C’était sa mission du jour. Trouver de quoi alimenter le fil photo de Reuters, l’agence de presse internationale pour laquelle il travail à Marseille afin d’illustrer l’hommage national rendu dans le même temps aux Invalides par François Hollande après les attentats de Paris. Du bleu, du blanc et du rouge. De l’originalité, dans la dignité. Jean-Paul Pélissier sur son scooter prend d’abord la direction du Mucem. « Dans le coin, raconte Jean-Paul Pélissier, je fais d’abord la photo de trois chemises bleu blanc rouge et je vois un copain de l’AFP. On se dit alors que l’on aura la même photo. Je cherche autre chose mais ne trouve pas forcément et choisi se repartir vers chez moi, à la porte d’Aix. »
Des embouteillages, même en scooter le trajet normal par le boulevard des Dames est pratiquement impossible. « Je passe alors par une petite rue, que je n’emprunte jamais. Je tombe alors sur ces trois soutiens-gorge raconte le photographe de Reuters dans un léger sourire. Si je ne lève pas la tête je peux passer à côté sans jamais la remarquer mais c’est un réflex. Je regarde quand même toujours ce qui se passe autour de moi. » Les trois soutiens-gorge, pendus à la fenêtre d’un premier étage d’immeuble partent donc au siège de l’agence à Paris et arrivent ensuite sur Twitter, via le compte de Reuters. Le carton est immédiat. Facebook s’en mêle avec des reprises aux quatre coins du monde.
Blue, white and red brassieres hang from a balcony in #Marseille REUTERS/@pelissierjp #hommagenational pic.twitter.com/rE5FOOQ1kf
— Reuters Paris Pix (@ReutersParisPix) 27 Novembre 2015
« L’insolence et l’irrévérence à la française»
En 30 ans de carrière comme correspondant Reuters à Marseille, Jean-Paul Pélissier, reconnaît que cette photo n’est pas la plus difficile à réaliser. En revanche, le symbole qu’elle véhicule explique selon lui l’ampleur de la diffusion sur les réseaux sociaux. « Cette photo, techniquement n’est absolument pas un exploit, indique-t-il. Elle n’est pas recherchée sur le cadre, la lumière. C’est juste la rencontre d’un photographe d’une agence de presse internationale qui permet à la photo d’éclater complètement. C’est une rencontre entre soutiens-gorge et un photographe et pas plus. Pas de mérite si ce n’est d’être passé par là. C’est un symbole qui me plaît. C’est l’insolence à la Française, l’irrévérence, le côté décalé. Si tout le monde l’a reprise c’est une grosse demande des français de garder cet esprit-là, malgré tout ce qui s’est passé. 98% des gens l’adorent sur Twitter. »
Paradoxe de la situation, au service photo de l’agence Reuters France à Paris, on nous explique que « la photo n’a pas été reprise par énormément de clients, même si il est impossible de vous donner une tendance précise compte tenu du nombre important de nos clients. Pour les journaux on était déjà tournés vers la Cop 21 ».