Elue présidente de l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée vendredi 27 novembre, à l’unanimité des membres du conseil d’administration, Laure-Agnès Caradec (déjà conseillère Les Républicains à la Ville, à la métropole et au Conseil départemental, et présidente de l’Agam et du CAUE) succède à Bernard Morel. Elle livre sans détour à Gomet’ sa vision pour les prochaines années.
Gomet’ : Quelle est votre vision pour Euroméditerranée dans 20 ans ?
Laure-Agnès Caradec : Euroméditerranée a déjà 20 ans… et à l’échelle de la construction d’une ville de 2600 ans, c’est très peu ! On se projette donc aussi dans les 20 ans à venir. Nous allons d’abord terminer Euromed 1, déjà quasiment abouti, qui sera parachevé par son projet de cinéma, le parc habité, et les deux tours qui accompagnent la tour de La Marseillaise.
[pullquote]Ce projet vise aussi à concevoir des habitats modulables en fonction de l’évolution familiale des habitants[/pullquote] Avec Euromed 2, dans les 20 prochaines années, nous avons l’ambition de construire un quartier démonstrateur, innovant, en bref une réelle éco-cité prenant en compte à la fois le développement durable et les nouveaux modes habités : avec une boucle de thalassothermie, grâce à de nouvelles techniques de développement durable … ainsi les sols ont été dépollués grâce à des champignons. Ce projet vise aussi à concevoir des habitats modulables en fonction de l’évolution familiale des habitants, à mettre à disposition de nouveaux modes mutualisés comme de l’auto partage, à intégrer de l’innovation, notamment de la domotique pour gérer de façon intelligente les consommations d’énergie. Donc ce sont de beaux challenges pour ces deux décennies. A terme, l’enjeu est de créer un îlot méditerranéen démonstrateur, tenant compte du climat, pour qu’Euroméditerranée soit une référence à l’échelle du pourtour méditerranéen.
[pullquote]Le projet vise enfin à améliorer le fonctionnement croisiériste, ainsi que toutes les autres fonctions de ce port multifonctions[/pullquote]Parallèlement, le projet comprend des enjeux portuaires, afin que le port de Marseille et ses bassins Est continuent à se structurer pour avoir encore plus de dynamique, créer des emplois et de l’activité. Euroméditerranée intègre notamment l’enjeu stratégique du chantier combiné de Mourepiane, qui doit libérer tout l’espace de la gare du Canet. Et le projet vise enfin à améliorer le fonctionnement croisiériste, ainsi que toutes les autres fonctions de ce port multifonctions : le roulier, le vrac… afin de faire le lien avec tous les pôles logistiques de l’hinterland quasiment jusqu’à Lyon.
Gomet’ : Que pensez-vous apporter à ce projet ?
[pullquote]Il s’agit de répondre à un vaste enjeu d’équilibre des territoires.[/pullquote]L-A. C. : Mes autres casquettes… A l’échelle de la Ville, je suis en charge de l’urbanisme, du droit des sols et du patrimoine, et à celle de la communauté urbaine, de la construction du PLUI intercommunal de 18 communes. Ce que j’apporte à Euroméditerranée, c’est une vision globale de l’aménagement de ce territoire non limité aux frontières de ce projet, et la volonté de travailler en transversalité afin de faciliter le lien avec les projets que la Ville a engagés, que ce soit par exemple sur Quartiers libres de la Belle de Mai ou sur la deuxième phase des Docks libres sur laquelle nous lançons des études et des réflexions. Donc il s’agit de répondre à un vaste enjeu d’équilibre des territoires.
Gomet’ : Ces nombreuses casquettes vont-elles vous laisser suffisamment de temps pour Euroméditerranée ?
[pullquote] J’ai demandé au maire d’être un peu allégée sur certaines fonctions.[/pullquote] L-A. C. : Cette nouvelle fonction qui m’est confiée s’inscrit dans la continuité, d’une part parce que je travaillais déjà sur Euroméditerranée, et d’autre part, parce qu’il y a une réelle logique à intégrer cette casquette avec mes autres délégations. J’ai demandé au maire d’être un peu allégée sur certaines fonctions, pour pouvoir me consacrer pleinement à cette tâche d’aménagement du territoire à l’échelle d’Euromediterranée, de la Ville de Marseille, mais aussi de la future métropole.
Gomet’ : Souhaitez-vous une évolution du poids de l’Etat dans Euroméditerranée ?
[pullquote] Nous devons nous obliger à construire de nouveaux modèles sur des financements plus largement croisés. [/pullquote] L-A. C. Aujourd’hui, le poids de l’Etat est fort. On souhaite poursuivre ce travail partenarial, que ce soient les quatre collectivités qui composent Euromed et bien sûr l’Etat, et que l’Etat continue à contribuer financièrement car nous avons des équipements structurants et des infrastructures lourdes à financer. Donc nous avons besoin d’un engagement fort de l’Etat sur cette opération. Mais on sait que l’argent public est en train de se tarir et nous devons nous obliger à construire de nouveaux modèles sur des financements plus largement croisés.
Gomet’ : La création de la Métropole va-t-elle avoir une influence sur Euroméditerranée ? Comment comptez-vous faire adhérer non seulement les Marseillais, mais aussi l’ensemble des métropolitains ?
[pullquote]Il y aura un engagement des six EPCI à financer le projet[/pullquote]L-A. C. : Demain c’est la métropole qui va financer Euromed, et non plus la communauté urbaine, donc il y aura un engagement des six EPCI à financer le projet. On s’aperçoit bien que le poids des centralités fait aussi la richesse des villes périphériques. Nous sommes engagés dans une dynamique territoriale collective, nous aurons des choix d’investissements structurants à faire, Euromed en fait partie car cette liaison ville-port rejaillit à l’échelle métropolitaine. Si on prend l’exemple du pôle logistique de Miramas, il fonctionne forcément avec le port, et même les emplois induits du port sur Aix-en Provence sont importants. Donc la dynamique est collective, et tout le monde a un intérêt à ce que ce territoire devienne plus attractif.
Gomet : Avez-vous une stratégie sur le J1 ? Etes-vous favorable à la création d’une salle de spectacles type Arena ?
[pullquote]L-A. C. : Il faut vraiment arriver à faire quelque chose de ce J1 (lire aussi les déclarations de Gérard Chenoz à Gomet’, NDLR), en optimisant soit le foncier soit ces bâtiments qui n’ont plus d’usage. Sur le deuxième point, Aix-en-Provence lance une salle de spectacles de capacité assez réduite, qui ne répondra pas aux besoins des grandes manifestations. Donc il y a une pertinence, à l’échelle de la Ville de Marseille, à revoir ou moderniser nos équipements actuels. Nous aurons certainement une réflexion collective à ce sujet, mais quoi qu’il arrive, des équipements structurants sur Euromed 2, il en faut.