Suite de notre entretien avec Béatrice Aliphat. Lire le premier volet.
Que comptez-vous faire désormais ?
Béatrice Aliphat. A. Les critiques à mon encontre sur mes choix récents (qu’elles viennent de droite ou de gauche bizarrement) ont été particulièrement violentes. Celles notamment de Monsieur Charroux sont en décalage avec les propos tenus par les élus du Conseil de Territoire insistant pour que les trois communes du territoire restent unies et solidaires… Ces critiques sont déconnectées de la réalité à laquelle sont confrontés nos concitoyens. On voit bien les aspirations de nos populations pour « faire bouger les lignes ». Ce n’est pas avec de telles méthodes qu’elles se réconcilieront avec les élus ! J’entends leurs désirs et je resterai donc loyale à mes engagements de proximité et de pragmatisme. Je constate ainsi que quand on fonctionne différemment, on dérange. Mais je revendique cette approche. Je continuerai donc à travailler avec les services de l’ex-CAPM qui ont réalisé et réalisent encore un travail de fond efficace. Je prendrai connaissance des dossiers existants en profondeur ou j’en insufflerai de nouveaux en collaboration étroite comme je l’ai toujours fait. Je faciliterai les liens sur les compétences qui m’incombent : l’économie et l’emploi, ainsi que l’environnement, la mer et la forêt au Conseil Régional, puis l’industrie et les réseaux de chaleur à la Métropole. Je suivrai de très près tous les sujets concernant l’ouest de l’Etang de Berre ! Enfin, je participerai à la conférence des Maires du Conseil de Territoire du Pays de Martigues et de leurs premiers adjoints (participation de ces derniers à ma demande) pour enfin définir les propositions budgétaires à présenter à la Métropole pour les enjeux de 2017.
Justement, comment positionner l’ouest de l’Etang de Berre au sein de la métropole ?
B.A : Je suis intiment convaincue que l’avenir industriel de la Métropole se situe à l’ouest de l’Etang de Berre avec les projets transversaux aussi bien sur de grandes unités industrielles que des PME en croissance, sur l’économie circulaire, ou encore l’énergie et l’écologie industrielle. Pour cela, les activités actuelles doivent être confortées : la sidérurgie, les plateformes chimiques, l’aéronautique, le nautisme, la réparation navale, la réparation ferroviaire, la logistique portuaire mais aussi le tourisme durable … Et de nouvelles filières doivent se développer : l’éolien off-shore, la chimie verte, les réseaux électriques intelligents, le cinéma, la cosmétique, le traitement des terres polluées…. Ces projets doivent être poussés par les élus pour se développer dans une logique d’interconnexion public / privé. Ils ont pour objectif aussi d’être plus en phase avec l’idée que je me fais et à laquelle je tiens beaucoup, de la protection de notre environnement, de notre cadre de vie. Il faut donc s’appuyer sur nos filières industrielles qui ont fait la richesse de ce territoire. Aidons-les à s’adapter et à adapter également la pré-formation car nombre d’emplois ne sont pas pourvus sur ce territoire. [pullquote] Abandonnons les arguments d’un autre temps comme celui qui voudrait que l’on oppose développement touristique et industrie.[/pullquote] Abandonnons les arguments d’un autre temps comme celui qui voudrait que l’on oppose développement touristique et industrie. Nous avons un littoral exceptionnel, un arrière-pays splendide, un Etang de Berre pittoresque et des joyaux comme le site archéologique de Saint-Blaise qui doit voir sa maison d’accueil comme un des projets à soutenir auprès de la Métropole n’ayant pu aboutir au sein de la CAPM. Ce site est intégré dans un projet global élargi pour être « site classé » au niveau national et a peut-être même pour ambition de devenir une réserve naturelle régionale.
[pullquote]La leçon à retenir est bien que l’ex-CAPM était bien trop « petite » à bien des égards.[/pullquote] La leçon à retenir est bien que l’ex-Pays de Martigues était et demeure bien trop « petit » à bien des égards : de par sa taille, 75 000 habitants, de par son hétérogénéité avec seulement trois communes dont une très importante et une beaucoup plus petite, Saint-Mitre-les-Remparts. J’ai toujours pensé et pense encore que la Métropole devait générer la constitution de trois grands pôles d’intérêt : l’ingénierie (recherche, nouvelles technologies…) avec le Pays d’Aix et le Pays Salonais, la production (industrie, port…) avec le Pays de Martigues et Istres Ouest Provence et l’image (tourisme, méditerranée…) avec le pays d’Aubagne et de l’Etoile et Marseille-Provence. En effet le regroupement des deux territoires Istres Ouest Provence et du Pays de Martigues auraient pu constituer une force et un potentiel équilibrés qui auraient permis de se positionner différemment au sein de la nouvelle Métropole.
« Le jouer collectif de l’Ouest de l’Etang de Berre est indispensable. »
A l’instar de cela, les Conseils de Territoire restent une entité juridique mal définie encore et leurs marges de manœuvre iront en diminuant au cours des années à venir. Aussi, opter pour l’isolement risque de pénaliser fortement l’ensemble de ce bassin de vie et d’emploi. Je pense réellement que ce n’est pas en se repliant sur ses frontières, en construisant « des murs de Berlin » artificiels et idéologiques que l’on défendra son territoire contre les appétits des très grandes villes de la métropole. Le « jouer collectif » de l’Ouest de l’Etang de Berre est indispensable car ce territoire est l’avenir industriel et économique de la métropole, je le répète. Je ne doute pas, que le moment venu et il est proche, le réalisme s’imposera, dans le respect des uns et des autres.
En vidéo :
Un projet de pôle cosmétologie à Saint-Mitre-Les-Remparts