A l’instar d’un inspecteur de l’éducation nationale, le secrétaire d’État au numérique est passé mardi 9 juillet vérifier l’avancement des travaux de l’équipe du Lab Zéro. Devant son tableau blanc, Marthe Pommié, directrice de la modernisation à la préfecture Paca et responsable du projet, a bien rodé son discours. « Pourquoi le Lab zéro ? Parce que nous avons l’objectif d’arriver à zéro SDF et à zéro non-recours au droit. En plus, on reprend tout de zéro. On s’affranchit totalement des contraintes juridiques et financières pour imaginer toutes les possibilités », démarre-t-elle.
Mobiliser les bâtiments vacants pour loger les SDF
Premier des douze laboratoires d’innovation publique imaginés par l’État pour tester des réponses inédites aux problèmes sociaux, le Lab Zéro a été lancé début 2017 par le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La petite équipe s’est installée à la Friche Belle de Mai pour être en contact avec les associations dont les missions rejoignent ses objectifs. « On croise tous les jours des acteurs qui nous proposent nos idées, on partage nos expériences. C’est très enrichissant », explique Marthe Pommié. Un an et demi après le démarrage, les premières idées concrètes ont vu le jour. Le Lab Zéro commence par des expériences à petite échelle. Par exemple, il a développé une solution pour automatiser l’inscription des jeunes de moins de 25 ans à la sécurité sociale en moins de 6 mois. Il a également un kit d’engagements citoyens proposant aux acteurs de l’immobilier des solutions pour aider à atteindre l’objectif de zéro SDF d’ici à dix ans à Marseille.
Il propose six exemples d’actions concrètes à mener pour sortir les sans-abri de la rue. Cela va de la location de logements à la mise à disposition de lieux temporaires comme des friches en attente de reconversion en passant par l’utilisation du dispositif d’intermédiation locative, la valorisation de déchets de bâtiment ou le mécénat de compétences. « Si on mobilisait ne serait-ce que le patrimoine public vacant à Marseille, on pourrait accueillir tous les SDF de la ville », affirme Marthe Pommié. Un argument entendu par le secrétaire d’État qui rappelle cependant les obstacles à sa mise en œuvre : « Cela soulève des problèmes de sécurité des bâtiments et certains craignent que ça ne retarde d’autant plus les rénovations du patrimoine public », rétorque-t-il.
Éviter la première nuit dans la rue
Pour atteindre son objectif, le Lab Zéro a également prévu une association entre les équipes du Samu 115, des hôpitaux de Marseille et du Service intégré accueil orientation (SIAO) des Bouches-du-Rhône. « Plutôt que de concentrer l’argent sur les centres d’hébergement, on pourrait aider le 115 à éviter que les personnes n’aient jamais à dormir dans la rue », propose Marthe Pommié. Concrètement, le Lab Zéro veut tester la prise en charge en 72h des personnes en situation de première rupture en leur proposant un logement. Il espère ainsi stopper l’augmentation des demandes et des coûts d’accompagnements associés : « Dans 10 ou 15 ans, on verrait que ça coûtera moins cher à l’État », ajoute la responsable du projet. Cette fois-ci, Mounir Mahjoubi semble tout à fait d’accord : « A Paris, on fait de la subvention en paillettes sans réelle vision globale. On sait faire de l’urgence mais pas de long terme », regrette-t-il. Il finit par donner rendez-vous à l’équipe dans quelques mois pour connaître les résultats de son expérience zéro SDF.