Enfant, elle avait deux rêves : « partir créer des écoles au Brésil » et « devenir vétérinaire dans une réserve en Afrique ». Se dessinait alors l’envie de protéger les plus faibles et d’améliorer la vie des gens.
Sophie Joissains, aujourd’hui sénatrice et adjointe à la ville d’Aix, ne se destinait à l’origine pas du tout à la politique, bien qu’originaire d’une famille particulièrement politisée. Elle garde en mémoire les repas de famille animés par des « débats portés très haut » entre « les grands-parents communistes purs et durs » et ses parents qu’elle qualifie de « radicaux ».
[pullquote] « On a toujours besoin de personnes de confiance »[/pullquote] Après des études de droit pénal, puis une bifurcation dans l’audiovisuel, Sophie Joissains a d’abord travaillé comme assistante du PDG dans une maison de production parisienne. Revenue sur Aix quand la PME où elle travaillait a fermé, elle intègre en 2001 le cabinet du maire d’Aix « en tant que juriste » au moment où « Maryse venait d’être élue ». Elle accepte ce poste initialement pour seulement une ou deux années « car on a toujours besoin de personnes de confiance » dans ce milieu. L’aventure politique de Sophie Joissains a donc débuté dans l’ombre de sa mère, sans mandat, comme directrice de cabinet. Mais, fascinée par la « fabrique de projets publics », elle prendra goût à la politique, cette passion familiale qui a poussé son père (Alain Joissains) et sa mère (Maryse Joissains) à devenir maires d’Aix-en-Provence.
Ainsi, en 2004, elle part à 34 ans en campagne sur son nom. Il s’agissait d’élections cantonales, Sophie Joissains se présente avec le patronyme familial dans le « quartier classé très à gauche » du Jas-de-Bouffan. Dans cette première campagne électorale, la novice de la politique « a fait tous les immeubles du Jas » et y a découvert « une diversité de vies et de situations d’un pallier à l’autre ». C’est ce qui l’a convaincue dans son engagement politique. A cause d’un redécoupage des cantons, elle n’a pas pu se présenter devant les électeurs.
[pullquote]En 2013, l’initiative quartier créatif[/pullquote]Sa première élection est donc différée de quatre ans. En mars 2008, Sophie Joissains figure en neuvième position sur la liste d’union de la droite emmenée par sa mère, Maryse Joissains-Masini. Elue au conseil municipal, elle obtient deux délégations qui lui sont chères : la culture et la politique de la ville. Autant attachée à l’accès à la culture du plus grand nombre qu’à la rénovation urbaine, le projet le plus emblématique qu’elle a porté prend place dans la cité Beisson, au nord d’Aix-en-Provence. Elle lance en 2013, dans le cadre de Marseille-Provence, capitale européenne de la culture, l’initiative « quartier créatif » dans ce lieu marqué par la rénovation urbaine. Ce projet aboutira à l’installation d’une sculpture de six mètres de haut « la rose des vents », réalisée par l’artiste contemporain Jean-Michel Othoniel. Par ce monument, le sculpteur a conçu en coopération avec les habitants un nouveau symbole pour la cité jadis marquée par un moulin qui n’existe plus.
L’engagement politique de Sophie Joissains ne s’est pas cantonné à sa ville. En septembre 2008, elle est élue sénatrice UDI des Bouches-du-Rhône sur la liste menée par Jean-Claude Gaudin. Désormais parlementaire, elle porte son regard perçant sur les débats qui lui sont chers, n’hésitant pas à aller à l’encontre de son courant politique comme ce fut le cas, à l’instar de sa mère, sur la question métropolitaine. Farouchement opposée à la récente réforme qui bat en brèche l’égalité du temps de parole des candidats à la présidentielle, elle considère que « tous les candidats doivent être traités de la même manière » et s’insurge contre « une pseudo-équité » s’appuyant sur des « résultats électoraux qui datent au minimum de plusieurs mois ».
[pullquote]La défense des femmes, des mineurs et des personnes âgées.[/pullquote] Ce combat s’inscrit dans la philosophie de la sénatrice, qui considère que « la loi doit être là pour protéger le faible face au fort ». Ainsi, Sophie Joissains met en avant comme combats primordiaux la défense des femmes, des mineurs et des personnes âgées, n’hésitant pas à afficher en bonne place dans son bureau la déclaration des droits de l’enfant. Poursuivant son aventure politique, elle a été élue en décembre 2015 vice-présidente de la région Paca, en charge de la culture, délégation qu’elle assume déjà à Aix-en-Provence. Et lorsqu’on demande à la fille Joissains si elle nourrit de plus grandes ambitions politiques pour la cité de Cézanne, l’intéressée botte en touche. Elle s’avoue simplement « amoureuse » de cette ville, que deux Joissains ont déjà gouverné. Au point de renoncer pour cette Aix qu’elle chérit à sa vice-présidence du Conseil régional. Sophie Joissains, entre eau et feu…