En tournée sur le territoire national depuis plus d’un an, c’est au Pavillon noir que l’équipe de l’Association pour le mécénat industriel et commercial (Admical) a fait sa halte provençale, mardi 10 avril. Gomet’ y a rencontré sa déléguée générale, Sylvaine Parriaux, pour faire un point et connaître l’ambition de l’Admical pour le mécénat… et les futurs mécènes.
Gomet : Quel message délivrez-vous lors des étapes de cette tournée des mécènes ?
Sylvaine Parriaux : Nous voulons donner envie à des entreprises et des entrepreneurs de devenir mécènes. Révéler le mécénat qui sommeille dans chaque entrepreneur. L’un des rôles de l’Admical est de donner des outils pour passer à l’action. Nous souhaitons ainsi déclencher des dynamiques mais avec des acteurs locaux et selon les spécificités du territoire. C’est pour cela que nous faisons témoigner des personnes de la région. Par exemple, le mécénat collectif est un vrai moyen d’agir pour les TPE-PME. En France, seulement 12% des TPE et 23% des PME sont mécènes alors qu’avec un montant même modeste mais multiplié par un nombre d’entreprises, le mécénat collectif permet tout de suite de récolter une belle somme. D’autre part, 76% des dons se font en régie directe, c’est à dire directement de l’entreprise à une association. C’est un mode fragile car si l’entreprise, notamment les TPE, rencontre des difficultés, le poste sautera aussitôt. Sauf si elle agit collectivement et là, on revient sur l’intérêt d’un mécénat collectif.
Comment s’est porté le mécénat d’entreprises ces dernières années ?
S.P. : Nous établissons une étude tous les deux ans avec l’institut CSA. Dans quelques semaines, nous aurons les résultats pour 2018, mais 2016 a été une année très encourageante. Il y a eu un rebond des budgets : on est passé de 2,5 milliards à 3,5 milliards d’euros, et le nombre d’entreprises mécènes est passé de 12% à 14%. Auparavant, en 2008, nous avions connu une crise avec un fort ralentissement et en 2012, il y avait de fortes menaces sur le dispositif fiscal. Depuis un certain temps déjà, nous demandons à ce que le cadre fiscal du mécénat soit amélioré et développé.
C’est à dire ?
S.P. : Aujourd’hui, le montant du mécénat est plafonné à 0,5% du chiffre d’affaires mais ce n’est pas adapté aux PME et surtout aux TPE car, par exemple, avec un CA d’1 million d’euros, on est limité à 5 000 euros de dons. C’est très vite atteint. L’Admical demande la mise en place d’une franchise pour aller jusqu’à 10 000 euros de dons, au-delà desquels, à partir de 2 millions d’euros, on reviendrait au 0,5 %. Cela produirait un vrai effet levier. Nous avons déposé cette idée depuis un moment et nous espérons qu’elle passera en 2019.
Avez-vous d’autres points à défendre pour le mécénat ?
S.P. : Oui, nous travaillons sur plusieurs grands axes. Traditionnellement, ce sont les projets culturels qui sont bien soutenus et l’engagement avec le ministère de la Culture, où il y a une mission mécénat, est historique. Mais il y a de nombreux autres domaines où le mécénat peut devenir essentiel comme l’environnement… mais il faut arriver à faire la part entre les différents ministères. D’où l’idée de développer des pôles mécénat dans les régions dont le rôle serait d’outiller le territoire. Ça existe déjà en Pays de la Loire, très sensible au mécénat, Bretagne, Bourgogne Franche-Comté, Grand Est. Il faut un modèle agile en fonction du territoire. L’Admical peut être dans la gouvernance ou en partenariat, comme nous le faisons déjà avec Pays de la Loire. Nous avons eu une rencontre avec la DRAC, ici à Aix, dans ce sens. Nous suivons également de près le projet de la Loi PACTE et les entreprises d’intérêt collectif car la politique RSE porte en elle, quasi naturellement, une démarche de mécénat mais comment ne pas interférer avec l’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale (Esus) qui permet de bénéficier d’aides et de financements spécifiques. C’est un de nos dossiers. Enfin, un autre problème est la lecture faite par les préfectures du caractère d’intérêt général, base de la définition du mécénat. Alors que cette lecture devrait être la même sur l’ensemble du territoire, la réalité du terrain nous montre que vous pouvez l’obtenir dans un département et pas dans l’autre. Il faut une harmonisation et ne pas regarder que le côté fiscal qui est souvent la base de la décision préfectorale.
Quelle est la position de la France sur le mécénat par rapport aux autres pays européens ?
C’est pas mal. La générosité en France représente 7,5 milliards d’euros. 60% pour les particuliers et 40% pour les entreprises. Mais les pays du Nord sont plus pertinents : ils ont des fondations actionnaires, un modèle très développé chez eux et peu encore chez nous. Cela permet aux fondations de jouer un rôle plus économique. En France, il n’y en a que trois ou quatre comme le groupe Pierre Fabre ou le groupe Avril.
L’Admical est une association, quel est son modèle économique ?
Notre budget est constitué des cotisations de nos adhérents, 4 000 euros environ, et nous développons aussi des offres de formations pour les porteurs de projets et les mécènes. Nous recevons aussi des dons de fondations, comme la fondation ADP qui est notre partenaire sur ce tour de France des mécènes.
À savoir :
Mécénat : Don d’une entreprise ou d’un particulier (philanthropie) à une activité d’intérêt général, en argent, en nature ou en compétences, sans contrepartie ou avec une contrepartie limitée.Sponsoring ou parrainage : opération commercial,e équivalente à un achat publicitaire, d’une entreprise qui soutient une action ou un événement et qui en attend un bénéfice commercial direct.
> Site Admical : www.admical.org