Bachelière à 15 ans, pressée et talentueuse, Sylvie Grassi n’a pas encore 20 ans lorsqu’elle obtient, à Aix-en-Provence, en 1984 une licence de droit. Suivra naturellement l’admission en sciences politiques à Paris, puis l’École nationale d’administration. En 87/89, elle y côtoie le breton Guillaume Goulard. De leur mariage naîtront trois filles.
Le mur de Berlin s’effondre au même moment, la jeune énarque participera aux négociations sur la réunification allemande. Elle pratique la langue de Goethe aussi aisément que celles de La Fontaine, de Dante et de Shakespeare.
Dix ans plus tard, en 2009, sous la bannière du Mouvement des démocrates, l’électorat de l’Ouest la choisit pour siéger au parlement européen. Elle a déjà signé trois livres : Le Grand Turc et la république de Venise ( où elle écrit que l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne «serait une folie») ; Le Coq et la perle – référence à cette fable où l’animal préfère un grain de mil comestible au bijou, métaphore de l’alliance continentale. Et aussi Il faut cultiver notre jardin européen.
Réélue dans le midi
Au tout début des années 2000, cette mélomane adepte de natation conseillera le président italien de la Commission, Romano Prodi. Elle enseigne également, à Bruges et à Paris. Au renouvellement électoral de 2014, l’euro-députée sera reconduite. Non plus sur une liste de l’Ouest, mais du sud-est de la France, sous l’étiquette ALDE, Alliance des libéraux et démocrates pour l’Europe. Nouvelle salve en librairie, où paraissent L’Europe pour les nuls, Amour ou chambre à part et De la démocratie en Europe, en collaboration avec le premier ministre italien Mario Monti. Autant d’ouvrages confirmant le penchant de cette experte pour le fédéralisme.
Voltairienne
En 2016, alors que le Royaume-Uni se prépare à quitter l’UE, Sylvie Goulard publie Good bye Europe. Elle préside à Strasbourg l’intergroupe de lutte contre la pauvreté et se portera candidate à la présidence du parlement. Selon le Financial Times, elle figure en 2015/2016 parmi les cent femmes les plus influentes dans le domaine de la finance en Europe.
Admiratrice de Voltaire, cette représentante partage sa vie familiale entre le septième arrondissement de Paris – où travaille son avocat de mari – et leur maison aixoise. Durant la campgne présidentielle, elle a multiplié localement les rencontres avec les militants d’En Marche 13. Le 6 décembre prochain, elle aura 53 ans. Elle considère que l’Europe doit réguler la finance plus énergiquement et favoriser la transparence des marchés. Soixante ans après Jean Monnet, elle estime que l’UE serait le meilleur outil pour faire face aux géants du Net, aux puissances émergentes comme aux menaces de régimes autoritaires. À condition, souligne-t-elle, que les peuples parviennent à concilier leurs exigences nationales de souveraineté avec la nécessaire entente entre voisins, et à leur coopération active.
Son propre site Sylvie Goulard privilégie curieusement la langue anglaise, alors que, comme l’avoue son assistante, Heather, « il y a peu de députés européens capables de prononcer une conférence aussi bien en allemand qu’en italien, en anglais ou en français ! »