L’histoire de Soribike commence dès la fin 2012, dans la commune de Bouc-bel-Air. Fabien Soria est alors responsable du service après-vente au sein d’une grande marque automobile. Un retrait temporaire de son permis de conduire le contraint à substituer à sa voiture un vélo à assistance électrique (VAE), afin d’effectuer ses trajets quotidiens. Domicile-travail, travail-domicile. Et la désagréable expérience aurait pu s’arrêter là. C’est précisément ici, bien au contraire, que cet ex-cadre de l’industrie automobile se mue en entrepreneur, aux côtés d’un second associé, dans le secteur des loisirs durables.
Le pari du VTT loisir
C’est bien le sens de son idée : les VAE traditionnels, destinés à la mobilité douce et routière, font déjà le lit de nouveaux acteurs économiques implantés dans la région. Ces derniers proposent des cycles certes utilitaires mais dont l’arsenal électrique (batterie et moteur) prend le pas sur toute autre forme de considérations esthétiques. À ces transports alternatifs, Fabien Soria préfère le VTT design, puissant et de loisir.
Contrairement aux VAE traditionnels, les deux premiers modèles produits par Soribike ne peuvent pas être homologués pour la route : leurs caractéristiques techniques ne répondent pas à la norme européenne (EN15194) en vigueur qui permet à un usager des VAE d’être soumis aux même règles que celles imposées à un cycliste traditionnel. Trois éléments en dessinent l’ossature : l’assistance électrique doit s’interrompre lorsque la vitesse du vélo dépasse les 25km/h, elle doit également se couper quand l’utilisateur cesse de pédaler, la puissance du moteur ne peut excéder les 250 Watts. Avec un doublement de cette limite-là, les vélos produits par Soribike roulent donc hors cadre.
Des modèles hybrides, entre vélos électriques et motos
Un an durant, le jeune entrepreneur développe son concept et, toujours à domicile, installe finalement son atelier de recherche et développement et d’assemblage des produits finis. Fabien Soria s’appuie sur des cadres de vélo haut de gamme livrés par ses fournisseurs asiatiques et sur des accessoires en provenance notamment de France et d’Italie. Après une série de tests techniques et d’approches esthétiques, il sélectionne les éléments qui, articulés les uns avec les autres, donneront vie à de puissants VTT électriques, à la frontière avec la motocyclette : un moteur de 500 Watts, une batterie de 48 Volts et prévue pour 500 cycles de charge, environ 40 km/h de vitesse maximale et une autonomie réduite du fait de la puissance de ces vélos, en moyenne 25 km.
Il reste toutefois possible, sur demande particulière, de préférer une version homologuée des modèles survitaminés proposés par Soribike ; le tout pour le prix d’un joli scooter. Une somme. Une prime d’aide à l’achat commence d’ailleurs à fleurir sur le territoire français, à Marseille-Provence-Métropole, par exemple. La communauté urbaine l’a mise en place au début de l’année 2014, avec un gain pour l’acheteur pouvant atteindre les 400 euros. Le Conseil national des professionnels du cycle évalue à 56 000 le nombre d’unités vendues en France pour l’année 2013 ; soit une progression en un an de 17 %.
E-Cyclette : un tremplin pour Soribike
Commercialisés dès le mois de novembre 2013, les VTT de Fabien Soria se sont attirés en quelques mois les faveurs d’une vingtaine d’usagers. Deux solutions existent aujourd’hui pour s’en procurer : l’achat en ligne sur le site de Soribike ou en direct auprès de E-Car Center, une société marseillaise de vente et de promotion des véhicules électriques et alternatifs. Le jeune entrepreneur travaille déjà à la conception d’un nouveau modèle, pliant celui-ci ; et s’attelle désormais à vivre de son travail.
Fabien Soria espère ainsi que sa participation à E-cyclette, premier salon français consacré aux VAE et organisé le dernier week-end du mois de juin 2014 par l’agence écolutive DCKv, lui amènera d’autres clients, de futurs investisseurs, de nouveaux revendeurs. Une vingtaine d’entreprises du secteur s’est en effet donnée rendez-vous au cœur du Parc Jourdan, parmi lesquelles le leader allemand Riese & Müller. Car si le jeune patron a depuis récupéré son permis de conduire, il compte bel et bien ne plus descendre de sa selle.