u« Cleantech est devenu un gros mot », a avoué Rémy de Tonnac, l’ancien patron d’Inside Secure, devant les chefs d’entreprises et porteurs de projet du technopole de l’environnement Arbois Méditerranée réunis mardi 4 avril. A l’instar d’Internet, les années 2000 ont connu une bulle spéculative sur le secteur de l’écologie. Une foultitude de fonds d’investissement se sont engouffrés dans la brèche et la plupart se sont pris la grande crise financière de plein fouet. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelques-uns à parier sur les technologies « vertes ».
Rémy de Tonnac en quête de pépite greentech pour ETF Partners
Parmi eux, ETF Partners, un fonds londonien, a traversé la tempête en limitant les dégâts. En avril dernier, la société de capital-risque a recruté Rémy de Tonnac, ancien cadre dirigeant de Gemplus et business angels très impliqué localement. A l’invitation du technopôle de l’Arbois, il est venu présenter les activités du fonds affirmant que l’heure des entreprises durables était enfin arrivée : « Les technologies n’étaient pas complètement matures il y a dix ans et surtout difficilement soutenables dans un contexte de business morose. Aujourd’hui, nous avons passé un cap avec une baisse des coûts de production et l’apparition de solutions numériques apportant des réponses simples et efficaces », explique-t-il. ETF Partners gère environ 250 millions d’euros sur deux fonds avec trois thèmes de prédilection : smart city, smart energy et smart industry. Le fonds d’investissement n’intervient dans les entreprises qu’une fois que le marché a validé le business model avec des tickets allant de 2 à 10 millions d’euros. « Mais je souhaite que l’on revienne à du financement plus en amont pour soutenir les projets émergents », ajoute Rémy de Tonnac. Si ETF a pris des participations dans une centaine d’entreprises, aucune opération n’a pour l’instant abouti dans la région d’Aix-Marseille. Son émissaire très ancré localement était d’ailleurs venu sondé les nouvelles initiatives des jeunes créateurs du technopôle aixois, il serait même en train d’étudier de très près un dossier local à qui il donne un an pour devenir mature.
Demeter Partners, un fonds déjà actif sur le territoire
Le fonds Demeter Partners a également fait le déplacement pour présenter son action dans le domaine du développement durable. Son directeur d’investissement, Mathieu Goudot, partage le diagnostic de Rémy de Tonnac sur l’état du marché : « Il y a eu un effet de mode dévastateur au milieu des années 2000 mais la tempête est passée. Il existe aujourd’hui de nombreux projets viables sur le plan technique et commercial, il faut investir », assure-t-il. Contrairement à ETF Partners, il a déjà pris des participations au sein de sociétés locales comme Idéol (éolien en mer) et Nawa Technologies (batteries électriques). L’un de ses véhicules, le fonds innovation 3, détient 2/3 de ses parts en Paca et Rhône-Alpes. Lui aussi regarde très attentivement de nouveaux dossiers sur la métropole d’Aix-Marseille surtout qu’il se prépare à lancer à la fin du mois un sixième fonds dédié aux smart city, smart energy et à la mobilité.
Paca Investissement et BPI France : les institutionnels finance les cleantech
Les institutionnels n’étaient pas en reste à l’Arbois avec les interventions de BPI France, bras armé de l’Etat, et de Paca investissement, le fonds de la Région. Si ces deux structures ne sont pas spécialisées dans le développement durable, elle s’intéresse de très près au secteur qui progresse fortement dans le département. Paca Investissement a participé aux levées de fonds d’une dizaine d’entreprises « ecotech » de la région comme Crosslux, Sunpartner ou encore Atoll Energy. La Banque Publique d’Investissement (BPI) est quasi incontournable pour les pme émergentes de la région. Elle a mobilisé près de 1,4 milliard d’euros pour 6 000 entreprises en Paca en 2016 pour des prêts, des subventions ou des prises de participation. Pour la plus grosse partie, elle apporte son soutien sous forme d’avances remboursables à taux nul ou très bas avec des délais très étalés. Cette dernière conserve cependant des règles considérées parfois comme restrictives par les entrepreneurs. « Nous avons récupéré 600 000 euros en deux ans auprès de l’Europe mais rien de la BPI. Elle est astreinte à une règle de prêter à hauteur des fonds propres de l’emprunteur, ce qui peut exclure parfois les plus petits qui n’ont pas de moyens », explique un dirigeant dans la salle.