« Je prends mes responsabilités ». C’est le motif avancé par Manuel Valls pour justifier son ralliement à Emmanuel Macron «question de raison» et non de coeur. A peine la phrase prononcée, qu’elle a déclenché un tollé au sein du Parti Socialiste.
Le premier à réagir c’est Patrick Mennucci (photo archives Gomet’ / JY Delattre). Le député du centre-ville de Marseille a envoyé un tweet concis qui a eu beaucoup de succès sur le réseau de micro-blogging. « Tu nous fais honte» a-t-il déclaré, s’adressant directement à Manuel Valls. Partagé plus de 200 fois, sa position semble trouver un écho dans le camp socialiste. Le député marseillais s’est ensuite exprimé sur BFM TV. A noter que M. Mennucci avait soutenu Vincent Peillon lors du premier tour de la primaire, avant de se rallier à Benoît Hamon, après sa victoire.
Jibrayel : « la débâcle totale du parti »
De son côté, le député des quartiers Nord de Marseille (14ème, 15ème et 16ème arrondissements), Henri Jibrayel « condamne » le ralliement de Valls à Macron. Il estime que l’ancien Premier ministre « manque de respect au PS ». Il ajoute que « c‘est un coup dur pour Hamon et pour nos militants qui observent la débâcle totale du parti. Ce n’est pas acceptable de jouer à cela de la part de l’ancien Premier ministre».
La mandataire départementale de la campagne de Benoît Hamon dans les Bouches-du-Rhône, Marion Pigamo, a mis en cause sans le citer Manuel Valls dans un court texte publié sur son profil Facebook : « Etre responsable politique c’est accepter le vote des deux millions d’électeurs qui ont participé à la primaire et l’issue du processus démocratique que l’on a organisé. La démocratie mérite d’être respectée et pour cela le débat doit se faire sur une vision de la société. On ne peut pas être socialiste et être favorable à la suppression de l’ISF, à l’augmentation de la CSG, à la casse du service public. »
Le président du groupe socialiste au conseil municipal de Marseille, Benoît Payan, s’est lui contenté de citer Marcel Pagnol dans un timing si serré qu’on comprend aisément qu’il s’agit d’une réaction à la déclaration de Manuel Valls : « L’honneur, c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois ».
Lettre ouverte sur les quartiers populaires
En réaction au ralliement de Manuel Valls à Emmanuel Macron, Samia Ghali a réagi de façon originale. Elle s’est indignée sur Facebook de ce « mercato politique » estimant qu’une élection présidentielle « ne se gagne pas sur cooptation ». La sénatrice-maire a écrit une lettre ouverte aux candidats à la présidentielle, avec des questions de fond, qui concernent directement les habitants des 15ème et 16ème arrondissements dont elle considère être la porte-parole.
La sénatrice souhaite placer «la question cruciale» des quartiers populaires au coeur de la campagne. Dans cette lettre, où elle demande des réponses aux candidats, elle effectue elle-même des propositions. Parmi elles, on retrouve une idée calquée sur le programme d’Emmanuel Macron : «revenons à l’essentiel en permettant un vrai parcours éducatif pour les enfants en divisant par deux le nombre d’élèves par classe dans les zones d’éducation prioritaire». A noter qu’elle avait rencontré le leader d’En Marche le 18 novembre dernier.
A noter que Jean-David Ciot, député PS d’Aix-en-Provence et premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, n’a pas réagi à l’événement. Il avait déclaré il y a quelques semaines se mettre en retrait de l’élection présidentielle suite à la victoire de Benoit Hamon lors de la primaire socialiste.
Du côté d’En Marche, le son de cloche n’est pas le même. On préfère rappeler que pendant la majeure partie du quinquennat Hollande, le frondeur s’appelait Benoît Hamon. Et qu’en quelque sorte, le candidat du PS et ses soutiens sont mal placés pour donner des leçons en matière de trahison.