Valérie Boyer, au nom des siens
On raconte qu’Edouard Daladier, que l’on surnommait le taureau du Vaucluse, s’attendait à recevoir des tomates alors qu’il atterrissait au Bourget après avoir signé les accords de Munich et concédé à Hitler le démantèlement de la Tchécoslovaquie et le rattachement des Sudètes à l’Allemagne. Dans l’avion, le président du Conseil murmura en apercevant la foule qui l’attendait à l’aéroport « ah les cons, s’ils savaient ». Valérie Boyer, député LR de Marseille, attend-elle des fleurs pour être allée serrer la main de fer de Bachar el-Assad en Syrie au nom de l’intérêt des chrétiens d’Orient ? Plus de 250 000 Syriens ont été liquidés par le dictateur qui, dans une communication bien orchestrée, revendique aujourd’hui la libération de Palmyre, un des berceaux de la civilisation dont il est bien évidemment l’un des premiers défenseurs. Mme Boyer et Thierry Mariani qui est un multi récidiviste, revendiquent cette mission que personne ne leur a demandé mais qu’applaudit discrètement le Front National. Si un nouveau procès de Nüremberg peut juger un jour les crimes d’Assad, l’élue marseillaise sera-t-elle sur le banc des témoins à charge où sur celui des défenseurs du tyran ?
Quelques lignes et c’est parti
C’est un de nos confrères qui rapporte les chiffres de Force Ouvrière sur la participation à la manifestation de Marseille contre la loi el Khomri. Ils étaient donc selon ce syndicat aussi puissant que généreux, 150 000. La préfecture de police n’en a comptabilisé que 12 000. Dans une ville qui compte 231 opticiens selon les Pages jaunes, on ne comprend pas ce décalage. En même temps lorsque l’on sait que FO ne communique pas le nombre de ses adhérents contrairement à la CFDT et à la CGT, on peut se laisser « enduire de doute » comme le disent certains Marseillais. Il n’y a qu’une chose sûre dans cette non-bataille de chiffres. L’hyper-centre a fait ce jour-là mentir la réputation d’une fréquentation en berne. Pas sûr que cela mette du baume au cœur de Solange Biaggi l’adjointe qui en a la charge ou aux commerçants.
Petit miracle rue Sainte
La rue Sainte va mieux. Alléluia. Quelques râleurs font remarquer qu’on a alterné le revêtement rouge et le noir cassant ainsi un possible continuum et que les potelets anti-voitures sont toujours aussi disgracieux… Toujours est-il que le rue va mieux commercialement, qu’elle est moins sale et que le piéton sans y être roi n’est plus une victime expiatoire. Aurait-on pu aller plus loin en tentant la piétonisation. Difficile lorsque l’on songe que la rue Breteuil réputée un temps axe fluide est une des colonnes vertébrales du trafic Ouest-Est et qu’il faut desservir le palais de justice où quelques livraisons urgentes perturbent dans la journée la circulation. La rue Sainte peut, si ceux qui l’animent poursuivre leurs efforts, devenir ce qu’est Oberkampf à Paris. Quelques jambons ibériques, parmesans, et autre figatelle ont déjà sonné la charge. Pas forcément des brigades légères mais avec un petit rouge ou blanc de propriétaire croyez-nous ça passe.
Un beau reportage, trois morts
TF1 a diffusé samedi dans son 20 heures (rien de moins) un petit deux minutes qu’une boîte de communication aurait fait payer des millions d’euros à la ville de Marseille. Des images magnifiques, des commentaires élogieux, des lieux magiques – les docks, le vallon des Auffes, le Mucem – pour nous dire que tout allait mieux dans la cité et même que le New-York Times en avait fait de la cité en 2015 sa deuxième destination préférée. N’en jetez plus la cour est pleine. Du coup, on s’est endormi sur ses lauriers avant d’être réveillé ce dimanche par trois détonations. Enfin, celles que nous rapporte BFM TV : un règlement de compte de plus dans les quartiers Nord. Trois victimes et une, collatérale, la cité Bassens.
Samia Ghali encore et toujours
La sénatrice et maire des 15-16 le jurait cette semaine. On s’entraîne à la « Kalach » près des écoles de son secteur. Les événements ne lui donnent pas forcément tort mais les solutions prises dans l’urgence seront-elles pérennes. La municipalité a décidé d’injecter 5 millions d’euros pour faire face à l’inacceptable : écoles saccagées, conditions de travail lamentables, sécurité absente. On parle ici de construire un mur pour protéger un établissement, là de consolider une grille, là-bas encore de mettre des caméras. Tout cela ne fait pas une politique et Marseille paiera tôt ou tard cette ghettoïsation avérée ou rampante. On ne comprend pas, alors que la droite républicaine possède désormais tous les leviers dans les Bouches-du-Rhône, qu’elle ne convoque pas des assises de la rénovation de ces quartiers. Et au-delà des forces de police et de l’armée, convoquer tous ceux qui estiment qu’il est urgent de ne plus attendre.
Gaudin succession 4 ans
« Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser jusqu’à ce qu’il trouve des limites ». Les petits malins qui ont poussé cette semaine Jean-Claude Gaudin à leur rappeler qu’il assumerait son mandat de maire quatre ans durant encore, devraient relire Montesquieu. Dans L’esprit des lois, le penseur rappelait quelques vérités premières qu’il est parfois nécessaire de revisiter. La limite de Gaudin c’est lui qui l’a fixée – à moins que ce ne soit une autre instance à ses yeux supérieures – et c’est, qu’on se le dise chez les prétendants, sa santé. Un épisode inquiétant l’a un peu troublé il y a quelques mois mais il considère que la médecine a fait son boulot. Lui, fera le sien et pas à un train de sénateur. Puisqu’il quittera le palais du Luxembourg en 2017 et le petit palais du Vieux-Port en 2021. En Amérique du Nord, la guerre de sécession a duré quatre ans. En France du Sud la guerre de succession a, a priori, quatre belles années devant elle.
Maryse n’oublie pas la commission
Elle n’avait pas de mots trop durs pour fustiger l’Europe. On l’a vue même flirter dangereusement avec les idées du Front National, tout en revendiquant son appartenance aux radicaux qui sont historiquement des pro-européens. Ainsi va la maire d’Aix lorsqu’elle sent sa patrie du roi René en danger. Sans barguigner outre-mesure, elle fait donc appel désormais à la commission européenne pour contester la manière dont s’est construite la métropole. Bon, soyons justes, elle a quelques raisons de s’inquiéter. Dans une récente déclaration Martine Vassal présidente du Conseil départemental ne cachait pas qu’elle allait mettre le paquet pour aider Marseille. Lorsque la ville investira deux euros elle ajoutera six euros jure-t-elle. Maryse Joissains estime, elle, que mal gérée et très endettée la capitale des Bouches-du-Rhône est un puits sans fond. Elle compte désormais sur Bruxelles pour ne pas se retrouver dans les choux.
(Photo Agence Sana, capture d’écran DR)