser, pour que les relations soient à la hauteur des liens « profonds et particuliers » qui unissent ces deux pays.
Une expérience professionnelle de part et d’autre de la Méditerranée pour les jeunes
C’est à la jeunesse et aux étudiants qu’une partie de son discours a été largement consacrée. La France accueille 7000 étudiants algériens, par an, dans l’enseignement supérieur. Ce chiffre a doublé en deux ans. Ce sont à l’heure actuelle, 23 000 étudiants algériens qui fréquentent les universités françaises. « C’est une chance pour la France, c’est une chance pour l’Algérie et c’est un honneur de recevoir des représentants de la jeunesse algérienne », a-t-il insisté, sous les applaudissements fournis du public. Pour lui, il s’agit d’un « acte de confiance », qui va d’ailleurs s’intensifier à travers un projet inédit. Cette semaine, Jean-Marc Ayrault a présenté en conseil des ministres un accord permettant d’offrir à de jeunes Français et Algériens, une première expérience professionnelle de part de d’autre de la Méditerranée. C’est son prédécesseur Laurent Fabius qui avait négocié cet accord, il y a un an, et qui se concrétise aujourd’hui.
Enfin, il a évoqué naturellement les drames que la France a traversé, rappelé que toutes ces victimes étaient de différentes nationalités, de toutes religions et représentatives de la diversité, « de ce que sont nos sociétés ». L’occasion pour lui d’exprimer sa gratitude envers le peuple algérien, qui dès les premières heures, à travers ses dirigeants mais aussi ses citoyens, avaient exprimé à la France leur solidarité. « Nous avons été sensible à cette mobilisation nationale et internationale contre le terrorisme, aux marques d’affections ». Un message qui prend toute sa force pour l’Algérie qui a également connu l’épreuve terroriste, qui a fait tant de morts. Et de rappeler aussi à la mémoire de chacun ce 14 décembre 1973. Ce jour où le consulat général d’Algérie à Marseille était la cible d’un attentat.
Un partenariat franco-algérien plus solide pour une cohésion sociale encore plus forte
Ce consulat qui doit poursuivre sa mission d’accompagnement, d’assistance, de protection… Pour faire en sorte que la communauté qui vit ici, à Marseille, et dans la région se sente à l’aise. Qu’elle puisse en toute sérénité, accéder à tous les services publics qu’ils soient français ou algériens « et ainsi contribuer à la cohésion sociale. »
Un sentiment de fierté traduit ces relations franco-algériennes, mais il demeure une note d’insatisfaction. Faire mieux, faire plus. C’est un souhait partagé, notamment pour redonner de l’espoir à la jeunesse, à travers la formation, l’accès à la culture, l’emploi… Dans cette perspective, les deux pays ont le souhait de tisser des liens encore plus solides. Un partenariat franco-algérien qui deviendra de plus en plus fort « et de plus en plus nécessaire. Il est facteur de cohésion dans nos sociétés en France, comme en Algérie. En tout cas, c’est notre conviction ».
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La relation étroite et historique entre Marseille et l’Algérie vue par Ramtane Lamamra