À l’occasion de sa journée d’information sur le partage de l’eau et les plans de gestion de la ressource, organisée mardi 20 juin, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a réuni 170 participants -collectivités, agriculteurs et industriels- pour faire le point sur les enjeux de l’eau dans la région.
24 millions de m3 d’eau manquent en été en Paca, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 520 000 habitants. En 2016, le manque d’eau a perturbé les usages domestiques, les activités agricoles et économiques, et dégradé la qualité des rivières et des nappes. Les six départements de la région ont pris des arrêtés sécheresse. « Sur la quarantaine de bassins versants présents dans la région, 19 sont en situation de tension, explique Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée. Et ça ne va pas s’arranger. À cause du changement climatique, il fait plus chaud, l’eau s’évapore plus vite, les pluies sont plus concentrées, les périodes de sécheresse plus longues et la couverture neigeuse plus faible. Il est urgent de mettre en place des efforts collectifs pour gérer la ressource de façon équilibrée et éviter les situations de crise. »
La région est dotée d’aménagements qui sécurisent l’approvisionnement d’une partie du territoire : le canal de Provence, le canal de Marseille, le Verdon, etc. Mais ils ne suffisent pas. Chaque usager doit ainsi participer à l’effort d’économie d’eau. Sur les territoires déficitaires, les Plans de gestion de la ressource en eau (PGRE) définissent les actions nécessaires au retour à l’équilibre. Neuf PGRE seront validés en Paca d’ici la fin de l’année. « Les PGRE se construisent sur le terrain, poursuit Laurent Roy. Ils s’appuient sur un diagnostic, pour engager une démarche collective et programmer les mesures adaptées. Les PGRE sont le passage obligé pour déclencher des aides de l’agence pour les projets de substitution de la ressource en eau. »
Anticiper le manque
Selon Gaëlle Berthaud, directrice de l’agence de l’eau Paca Corse, un travail d’anticipation de la part des acteurs locaux est également nécessaire. À Auriol, par exemple, la collectivité a commencé à désimperméabiliser le sol, afin de favoriser l’infiltration de l’eau, pour la prélever au plus près de là où elle tombe. « Chacun doit être responsable de son utilisation de l’eau. En ville, réparer les fuites des réseaux d’eaux potables et limiter la consommation permettraient d’économiser 50 millions de m3 par an. Dans les champs, la modernisation des canaux agricoles et le passage à l’irrigation par aspersion ou au goutte à goutte pourrait permettre une économie de quelque centaines de millions de m3. »
Sur les territoires bien approvisionnés, l’agence de l’eau encourage également fortement les économies d’eau. Elle a ainsi signé en 2015 avec la métropole Aix-Marseille un contrat pour la protection et les économies de la ressource en eau du canal de Marseille (Conpere). « Ce canal achemine les eaux du bassin de la Durance jusqu’à Marseille, La Ciotat et Saint-Cyr-sur-Mer, précise Didier Réault, adjoint au maire délégué à la mer, aux plages, au nautisme et au parc national des calanques. Cela représente environ 1,2 million d’habitants. Ce contrat d’environ 56 millions d’euros de travaux vise des économies d’eau d’environ 16 millions de m3 par an. »
En chiffres :
> 24 millions de m3 manquent l’été
Soit l’équivalent de la consommation de 520 000 personnes
> 9 PGRE à adopter d’ici fin 2017 : Asse, Calavon, Vançon, Nappe Giscle, Haut Argens, Bas Argens, Jabron, Lauzon, Sasse
> 3,4 milliards de m3 de prélèvement d’eau par an dont :
740 millions pour l’eau potable
2,3 milliards pour l’irrigation
300 millions pour l’industrie, hors énergie.