12% de la population mondiale – et française dans les mêmes proportions – est atteinte d’endométriose. Cette maladie gynécologique touche principalement les femmes entre 18 et 40 ans et se caractérise notamment par des douleurs, plus ou moins fortes. Si dans 80% des cas elle peut être traitée comme une pathologie classique, pour les 20% restants, elle provoque des contraintes au quotidien. Face à ce constat, deux chirurgiens gynécologues, le professeur Charles Chapron et le docteur Jean-Philippe Estrade, impliqués depuis de nombreuses années dans le diagnostic et le traitement de l’endométriose, ont eu l’idée de développer « MyEndoApp », une plateforme dédiée à cette maladie. Son but : mieux la diagnostiquer et assurer un meilleur suivi des patientes. Elle est disponible au téléchargement depuis la fin du mois de juin.
Objectif : réduire le délai de diagnostic
Le délai de diagnostic de l’endométriose est aujourd’hui très long : entre six et 12 ans. Un laps de temps pendant lequel les patientes ne sont pas suivies et soignées de façon efficiente. « Le premier but de l’application est de réduire ce délai, pour que justement les patientes soient prises en charge plus rapidement », explique à Gomet’ le docteur Jean-Philippe Estrade, qui officie à la clinique Bouchard de Marseille.
Pour cela, elles doivent répondre à deux questionnaires sur MyEndoApp. Des formulaires élaborés par les médecins eux-mêmes et dont le résultat « est fiable à 98% », assure le docteur. Un algorithme a été spécialement créé pour analyser les réponses et donner à la patiente un résultat de risque d’endométriose échelonné sur quatre niveaux (de faible à élevé). Pour chacun d’entre eux, des consignes et recommandations d’examens à mener sont ensuite conseillés (voir photos ci-dessous). « L’objectif est d’aider la patiente à entrer dans un parcours de soin. Elle pourra alors continuer de se servir de l’application comme d’un assistant pour le suivi de sa maladie », précise Jean-Philippe Estrade.
Car MyEndoApp ne s’arrête pas au simple diagnostic de l’endométriose. Une fonctionnalité de stockage y est intégrée, pour scanner et enregistrer ses examens médicaux par exemple. Ce qui permet aux patientes de ne pas les perdre et de les amener aux différents médecins et spécialistes qu’elles consultent. Elles peuvent aussi bénéficier d’informations et d’actualités sur la maladie et détailler au quotidien leur qualité de vie.
Développer la recherche sur l’endométriose
La volonté des deux médecins fondateurs est également de pouvoir accélérer les recherches sur l’endométriose. C’est pourquoi ils travaillent déjà sur une deuxième version de l’application, destinée cette fois non pas aux patientes mais aux médecins. « L’idée est que les professionnels aient accès au dossier de leurs patientes ainsi qu’à tous leurs examens. Qu’ils puissent le compléter en précisant les traitements réalisés, s’il y a eu des opérations, des événements particuliers, etc. Cela nous permettra d’organiser de la recherche clinique sur la vie réelle. C’est très important pour améliorer les traitements », met en avant Jean-Philippe Estrade. Des tendances pourront ainsi peut-être ressortir. Cela favorisera des traitements mieux ciblés et améliorera la connaissance de cette maladie et sa prise en charge pour les futures patientes.
Un modèle freemium
Disponible depuis fin juin 2019, MyEndoApp est gratuite et donne accès au premier questionnaire et aux infos et actualités. Le reste (deuxième questionnaire et fonctionnalités de stockage) est accessible pour un montant unique de 9,99€.
L’application est aujourd’hui entièrement financée sur fonds propres par ses quatre fondateurs : les deux médecins, Raymond Auphan, ingénieur informatique, et Benjamin Richier pour la partie communication. L’équipe souhaite garder le contrôle scientifique sur sa plateforme pour assurer sa crédibilité. « MyEndoApp est entièrement indépendante et toutes les données sont anonymisées », tient à souligner Jean-Philippe Estrade. Transparence et fiabilité, deux notions qui permettront peut-être à cette application marseillaise de s’imposer dans le futur comme référence dans la prise en charge de l’endométriose.