Mention passable. Le projet présenté par le Grand port maritime de Marseille (GPMM) d’une extension à Fos de la zone de services portuaires (ZSP1), projet appelé ZSP2 a été évalué par l’Autorité environnementale (Ae), entité indépendante. Son avis, rendu en juillet 2024, est très mitigé sur ce projet de plateforme d’environ 36 ha à terme qui doit être créée, pour servir au lavage, à l’entretien, à la réparation et au stockage de conteneurs vides, pour permettre leur expédition par train, et pour offrir des services aux transporteurs routiers. L’aménagement est planifié dans le prolongement de la ZSP1, entre un terminal conteneurs et Distriport (importante zone logistique portuaire de stockage de produits chimiques). Le montant estimé du projet est de 36 millions d’euros.
Port : des hypothèses de trafic non étayées
L’Autorité environnementale est particulièrement critique et challenge le GPMM sur de nombreux points. A commencer par la raison d’être du projet et les hypothèses de trafic qui ont servi à sa construction. L’évolution des besoins est déduite de celle attendue pour les flux de marchandises. D’un trafic de 1,236 M d’EVP en 2019,il est prévu qu’il évolue, selon une réponse du port présentée dans le bilan de la concertation, vers 2,5 M d’EVP à l’horizon 2030 (2,4 M d’EVP dans l’étude d’impact et même jusqu’à plus de 3,2 M d’EVP dans le dossier de demande de dérogation à la protection des espèces protégées).
« Ces hypothèses, essentielles pour crédibiliser le besoin du projet et pour comprendre la nécessité des impacts qu’il induit, sont indiquées dans le dossier sans les étayer sur des données de planification stratégique du GPMM ni en vérifier la crédibilité sur les années récentes » relève l’autorité environnementale. qui invite le port à fournir plus de détails : « Il apparaît donc essentiel que le dossier motive plus précisément le besoin, son évolution et présente la manière dont la réalisation du projet en tiendra compte dans sa définition (en particulier surfaces nécessaires, phasage le cas échéant en fonction des besoins avérés…) et d’en tenir compte pour l’évaluation de ses impacts. »
Un site à l’intérêt écologique fort ou très fort
Concernant le site du projet, il se distingue par son intérêt écologique, les enjeux associés étant forts ou très forts sur la majorité des parcelles qui seront remblayées pour construire la plateforme. Pour l’Autorité environnementale, les principaux enjeux environnementaux du dossier sont la biodiversité et la préservation des espèces et habitats naturels, la gestion des eaux, le risque d’inondation, le développement du report modal, les émissions de gaz à effet de serre.
Et ici aussi, l’organe émet une série d’observations, réserves et recommandations à l’adresse du GPMM. Globalement « l’étude d’impact est le produit d’un ensemble d’études réalisées à différentes dates, dont la concaténation dans le dossier produit un effet disparate avec des données, des hypothèses et des valeurs qui fluctuent. L’absence de scénario de référence (évolution probable sans projet) fragilise les évaluations présentées. Le diagnostic des milieux naturels a été bien mené et les enjeux afférents, sauf exception, bien identifiés, mais les mesures compensatoires associées restent insuffisantes. »
L’Autorité environnementale émet donc d’autres recommandations sur les thématiques de l’étude d’impact, notamment :
– approfondir les études et les arguments relatifs aux risques d’inondation, -tenir compte des incidences du lavage des conteneurs dans l’étude sur la qualité de l’eau,
– renforcer la protection règlementaire ou foncière des milieux naturels évités par le projet et généraliser cette pratique,
– démontrer, si besoin en prévoyant des mesures complémentaires, que le projet ne porte pas atteinte à la biodiversité et, pour chaque espèce protégée, que les mesures prévues par la demande de dérogation à leur régime de protection permettent de garantir une absence de dégradation de leur état de conservation,
– renforcer significativement la quantité des compensations pour les zones humides et pour les habitats naturels d’intérêt ou accueillant une faune et une flore patrimoniales,
– adosser le dispositif de suivi environnemental à des mesures correctives lorsque des écarts à l’objectif d’absence de perte nette de biodiversité sont constatés,
– veiller à la réalisation des infrastructures ferroviaires dans un délai rapide et à l’atteinte des objectifs affichés de développement du trafic ferroviaire de conteneurs, – reprendre l’évaluation des pollutions de l’air et des émissions de gaz à effet de serre sur la base d’un scénario de référence et d’hypothèses solides et cohérentes, couvrant l’ensemble du projet.
L’ensemble des observations et recommandations de l’Autorité environnementale sont présentées dans l’avis détaillé que nous publions ci-dessous dans son intégralité.
Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur l’extension de la Zone de services portuaires, ZSP2
Liens utiles :
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