L’association Seconde Nature, offre une seconde vie aux technologies désuètes. Depuis le 20 mai et jusqu’au 28 juin, l’exposition « Archéologie des médias », propose un voyage dans le temps, rythmé par la complexité du langage informatique. Un retour en arrière, pour préserver ou remettre sur pied, ces œuvres numériques qui disparaissent progressivement de notre environnement. Co-organisé avec le Pamal, une unité de recherche de l’Ecole supérieur d’Art d’Avignon, composée d’artistes, de conservateurs et d’ingénieurs, la structure s’attache à comprendre l’évolution des écosystèmes médiatiques. Un parcours déstabilisant, qui pose plusieurs questions, comme celle de la censure, de l’obsolescence, et du tout connecté. L’exposition se divise en deux salles. La première, « les soins palliatifs », comme la nomme les organisateurs, recèle de création à la limite de l’agonie, ou ayant déjà passé l’arme à gauche. «Ces œuvres, posent la question de la préservation, ou de la restauration d’œuvres ayant déjà totalement disparues », explique Corentin Touzet, de l’association Seconde Nature.
Une approche ludique permet de traverser l’histoire du numérique, tout en faisant revivre ces créations, initialement vouées à l’oubli ; « c’est toute la problématique de cette exposition, le côté éphémère suffit-il, ou faut-il préserver ces machines, qui peuvent faire sens encore aujourd’hui ? » enchérit-il. Dans ce brouhaha technologique, l’obsolescence tient le rôle principal. Le système capitaliste et son hyperactivité commerciale, entraine un changement effréné des technologies. Mais faut-il pour autant oublier les racines de ce développement ? L’histoire du numérique fait force d’analyse sociologique : elle étudie l’homme et son comportement, dans un environnement dématérialisé, qui pose pourtant les mêmes questions existentielles que le monde physique. La frontière devient de plus en plus floue, au fil de la visite.
Notre passage sur la toile : éphémère ou indélébile ?
« Les secrets » de Nicolas Frespech, illustre cette sensation. Présenté sous la forme d’un site internet, l’artiste a recueilli et diffusé des secrets que le public publiait sur la toile. En 2001 le site est censuré, la diffusion s’arrête, les données sont effacées. Pourtant, il reste des fragments de vie de ces internautes, conservés sur cd-rom, et un ZIP. Cela soulève un point qui défraie l’actualité en ce moment : la conservation des données qui circulent via l’internet. Notre passage sur la toile est-il éphémère, ou au contraire totalement indélébile ?
Dans la deuxième salle, le climat change du tout au tout. A l’image d’un bloc de réanimation, des technologies totalement obsolètes retrouvent une nouvelle forme d’utilisation. En 2011, Benjamin Gaullon créé « Refunct Media », un écosystème technologique autonome. A partir d’anciens objets « passés de modes », il assemble et fait vivre un organisme totalement indépendant. Ces “zombies” du numérique, s’animent et clignotent à nouveau, tels des spasmes électriques.
D’une certaine façon, ces oubliés technologiques deviennent immortels, poursuivent leur chemin pour témoigner du temps qui passe, et des profonds changements auxquels notre société est confrontée.
REPERES :
> Une exposition en partenariat avec Pamal (Preservation and Art – Media Archeology Lab)
> Entrée libre du mercredi au samedi,de 14h à 18h, jusqu’au 28 juin 2015
> Rencontre le 17 juin, en partenariat avec le magazine MCD (Musiques et cultures digitales)
> Visite guidée : corentin.touzet@secondenature.org
> Seconde nature : 27 bis rue du 11 novembre, 13100 Aix-en-Provence
> Tel : 04 42 64 61 02
> Site : www.secondenature.org