Comme nous vous l’annoncions dans Le Digest Hebdo N° 32, le 11 septembre 2017, la Villa Valmer deviendra bien un hôtel 5 étoiles. Dans le cadre de l’appel à projets lancé par la Ville de Marseille en 2016 pour « la mise en valeur » de la Villa Valmer, le promoteur immobilier, Pierre Mozziconacci (aucun lien avec le maire de secteur Sabine Mozziconacci), SCI Fimo, avait remporté une première étape. « Une négociation exclusive », pour développer le projet dans son intégralité et le soumettre à la Ville avant la fin de l’année, afin d’obtenir par délibération en conseil municipal, le bail à construction de 60 ans, sur le même modèle que celui délivré pour l’Intercontinental. L’objectif est de revaloriser ce site perché au-dessus de la Corniche, dans le 7e arrondissement de Marseille, en prenant en compte le bâtiment contemporain attenant à la bastide, les espaces verts, sur un terrain de 738 m2 en respectant sa qualité historique, patrimoniale, paysagère et emblématique. Un projet d’envergure qui suscite les débats…
La délibération concernant le bail emphytéotique avait été retirée de l’ordre du jour du conseil municipal en février, « pour des raisons techniques », avance Yves Moraine, à l’occasion du déjeuner presse précédent la séance du conseil du lundi 9 avril. C’est la même délibération, « sans aucune modification », précise à son tour Jean-Claude Gondard, qui sera présentée aux élus.
14 millions d’euros de travaux réalisés par le promoteur
Sur les six dossiers de candidatures qui ont été présentés au jury de sélection, quatre prévoyaient de faire de la Villa Valmer un hôtel et les deux autres, une école internationale et un centre de conférences. L’analyse des projets s’est effectuée sur la base de plusieurs critères déterminés dans le cahier de consultation publié, à savoir, la qualité et le caractère innovant du projet du point de vue technique et économique, le respect de la qualité historique architecturale et emblématique du site ainsi que son intégration dans le site, le renforcement de l’attractivité de la ville, les garanties financières présentées par le candidat… A l’issue de cette analyse, a été choisi le projet présenté par la SCI Fimo et de ses conseils, le Cabinet 331, Corniche Architecte, la société Orbis Média (pour la communication et l’interface avec le parc public) et Trilogy Hospitaly management (qui se chargera de l’ingénierie hôtellerie) et enfin BBR conseil se chargera du montage financier de l’opération.
Ce groupement prévoit un « hôtel indépendant 5 étoiles avec une affiliation prestigieuse de type Leading Hôtels of the World ou Smal Luxury (hôtels de luxe) de 39 chambres, avec une brasserie, une salle de sport, un spa, une salle de séminaire, une piscine extérieure et un parking souterrain de 15 places », détaille la délibération. En vue de la mise en œuvre de cette offre, l’opérateur a proposé un certain nombre d’aménagement avec un investissement global de 13,9 millions d’euros. « Rien que le ravalement de la façade aurait coûté à la Ville 3 millions d’euros, affirme Jean-Claude Gondard. Là, nous avons signé 14M€ de travaux sans un centime d’argent public ».
L’opposition socialiste n’a pas « dit son dernier mot »
Reste que ce futur hôtel de charme n’est pas du goût de tous. Benoît Payan demandera le retrait du rapport. « Voir brader cette bâtisse parce que la mairie ne sait pas quoi en faire est inacceptable », exprimait, vendredi 6 avril à l’occasion d’une conférence de presse. Ce qui contrarie l’élu d’opposition, c’est la « privatisation du parc auquel les Marseillais n’auront plus accès ». Même inquiétude du collectif Les sentinelles qui a lancé une pétition (récoltant plus de 15 000 signatures) demandant que soit modifié l’appel à projet « pour que son parc ne soit ni amputé, ni vendu, ni privatisé et qu’il demeure ce jardin public du littoral, merveilleux, ouvert à toutes et tous ». En réalité, 90% du parc et 100% de la partie boisée restent accessible à la population, selon la Ville.
Eugène Caselli avait proposé de faire du lieu une résidence d’artistes internationale, « sur le modèle de la Villa Médicis, ce qui aurait eu plus de sens », plaidait-il, aux côtés de Benoît Payan. « Lorsqu’on regarde ce qu’il reste de Marseille Capitale de la culture, on se pose des questions. Pour cette résidence, on aurait pu faire appel au mécénat, au ministère de la culture, aux collectivités… ». Autre inconnue avancé par le socialiste ; le montant du loyer. Si en effet, le bail emphytéotique est concédé pour une durée de 60 ans, le montant du loyer n’a pas encore été fixé. La Ville avance qu’il est soumis « à l’avis des services fiscaux et encore à l’étude ». Outre son intervention, ce lundi, Benoît Payan affirme n’avoir « pas dit son dernier mot » dans cette affaire, qui n’a pas fini de faire débat.