C’était un rendez-vous pour parler du fond. Organisés à l’initiative du député Christian Kert, les États généraux de l’UMP qui se sont déroulés mercredi 8 octobre au château de la Pioline à Aix-en-Provence ont brillé par une absence qui fut dans toutes les têtes : celle de Nicolas Sarkozy, qui a décliné l’invitation. En l’absence de l’ancien président, l’évènement a tout de même attiré deux candidats à la présidence de l’UMP, Hervé Mariton et Bruno le Maire, qui ont assuré le spectacle, ainsi que le secrétaire général par intérim Luc Chatel.
Un joli cadre, donc, pour une discussion animée et destinée à réconcilier la base des militants, dont certains sont « écoeurés » par les affaires et les guerres internes. Et seraient même prêts, dans un département traditionnellement à droite, à se tourner vers le Front national. La soirée était l’occasion de présenter un cahier de doléances sur lequel étaient consignées les propositions et interpellations des militants en vue du congrès qui désignera le futur président du parti le 29 novembre prochain. Un extrait de ce cahier de doléances « assez sanglant », comme a pu le remarquer Elisa Bertholomey, journaliste à LCP présente sur place :
Un extrait de la synthèse des cahiers de doléances organisés par @christian_kert, c’est assez sanglant #UMP @LCPan pic.twitter.com/xK1spgJXmC
— Elisa Bertholomey (@ebertholomey) 8 Octobre 2014
Pendant ce temps là, Nicolas Sarkozy était à Toulouse pour un meeting questions réponses. Une nouvelle manière de faire campagne, plus sobre, qui tranche avec l’époque folie des grandeurs façon Bygmalion, du nom de cette agence de com’ dirigée par des proches de Jean-François Copé et accusée d’avoir cautionné un système de fausses factures pendant la campagne présidentielle.
Les deux autres candidats, eux, rivalisent également de simplicité et mènent une campagne « low-cost », comme l’explique France Info. Pas de local de campagne pour le député de la Drôme Hervé Mariton, qui dort parfois chez l’habitant, imitant en ceci le général de Gaulle. Deux personnes à plein temps et une armée de bénévoles pour l’ancien ministre Bruno le Maire, qui mène également une campagne très active sur les réseaux sociaux avec son hashtag #AvecBLM, et dont le QG de campagne est meublé grâce à Ikea, assure son directeur de campagne…
Salle comble et militants #UMP enthousiastes ce soir à Aix-en-Provence avec @Bruno_LeMaire #avecBLM pic.twitter.com/DepRAUwWrE
— Avec Bruno Le Maire (@AvecBLM) 8 Octobre 2014
De la simplicité, pour apparaître au plus proche des militants. À Aix-en-Provence, Bruno le Maire a rivalisé de formules sur ce thème : « Ce qui a cloché à l’UMP ce n’est pas les militants, c’est le sommet », a-t-il déclaré, les incitant à ne pas se tromper d’échéance. « Sinon vous allez revivre le cauchemar de 2012 c’est-à-dire la guerre des chefs ». Pour autant, l’ancien ministre de l’Agriculture ne veut pas saborder l’UMP. Pour lui, c’est une marque qu’il faut conserver, comparant le nom de son parti à la marque automobile Audi : « Il y a 25 ans, ça ne valait pas un clou. Ils ont changé le fonctionnement et aujourd’hui c’est l’une des plus profitables ».
Hervé Mariton, lui, a déroulé son argumentaire : il veut abroger la loi Taubira sur le mariage pour tous, se déclare favorable au droit du sang… « Une campagne pour dire la vérité », a-t-il expliqué, n’hésitant pas à contredire son concurrent du soir. Et une tactique destinée à séduire des militants qui ont pu, tout au long de la soirée, exprimer leurs craintes, leurs déceptions… et aussi leurs espoirs, comme l’a noté Frédéric Says, journaliste à France Culture :
Une militante qui revient de la Manif pour tous : “J’ai 7 enfants… – Bravo.. – Et vous avez été mous pour defendre la famille !” #UmpAix
— Frédéric Says (@FredericSays) 8 Octobre 2014
Finalement, que restera-t-il de cette soirée ? Peut être la certitude qu’il faudra encore un peu de temps pour réconcilier la droite…
(Crédit photo: Twitter @FredericSays)