Tania Sourseva est partie. Actrice, elle était également la co-fondatrice du théâtre Toursky avec son mari, Richard Martin. Une cérémonie religieuse se déroulera samedi 21 janvier à 14 heures au crématorium du cimetière Saint-Pierre à Marseille.
Pour lui rendre hommage et pour tous ceux qui l’ont connue ou qui n’ont pas eu la chance de la croiser, Gomet’ publie la dernière lettre de la journaliste Michèle Taddei à cette grande dame de la scène et des coulisses.
« Tania,
Il y a déjà plusieurs mois tu m’as dit: “Si ce livre sur la “dame du Toursky” se fait, tu voudras bien y ajouter ton témoignage ?” Nous avions ri parce que je me demandais bien ce que je pourrais écrire sur toi qui soit autre chose que ce que tout le monde savait, ton talent, ta passion, ton amour du théâtre.
Aujourd’hui, je trouve bien autre chose à dire. On t’aime Tania. Pour tout ce que tu as été, pour tout ce que tu as donné, pour ton cœur fragile et pour ton âme immense que tu portais en bandoulière. Comme un étendard. Comme un défi. Toujours.
Tu étais fière Tania, tu te tenais droite dans les tempêtes. Tu avais de la démesure, des excès, de la fureur et de la tendresse aussi. Beaucoup.
Tu étais entière, dans le bonheur comme dans les douleurs, dans la démonstration comme dans la pudeur.
La vie, parce que tu la vivais comme on joue, t’a bousculé mais t’a offert aussi d’immenses joies. Furieusement. Théâtralement.
Tu étais fidèle Tania. Tu étais douée. Pour le rire autant que pour les larmes, pour les joies et pour les épreuves.
Quand j’ai appris ton départ, j’ai pensé à cette histoire, entendue au moment où on disait au revoir à une amie. C’est sa fille qui a raconté alors cette parabole. Une mère et son enfant cheminent côte à côte, toujours ensemble, avec un amour infini, sur le chemin de la vie. Au moment où la maman arrive au bout du chemin, l’enfant à ses côtés se retourne et voit la trace laissée par leurs pas. Il dit: “Maman, tout au long de ce chemin, nos pas sont parallèles, nos traces sont à l’unisson, sauf à certains moments où il semble qu’il n’y a qu’une personne qui marche. Tu m’as laissé seul parfois, tu m’as abandonné ?” Et la mère répond: “Mon enfant, quand il n’y a qu’une trace, c’est que tu étais trop fatigué, trop triste, trop mal, que tu ne trouvais plus ton chemin et que je te portais, pour te conduire plus loin, pour te faire traverser l’épreuve, pour te soulager…”
Tania, pour ceux que tu aimais, tu as été cette femme qui porte l’autre.
Ton talent était là aussi. Et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui nous te souhaitons bon voyage. Salut Tania. Merci. Et bravo pour tout.»
Michèle Taddei © photo Jean-Noel Barak