A l’occasion du dernier conseil municipal de Marseille, des affiches étaient disposées sur un arbre, à l’entrée de l’espace Bargemon, afin de transmettre des messages. Parmi ceux-ci, plusieurs concernaient l’ilôt Chanterelle. Retour sur un projet urbanistique controversé.
L’ilôt Chanterelle, cet espace vert du 1er arrondissement, situé entre le boulevard Camille Flammarion et la rue du Commandant Mages, a déchaîné toutes les passions. Son enjeu est d’abord symbolique : il s’agit du dernier poumon vert du 1er arrondissement de Marseille. Ce coin de verdure a été cédé par la ville de Marseille au promoteur immobilier Eiffage Immobilier afin que ce dernier construise des commerces, une résidence étudiante, des logements et une crèche. Mais, si ce projet permet de doter la cité phocéenne d’équipements dont elle manque cruellement (places en crèche, logements étudiants), il cristallise les craintes de Marseillais préoccupés par la nature, écologistes en tête.
La mobilisation écologiste
On ne compte plus les actions qui ont été lancées afin de préserver cet ilôt de verdure : des occupations de site, une pétition qui a recueilli plus de 3500 signatures… Le samedi 22 mars, le collectif “Yes we camp” avait organisé une journée de mobilisation pour sauver l’espace vert. A l’occasion des élections départementales, le binôme socialiste-écologiste en lice sur le canton Marseille 1 englobant l’ilôt Chanterelle avait promis de « sanctuariser les espaces verts » du territoire. Contacté par GoMet’, le conseiller départemental élu, Benoît Payan a affirmé qu’il allait « écrire a la présidente du département, au préfet et même au ministre de l’écologie. » Par ailleurs, fin mars, David Escalier avait grimpé dans un arbre et installé une plateforme pour constituer une Zad (Zone à Défendre) visant à éviter l’abattage des arbres. Dans un communiqué paru début avril, les élus EELV du 1er secteur avaient appelé « les Marseillais et les riverains à faire connaître leur opposition à l’abattage des arbres de Chanterelle. » Toute cette mobilisation n’a finalement pas abouti. Un militant écologiste impliqué dans la défense du parc se désole : « aujourd’hui il ne reste plus que deux arbres : un platane et un micocoulier de Provence. »
Le projet d’urbanisme de la mairie maintenu
Malgré l’opposition des collectifs citoyens et d’élus, le projet d’urbanisme impliquant l’abattage des arbres de l’ilôt Chanterelle est maintenu. Ainsi, Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire de Marseille à l’urbanisme affirme à GoMet’ : « Le projet d’urbanisme est maintenu, il est d’ailleurs déjà en partie commercialisé. » Et l’élue en charge du dossier de préciser : « ce n’était pas un parc, simplement un terrain vague boisé. » Mme Caradec détaille le volet environnemental au projet d’urbanisme Chanterelle qui se veut ambitieux. « Des platanes et micocouliers ont été conservés, de nouveaux arbres seront plantés, un jardin pédagogique sera aménagé. Les bâtiments construits auront une consommation énergétique faible, des places de parking seront réservées pour les voitures électriques… » L’adjointe de Jean-Claude Gaudin qualifie ainsi le projet qui va sortir de terre « d’éco ilôt » avec des « impératifs écologiques importants. »
Laure-Agnès Caradec souligne également les enjeux l’ensemble de l’opération. « Plus de 200 logements ainsi que des équipements de proximité vont être réalisés : une école, une crèche et un local dédié à la mairie de secteur. La volonté de la municipalité est, avec ce projet, de construire un espace de ville et d’achever l’aménagement du quartier Longchamp. » A noter qu’un parking souterrain sera créé et les places seront vendues à tous les riverains afin de libérer des places en bordure de chaussée. Le projet d’aménagement, s’il suscite encore la controverse, par sa dimension environnementale pourrait faire finalement consensus. Mais les tensions demeurent dans une ville où la pression du foncier disposnible reste forte. D’autres projets comme la liaison routière “Linéa” au Nord-est de Marseille pourraient constituer à l’avenir de nouvelles Zad…
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Le récit de la journée du 30 mars 2015
(Illustration : capture d’écran Google Earth)