Shéhérazade, c’est Juliette. Et Zak- son Roméo, à la magnifique chevelure. L’action ne se joue pas à Vérone, mais du côté de la Belle de mai. Zacharie est un voyou, il sort de prison et s’échappe du foyer. Shéhérazade fait le tapin entre la place Labadie et boulevard Sakakini.
Mais une pute peut aimer, sucer son pouce comme une gamine, et l’être aussi. Ce film dégage une puissante saveur d’authentique, notamment dans le langage, ses “poucave” et “emboucané”… Le public marseillais reconnaîtra aisément la plupart des lieux de tournage.
Marseillais lui aussi, le réalisateur Jean-Bernard Marlin avoue (entretien avec Libération) : « la première chose que j’ai apprise en arrivant ici, avant de m’inscrire au foot, c’est de voler ! » Ce quotidien salue toutefois la justesse et l’admirable honnêteté de l’histoire du “proxénète amoureux”.
À fleur de bitume
« Attention au retour de baston !» s’exclame le critique cinéma du Canard enchaîné, louant « la belle énergie insufflée par de jeunes acteurs non professionnels, qui rejouent leur vie.» Le Monde (4/09) converge sur cette fiction documentée», car ces personnages ont connu « dans la vraie vie », prison et foyer. L’Obs relève que le récit se déroule “à fleur de bitume», avec une « gouaille pauvre» , mais sans «surplomb sociologisant» ; autrement dit, «un film brûlant sur un petit miracle : l’éclosion de l’amour là où il n’y en avait plus »… Entre une tignasse de jeune marlou basané et « un port de reine sur un déhanché de pute.»
Les Inrockuptibles ont vu un film «fou, noir et ultra contemporain.» Télérama se déclare «chahuté” par cette «éducation sentimentale» tournant à l’ «épiphanie incandescente.» La Croix dépeint «une tragédie grecque dans les cités de Marseille», en rappelant que dans la langue perse, Shéhérazade signifie «enfant de la ville.» Match note qu’au festival d’Angoulême l’œuvre a remporté le Valois de diamant.
Loin d’une histoire à l’eau de rose, écrit encore Le Figaro, ce premier film est bien «la claque de la rentrée» et Dylan Robert comme Kenza Fortes, ses deux héros débutants, crèvent l’écran. Facile à vérifier en allant voir (aux côtés de la jeunesse locale), le grand écran de l’Alhambra, au coeur du quartier populaire de saint Henri – seul cinéma du grand nord phocéen.
Agenda
A l’Alhambra, ciné repas mardi 25/09 à 20h30.