Quand Sabine Bernasconi, maire Les Républicains du premier secteur de Marseille regarde par la fenêtre de son bureau en haut de la mairie sur la Canebière, elle voit la future place incontournable de la culture dans la cité phocéenne, et même à l’international. Pour Gomet’, l’élue revient sur le projet de rénovation d’un axe dont les lustres d’antan ont laissé place à un un certain déclin. Sabine Bernasconi veut ramener la Canebière au niveau de Broadway à New-York ou encore de Soho à Londres, rien que ça.
Gomet’ : Les recours sont à présent épuisés au sujet du prochain hôtel de luxe prévu sur la Canebière. Est ce que cela marque pour vous le véritable début du plan de reconstruction que vous voulez mettre en place ?
Sabine Bernasconi : Non, c’est pas un début, c’est une nouvelle étape. La Canebière est l’objet d’une rénovation depuis plusieurs années maintenant. Le bas de la Canebière, avec l’office du tourisme, des entreprises qui sont venues s ‘installer, l’arrivée du tram sur le haut. Le projet s’inscrit dans le cadre de cette requalification et c’est vrai qu’il est resté longtemps à l’arrêt à cause des recours et aujourd’hui il est relancé. Voir un hôtel et une brasserie avec un spa s’installer c’est une nouvelle étape de la qualification.
Gomet’ : Quelle est la philosophie de ce projet ?
S.B. : Après la requalification du lieu, il faut retrouver l’identité. Pas une identité mais son identité. La Canebière doit retrouver son identité. Pendant longtemps c’était le lieu où on venait prendre du bon temps, avec de magnifiques brasseries, des revues comme l’Alcazar. C’était un centre de vie culturel. Aujourd’hui je voudrais que l’on retrouve cette identité. Venir pour assister à un spectacle. Je veux que l’on retrouve cette atmosphère-là. Vous n’allez pas venir sur la Canebière acheter un kébab. Aujourd’hui vous venez sur la Canebière pourquoi ? C’est cette question qu’il faut se poser. Avec la création d’un cinéma et d’une salle d’exposition en haut, je veux remettre la culture au milieu du quartier. On va confirmer cette vocation culturelle. Il faut créer un regard nouveau et concrétiser le potentiel qui existe.
Gomet’ : Comment faire pour changer l’image de la Canebière ?
S.B. : C’est tout mon combat. Faire en sorte que l’on trouve un regard neuf sur ce lien avec cette réalité historique. Il n’y a pas de nostalgie dans ce que je vous dis. Aujourd’hui c’est retrouver cette identité culturelle mais la relancer avec des esthétiques d’aujourd’hui, on doit laisser place à tout ce qui concerne la création, l’art contemporain avec une place pour le numérique.
Gomet’ : Comment renouer avec le développement économique ?
S.B. : Je ne crois pas au développement commercial de la Canebière. Je crois à son développement culturel. La Canebière fera le lien justement entre les commerces de la rive droite et de la rive gauche. Au cœur du centre commercial de Marseille qui va aujourd’hui du Vélodrome au Terrasses du port. Je n’attends pas des enseignes comme aux docks avec des galeries qui s’ouvrent. Moi les investissements que je veux attirer ce sont des hôtels, des restaurants, des salles de spectacle et des gens qui sont capables de rénover le patrimoine car il y a des pépites sur la Canebière avec notamment des appartements magnifiques à rénover. Beaucoup de choses ont été dénaturées. Pour retrouver la beauté d’origine, il faut des investisseurs. La collectivité publique a montré qu’il y a matière à recréer un environnement propice pour attirer ces investisseurs; ils viennent aujourd’hui.
Gomet’ : Le fait d’installer cet hôtel du groupe Intercontinental, c’est un acte culturel pour vous ?
S.B. : Cela s’inscrit dans une démarche globale qui vient appuyer la démarche culturelle. Si à la place de l’hôtel vous aviez eu une grande enseigne, on n’était pas dans le même esprit. Il faut partir de ce qui existe et faire de la mise en réseau. On a un plan en tête, il va falloir de la signalétique, des marqueurs forts.
Gomet’ : Vous vous donnez combien de temps ?
S.B. : Par étape ! L’aboutissement [elle marque un silence]… C’est plus compliqué que ça mais il faut que les gens sentent un changement c’est ça le critère pour savoir si on va réussir. C’est compliqué de vous dire car il y a plusieurs étapes et la plus visible c’est le centre culturel à la place de la mairie. Mais d’ici trois, quatre, cinq ans. Ca va se faire par étape et on sera prêt quand le contenu sera prêt
Gomet’ : L’actuelle mairie des 1er et 7ème arrondissements va donc devenir un centre culturel. Il y a une inspiration tout droit venue de Broadway?
S.B. : Oui j’appelle la Canebière le « Broadway marseillais ». Je vais vous dire mon rêve dans le monde les lieux de spectacle c’est Broadway, Soho et … la Canebière… Marseille le mérite. Broadway c’est la vie de la nuit, le spectacle. Je veux que l’on recrée cette idée.
Gomet’ : Vous allez devoir concilier ce projet avec une hausse du niveau de sécurité ?
S.B. : La police vous dirait que ce n’est pas sur la Canebière qu’il y a le plus de problèmes de sécurité. S’il y a de l’ambiance, de l’animation, un mélange de population et un regard nouveau, oui il faudra faire en sorte que la sécurité soit assurée. On ne veut pas que ça fasse capoter le projet.
(Illustration de une : Sabine Bernasconi, en tant que vice-présidente déléguée à la culture au Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a inauguré jeudi 15 octobre la Fiesta des suds au Dock des suds. (Photo Jean Yves Delattre).