Créé à la fin de l’année 2017, Cap Sport est le premier pole territorial de coopération économique de France sur le sport. Comment est-il né ?
René Fano : A la base, c’est une idée du maire de Miramas, Frédéric Vigouroux. Il avait peur de voir le tissu des associations sportives se dégrader sur le territoire à cause de la fin des contrats aidés qui étaient très utilisés par nos structures. Ne pouvant plus trop compter sur le soutien de l’État et des collectivités, les associations sportives doivent réinventer leur modèle économique pour trouver de nouvelles ressources. Nous ne pouvons plus nous contenter d’agir seul au niveau de la commune. Il faut avoir une approche territoriale pour travailler en équipe et toucher le plus de monde possible. La filière sport est un vecteur de développement économique comme un autre qui crée de l’emploi et de la valeur. Pour le développer, il faut une approche managériale.
Concrètement, c’est quoi Cap Sport ?
R.F : C’est une association loi de 1901 qui réunit les structures sportives, le monde économique et les collectivités. On veut créer du lien entre ces mondes qui se fréquentent mais se connaissent finalement mal. Cap Sport est dirigé par 15 administrateurs dont 1/3 sont des cadres dirigeants d’entreprises, 1/3 des responsables d’associations sportives et 1/3 des personnalités liées au sport comme des patrons de fédérations ou de ligues. Nous sommes les premiers à nous fédérer sur le département et on rassemble le pays de Martigues, Istres Ouest Provence, le Pays d’Arles et le Pays Salonais. Mais on espère bien montrer l’exemple pour donner envie de créer un ou deux autres Cap Sport à l’Est.
Vous voulez convaincre les entreprises d’utiliser le sport comme levier de croissance. Comment comptez-vous vous y prendre ?
R.F : Le problème n’est pas tant de convaincre que d’accompagner. Selon une étude menée par le ministère des sports, le Medef, le Comité national olympique et sportif français (Cnosf) et l’Union sport et cycle, le niveau d’engagement des entreprises françaises dans la mise en œuvre d’activités physiques et sportives est encore faible. Pourtant, 87 % des dirigeants sont conscients que l’intégration du sport dans leur management améliore la performance. Aujourd’hui, les patrons de petites et moyennes entreprises ne savent comment s’y prendre pour organiser des activités sportives. Ils ne savent pas à qui s’adresser, combien ça coûte, quelles sont les aides… Avec Cap Sport, on peut les conseiller et leur apporter des solutions. Par exemple, on travaille avec les communes pour mettre les gymnases à disposition des entreprises et des associations sportives afin d’offrir aux salariés des lieux pour exercer une activité sportive. Les petites entreprises pourraient même se réunir si elles n’ont pas assez de candidats. Cette initiative permet aux salariés de payer moins cher qu’une licence individuelle et cela apporte de l’activité aux associations sportives. C’est du gagnant-gagnant. On a également proposé aux collectivités et aux services de l’État d’intégrer dans les schémas d’urbanisme la construction d’espaces dédiés au sport lors de la création d’une zone d’activité économique. Pour nous, ça devrait être obligatoire.
Avez-vous des exemples de bonnes pratiques à nous donner ?
R.F : On travaille avec McArthurGlen, la société qui gère le village des marques de Miramas. Elle emploie une trentaine de personnes et propose un forfait de 350 euros par an aux salariés qui souhaitent s’inscrire à une activité sportive. Ils ont compris que ça motivait davantage les équipes et qu’ils en retiraint un bénéfice direct. Maintenant, on voit plus grand en essayant de convaincre les boutiques du village de suivre leur exemple. Cela concerne 650 salariés au total sur le site. On a réuni une dizaine d’associations pour qu’elles réfléchissent à une offre commune adaptée aux besoins des entreprises. Il faut que le monde sportif associatif comprennent que les entreprises sont une cible prioritaire pour leur développement.
Comment vous financez-vous aujourd’hui ?
R.F : On fonctionne grâce à des subventions de la mairie de Miramas et de la Région Sud et on a quelques partenaires privés comme le Crédit Agricole Alpes Provence et McArthurGlen. On espère bientôt convaincre de nouvelles entreprises du territoire de nous rejoindre. J’espère vous annoncer de bonnes nouvelles dans les mois qui viennent. Enfin, nous avons prévu de nous rapprocher de Martine Vassal pour voir comment obtenir l’aide du Département et de la Métropole ainsi que des autres communes du territoire.
Comptez-vous organiser d’autres forums du sport en entreprise ?
R.F : Oui, cette première édition est un vrai succès avec plus de 200 participants de tous bords qui ont répondu présent. On espère faire encore mieux l’année prochaine. On a prévu de le faire en novembre 2019 et d’intégrer cette fois la question du sport adapté au handicap.