Chaque jour, la Ville de Marseille essuie plusieurs milliers d’attaques sur son réseau informatique. Les cybercriminels s’intéressent aux différentes données des administrés stockées par les services municipaux (état civil, main courante à la police…) ou même aux images de vidéosurveillance : « Je me suis battu pour l’utilisation des nouvelles technologies en matière de sécurité urbaine avec notamment l’installation de nouvelles caméras. Maintenant, il faut s’assurer que le système soit protégé », prévient Caroline Pozmentier, l’adjointe municipale à la sécurité.
Les étudiants « hackers » de Polytech vont tester la sécurité de la ville
La Ville de Marseille a mis en place une convention de partenariat avec l’école d’ingénieur Polytech d’Aix-Marseille Université et Netguard, une start-up marseillaise spécialisée dans la sécurité informatique. Cette alliance a été scellée mardi 6 juin à l’Hôtel de Ville, par Caroline Pozmentier, Marie Barbarin de Masclet, vice-présidente d’Aix-Marseille Université et Ely de Travieso, PDG de Netguard. Elle donne naissance au dispositif SafeGouv, une plateforme pédagogique qui doit permettre de renforcer gratuitement la protection des systèmes d’information de la municipalité. Grâce à cet outil développé sur la base du logiciel BugBounty de Netguard, le club de « hackers éthiques » des étudiants de Polyetch va pouvoir tester régulièrement la sécurité des réseaux de la ville et proposer de nouvelles solutions. Ce travail s’inscrit pleinement dans leur cursus de formation avec un encadrement des professeurs : « Il faut d’abord établir une relation de confiance entre les étudiants et les services de la municipalité. La Ville va définir le périmètre de travail accessible via SafeGouv et l’élargira au fur et à mesure que la collaboration se renforcera », précise Ely de Travieso, PDG de Netguard. Ce partenariat permettra aux étudiants d’améliorer leurs compétences dans les conditions du réel mais également d’apprendre à travailler pour un donneur d’ordre institutionnel avec de potentielles opportunités professionnels à l’issue de leur formation.
Une première marseillaise avant le lancement national en octobre
L’opération commence dès aujourd’hui avec une vingtaine d’étudiants de Polytech Marseille mais devrait bientôt s’élargir dans d’autres villes du pays. Un deuxième lancement, national celui-ci, est prévu pour le mois d’octobre et impliquera 200 étudiants de différentes écoles (Isia, Telecom Bretagne, Epita…). SafeGouv a vocation à s’adresser à un maximum de collectivités locales dans tout le pays. Dans quelques mois, il sera proposé aux municipalités mais aussi aux chambres de commerce et d’industries, aux conseils régionaux, aux tribunaux de commerce… « Aujourd’hui, nous sommes à la mairie de Marseille et c’est une grande fierté mais je rêve dans un an, de faire la même présentation à l’Élysée », avoue Ely de Travieso. Il voit même encore plus loin car il a déjà réservé le nom de domaine SafeEuropa…
Repères : Netguard veut imposer BugBounty dans toute l’Europe
Créée il y a un peu plus d’un an, la start-up marseillaise a finalement déployé sa solution phare BugBounty depuis six mois auprès de ses premiers clients. En très peu de temps, sa plateforme de recherche des vulnérabilités informatiques a séduit de grands noms comme Voyages-SNCF, Jaguar Network ou Sanofi. « Mais notre outil permet également aux PME de se protéger pour moins de 100 euros par mois », ajoute son fondateur, Ely de Travieso. La BugBountyZone est une plateforme de mise en relation entre des entreprises soucieuses de leur sécurité et veut devenir la première communauté professionnelle d’experts en sécurité informatique. Installée au sein de la pépinière de Marseille Innovation à Château-Gombert, Netguard emploie désormais sept salariés et a séduit une cinquantaine de clients et « nous faisons entrer environ cinq nouveaux contrats toutes les semaines », assure le patron. Cette forte croissance le renforce dans l’efficacité de son positionnement et il rêve maintenant de conquérir l’Europe. La première offensive commerciale au-delà des frontières hexagonales est prévue pour le début de l’année prochaine.