Au cœur de la nouvelle journée de manifestations du 8 décembre, le syndicat des poussettes enragées s’est réuni à 11h sous l’Ombrière au Vieux-Port, non loin des « gilets jaunes ». Créé avec plusieurs dizaines de parents, appelle à repenser la ville de Marseille pour les enfants. « Dans notre ville, l’enfant vit dans une cité interdite, hostile et agressive avec le tout-voiture, un manque criant d’espaces verts, de jardins, de piscines, de squares, de ludothèques, de crèches, des écoles dans un état pitoyable… », énonce le syndicat.
La « parade de Noël » a remis une lettre « au Père Noël et à la Mère Noël » à l’Hôtel de Ville « co-élaborée par des parents, des enfants, des citoyens » et reprenant leurs revendications.
La lettre au Père et à la Mère Noël lue samedi :
« Chère Mère Noël,
Cette année n’oublie pas mon petit soulier je ne suis pas très enthousiasmée par les fêtes des années précédentes… j’ai envie de changement !
Mes rues de Marseille me font vivre tous les jours des situations pas trop confortables et très souvent il m’est impossible de circuler avec ma poussette sur les trottoirs. Alors bon, mes parents se débrouillent bien comme ils peuvent, ils me déportent sur la chaussée pour pouvoir avancer.
C’est tout de même une situation problématique et ma sécurité est vraiment très dégradée. Parmi les faiblesses des équipements pour ma sécurité dans ma ville, des trottoirs trop étroits ou encombrés de potelets et la pratique autorisée du stationnement “à dada sur le trottoir” me pourrit la vie tous les jours.
Pourtant quelle joie pour mon grand cousin quand, au Noël 2013, les petits lutins de ton atelier situé tout là-bas au pôle Métropole ont fabriqué un merveilleux jouet qu’il voyait en rêve : un fabuleux « Agir sur les cheminements piétonniers ». Ils y ont beaucoup travaillé avec des idées un plus pétillantes qu’à l’ordinaire et ça mon cousin le voyait vraiment bien dans son soulier. Mais c’est tout, le jouet n’a jamais été livré. Le voyage s’est arrêté là dans l’atelier. Peut-être que le Père Noël alors a eu peur de prendre froid, ce n’était pas à cause de moi je n’étais pas née.
Noël 2014 : Pas « d’étude sur ce sujet, ni de cartographie mise à jour régulièrement par l’Observatoire » comme promis.
Sous le sapin du Noël 2015, pas de « pistes pérennes des solutions » (par exemple des parkings souterrains un prix accessible ? des transports en commun plus tôt, plus tard, plus fréquents ? des parkings construits aux entrées des villes ?)
Passage de la cheminée 2016 : Le « programme pluriannuel de suppression de 250 places de stationnement à cheval sur le trottoir en allant du centre vers la périphérie » est resté bloqué. Et aussi au Noël 2017.
Alors petite Mère Noël
Quand tu descendras du ciel
Réveille un peu ta bande de lutins
Au son des cloches des marseillais
Car là tu t’amuses deux fois avec la loi :
– Pour ma poussette sur le trottoir sa largeur doit obligatoirement être de 1m40. Si ce n’est pas possible alors ce n’est pas grave. On peut fabriquer des zones de rencontres, des voies où les piétons, les poussettes, les personnes en mobilité réduite ont la priorité absolue sur les voitures qui circulent à une vitesse limitée à 20 à l’heure.
– Les arrêtés de la ville de Marseille auraient dû être mis au placard : il est interdit de faire des petits codes de la route dans son coin depuis juillet 2001. Et le code de la route n’autorise pas que l’on empiète sur mon trottoir. Encore moins que l’on fasse payer pour y stationner.
Mère Noël, Il me tarde que le jour se lève ».