Le Front national espère l’emporter au second tour. Son score historique sera-t-il suffisant ? Reportage.
Rassemblés au rez-de-chaussée de la fédération du FN dans les Bouches-du-Rhône, la centaine de militants Front national marseillais est d’humeur festive. Les sourires se retrouvent sur tous les visages, les rires fusent, et tous imaginent déjà la victoire. Soudain, toute la salle se tait pour écouter Marion Maréchal-Le Pen, leur meneuse, en train de s’exprimer à la télévision, en direct du Pontet.
Un « score absolument historique »
A l’évidence, elle ne s’y attendait pas. Elle ne pensait pas qu’elle franchirait la barre symbolique des 40%. Qu’elle distancerait de 15 points son rival Christian Estrosi. Dans les locaux de la fédération, c’est une surprise générale, et un succès qui se savoure. Bernard Marandat, conseiller municipal et métropolitain de Marseille, nous confie qu’il s’agit là « d’un succès indéniable », ajoutant qu’il « serait difficile de dire le contraire ». Dans sa déclaration devant ses militants réunis au Pontet, Marion Maréchal-Le Pen salue un « score absolument historique » qui « nous honore et nous oblige à la fois ». La cadette de l’Assemblée nationale ajoute que « ce soir, le vieux système est mort ». Elle estime que son résultat très élevé met fin au clivage gauche-droite habituel sous la cinquième république.
Un second tour : « seul contre le système »
Justement, Christophe Castaner a annoncé, peu après, le retrait de sa liste au second tour pour mener un front républicain. Si Marion Maréchal-Le Pen n’a pas voulu commenter cette décision à l’antenne, Bernard Marandat a bien voulu nous en parler : « Au second tour, on est habitués : le système se met ensemble. La droite et la gauche, qui nous gouvernent depuis des décennies, s’allient pour garder leurs places en jouant uniquement sur des réflexes de peur ». Néanmoins, il considère que la victoire du Front national en duel face à Christian Estrosi au second tour « est une possibilité certaine ».
Objectivement, les réserves de voix du Front national sont faibles. Marion Maréchal-Le Pen ne peut vraiment compter que sur le report des 1.12% de Jacques Bompard avec sa liste de dissidents du Front National, proches de Jean-Marie Le Pen. Le député-maire d’Orange a d’ailleurs rapidement annoncé « son ralliement » à la liste du Front national dans une volonté « d’enterrer la hache de guerre ». Beaucoup d’observateurs politiques pensent que le FN pourra également compter sur le report, au moins partiel, des électeurs de Debout La France, liste qui a obtenu 1.95% en région Paca.
L’abstention et la participation feront le second tour
Mathématiquement, à partir des résultats du premier tour, le Front National n’est pas en mesure de l’emporter au second tour si tous les électeurs de droite et de gauche votent pour Christian Estrosi. Néanmoins, beaucoup d’éléments nous laissent présager que le second tour ne sera pas une copie conforme du premier.
En effet, beaucoup d’électeurs de gauche nous ont confié « ne pas se déplacer pour aller voter Christian Estrosi au second tour ». Dans les rangs de ce dernier, les militants nous assurent qu’ils méneront « une farouche campagne de second tour » pour « mobiliser le plus possible derrière Christian Estrosi ». Certainement que le député-maire de Nice pourra compter sur le suffrage de nombreux abstentionnistes du premier tour. Pour lui, la question est de savoir si au second tour, la participation des abstentionnistes du premier tour sera plus forte que l’abstention des électeurs de gauche.
Du côté du Front National, Marion Maréchal-Le Pen estime que ce premier tour est une victoire étant donné « la forte participation comparée aux dernières régionales » et son « score historique» . Bernard Marandat nous déclare attendre au second tour « un élan républicain » pour l’emporter précisant « pas républicain de pacotille, vraiment républicain, pour en finir avec le système droite-gauche ».
(Illustration : @Marion_M_Le_Pen)