Un hélicoptère posé dans un coin du hangar, des conteneurs aux couleurs militaires, un mur d’écrans et une lumière discrète… « Nous sommes dans la base secrète de l’Hydra. C’est ici que l’agent Libérati (interprété par Vincent Elbaz, NDLR) prépare toutes ses missions. » Au milieu des décors de No Limit – série télévisée diffusée sur TF1, créée et produite par Luc Besson – Olivier Marchetti a les yeux qui brillent. Jean, chemisette et sourire aux lèvres, le quadragénaire s’émerveille comme s’il découvrait l’envers du décor pour la première fois. Il est pourtant de l’autre côté de l’écran, bien en amont de la chaîne. Entrepreneur originaire de Marseille, il est le propriétaire des hangars dans lesquels se tourne, depuis mars 2014, la saison 3 de la série française. Des studios de cinéma dans lesquels il rêve de voir arriver bien d’autres productions.
Car Olivier Marchetti est à l’origine du projet Provence Studios. L’idée : transformer les entrepôts du technopôle de Caronte, situés sur le boulevard maritime de Martigues, en immenses studios de cinéma et faire du pays martégal le futur Hollywood français. 26 000 m² de hangars seront ainsi dédiés à l’offre cinématographique : ateliers, espaces de stockage, plateaux et même décors extérieurs (backlots) seront aménagés à la place de cette ancienne usine logistique. Le tout dans un endroit sécurisé, à l’abri des regards et bien desservi, gares et autoroute étant toutes proches. De quoi dynamiser le territoire et placer la métropole d’Aix-Marseille-Provence en bonne position face à Londres ou Prague, où s’effectuent la plupart des tournages en studios. Cette idée, le chef d’entreprise la mûrit depuis plus de deux ans et les choses se concrétisent.
L’envers du décor
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Le cinéma, Olivier Marchetti n’y connaissait pourtant pas grand chose il y a encore deux ans. Né dans le monde du transport et de la logistique, il est aujourd’hui à la tête du groupe Delta Entreprises, qui anime plusieurs filiales dont la plus connue, Transmavin, a fermé ses portes en novembre 2013 en raison de difficultés financières et de mouvements sociaux importants. Après des études de commerce, le jeune Olivier rejoint l’entreprise familiale et passe par tous les services avant de finalement prendre la direction du groupe en 2004.
À la fin des années 1990, Delta Entreprises rachète les entrepôts du technopôle de Caronte et dix ans plus tard, Olivier Marchetti doit trouver une nouvelle vie à ce lieu vieillissant, dont les bâtiments datent des années 1950 et ne répondent plus à toutes les normes en vigueur. « C’était la réparation de navires de luxe ou le cinéma », se souvient le directeur. Ce sera le cinéma. Novice, Olivier Marchetti ne l’est pas complètement puisque déjà, à la fin des années 1980, la famille accueillait des tournages dans ses bâtiments marseillais. Trop belle pour toi, Un deux trois soleil, Taxi… une première approche du septième art qui séduit déjà beaucoup la famille Marchetti. « Provence Studios, ce sont plusieurs histoires qui se téléscopent et qui convergent. Un enchaînement de coïncidences », résume Olivier Marchetti.
Et lorsqu’en 2010, un régisseur de la série No Limit prend contact avec le directeur pour venir tourner une scène, le temps d’une journée, les choses s’accélèrent.
« Ils ont trouvé le lieu super et m’ont tous dit qu’il y avait un besoin d’endroits comme celui-ci. La demande de la profession est réelle et sachant que 20% des tournages français se font dans la région PACA, il y a un vrai marché. »
Entrepreneur dans l’âme, Olivier Marchetti étudie le marché, évalue la demande, parcourt la France et les États-Unis, et se positionne deux ans plus tard avec un dossier finalisé, qui attire rapidement l’attention de différents acteurs du territoire. L’agence de développement économique des Bouches-du-Rhône Provence Promotion, la ville de Martigues et la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille-Provence soutiennent ainsi le projet. « Le cinéma est un vecteur d’image et de rayonnement absolument phénoménal, explique ainsi Franck Recoing, vice-président de la CCI et trésorier des filières du développement et du tourisme. Je crois beaucoup à ce projet et mon ambition extrême, c’est de faire venir dans la région un tournage de dimension internationale qui fasse rayonner notre territoire. »
[En images] À quoi ressembleront ces studios de cinéma ? Découvrez notre diaporama :
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10 millions d’euros et 1 000 emplois à la clé
Aujourd’hui bien entouré, Olivier Marchetti veut faire les choses dans l’ordre. « On va monter crescendo. On va faire un premier studio, le remplir, un deuxième studio, le remplir, etc. » Côté aménagements, les « boîtes vides » actuelles devront subir quelques travaux : des murs latéraux devront être montés pour une parfaite isolation acoustique, des grilles techniques devront être aménagées pour permettre d’accrocher éclairage et autres accessoires et la climatisation devra être mise en place. À l’extérieur, des panneaux photovoltaïques seront installés et à l’intérieur, un système de chauffage à bois sera mis en place.
« La plupart des déchets liés à l’activité cinéma sont en bois. On pourra donc les brûler pour chauffer les studios. Nous serons les premiers studios écolos au monde », se réjouit Olivier Marchetti qui, en plus des tournages, veut attirer dans ses studios tous les prestataires du cinéma, des loueurs d’équipement aux loueurs de caméras en passant par les accessoiristes, etc.
L’homme d’affaire se donne deux ans. D’ici là, il espère pouvoir accueillir trois ou quatre tournages simultanés et pense être à même de créer jusqu’à 1 000 emplois.
Côté finances, le budget total nécessaire à la réalisation du projet est estimé à 10 millions d’euros* par son fondateur. « C’est le seuil que je ne veux pas dépasser, c’est ce qui nous permettra d’être compétitifs », annonce le chef d’entreprise qui prévoit de financer une partie du projet en fonds propres avant de faire appel aux banques et à des fonds privés. Les studios, eux, seront loués moins de deux euros par jour le mètre carré. Confiant sur le modèle économique, Olivier Marchetti dit surtout avoir besoin de se faire connaître et de prospecter. Du 10 au 14 septembre 2014, il sera au Festival de la fiction TV, à La Rochelle, où il espère trouver de potentiels clients. « Nous misons sur les séries et les web-séries, plus largement tournées en studios que les grosses productions. Pas de problèmes météorologiques, pas d’autorisation à avoir, le tournage en studios va largement se démocratiser, j’en suis sûr », parie Olivier Marchetti. Après l’industrie et la logistique, les entrepôts du technopôle de Caronte s’offrent donc une nouvelle vie. « C’est toujours l’usine, mais l’usine à rêves », conclut Olivier Marchetti.
*À titre de comparaison, les 9 000 m2 de plateaux qui forment aujourd’hui la Cité du cinéma, à Paris, ont coûté 30 millions d’euros.