Les politiques raffolent de ces instants. Ils posent fièrement devant leurs grands travaux, brandissent des chiffres, la bouche pleine d’intentions. Certains ont des musées, d’autres des places à leur nom. Guy Teissier (Marseille Provence Métropole), lui, aura le Très grand bus (TGB), qui fait la navette entre la Rose et Château-Gombert, en passant par l’université de Saint-Jérôme (13e arrondissement de Marseille). Le projet, initié par son prédécesseur, Eugène Caselli, aura tout de même coûté 52 millions d’euros : 28 millions pour MPM, 20 millions pour le Conseil général des Bouches-du-Rhône, le reste étant partagé entre la Ville de Marseille, l’État et la Région. « C’est cher », reconnaît lui même le président de MPM, pour 7,3 kilomètres d’une ligne qui sera définitivement terminée début 2016.
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[/pullquote] Accompagné de Robert Assante, son vice-président, de Maxime Tommasini, président du conseil d’administration de la RTM (Régie des transports marseillais) et de Pierre Reboud, qui en est le directeur général, Guy Teissier entame son plaidoyer pour ce « tram sur deux roues qui déclenche les feux verts ». Et qui doit rimer dans les prochaines semaines avec « ponctualité » et « rapidité ». Circulant sur des voies « protégées », les bus n’auront plus à naviguer entre les voitures et les deux-roues : un luxe, à Marseille, qui doit permettre aux étudiants de l’Université Saint-Jérôme d’arriver à l’heure en cours. Un véritable défi. « L’objectif est de relier les centres universitaires à la ville, mais aussi de favoriser les échanges entre les entreprises basées au technopôle de Château-Gombert*, et leurs clients », explique Guy Teissier.
« Ce n’est pas un lot de consolation »
Dans un quartier largement embouteillé aux heures de pointe, le projet est diversement accueilli. Certes, c’est un premier pas vers le désenclavement du Nord-Est de Marseille. Mais pourquoi ne pas créer un métro, comme certains l’espéraient ? « Avant, on remplissait la gare de bus. On faisait comme on pouvait. Avec le TGB, les choses vont s’améliorer. On ne peut pas mettre le métro partout, tranche le président de MPM. Mais ça n’est surement pas un lot de consolation pour les habitants ! », s’emporte-t-il, faisant face aux critiques.
Quelques jeunes filles en T-shirt rouge ou bleu, griffés de la RTM, distribuent des flyers depuis le début de la matinée. La plupart des usagers manque pour l’instant d’informations, mais reconnaissent que « les choses s’améliorent à la gare ». La conductrice du bus, elle, confie que « les gens sont agréablement surpris par ce nouveau service ». Soudain, un homme d’une cinquantaine d’années transperce la foule amassée devant le bus et s’énerve, en avalant son sandwich : « Ça ne changera rien, ce bus. Ici, on ne peut pas circuler après 21 h, il y a des agressions partout ! ».« Les incivilités ne sont pas l’apanage de Marseille », répond Guy Teissier. Le service doit être assuré de 5 h à 1 h du matin, sept jours sur sept, avec une fréquence de six à dix minutes et 30 minutes la nuit.
Alors que la visite se termine, Guy Teissier plaisante, l’esprit ailleurs. Rythmes scolaires, sénatoriales : le calendrier de cette mise en circulation est bousculé par l’actualité. D’ailleurs, si le bus circule déjà, il n’est pas encore inauguré. L’inauguration officielle aura lieu fin octobre. « Période de réserve oblige », glisse-t-on du côté de MPM.
Retrouvez toutes les horaires de la ligne B3B : départ de la Rose et de Château-Gombert
*GoMet’ est installé à l’hôtel Technoptic de Marseille Innovation, à Château-Gombert.