La rédaction de Gomet’, attachée à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes (*) de contributeurs extérieurs. Ce lundi 11 mai, jour du déconfinement en France, nous donnons la parole à Alexandre Fassi, le secrétaire général de l’association Cap eu Nord Entreprendre, le réseau de plus de 300 acteurs économiques de Marseille Nord. Il partage ici sa conviction de la nécessaire évolution de nos modes de transports vers plus de mobilités durables (vélo, trottinettes, auto-partage…).
Je sors de chez un réparateur de vélo qui s’est extasié devant le vélo que je viens de lui apporter, un Libéria fabriqué en France dans les années 60 qu’utilisait mon père et qui occupe une partie de ma cave depuis deux ans maintenant. J’y suis allé et j’en ressors avec un vélo adapté à la pratique quotidienne marseillaise.
Je suis prêt. Comme bon nombre de Français, qui plébiscitent les modes actifs à titre personnel, un simple chiffre : les ventes de trottinettes ont progressé de 105% en 2019 (avec des chiffres d’affaires records). Ce sont les engins de déplacement personnel les plus utilisés (et je ne parle du free floating dont 70% des utilisateurs sont des touristes).
Nous avons le droit de pouvoir bénéficier des solutions adaptées à nos enjeux
Alexandre Fassi
Et si, pour une fois on additionnait les modes de transports actifs et bas carbones, plutôt que de les opposer : vélo, trottinettes, auto-partage… Pour ne citer que ceux qui sont aujourd’hui adaptés à la sécurité post-confinement. Si pour une fois on pensait transport et gestion de l’espace public. Si pour une fois on pensait les usages des Marseillais qui se déplacent pour aller travailler, pour se divertir, pour vivre tout simplement. Nous avons le droit de pouvoir bénéficier des solutions adaptées à nos enjeux (enjeux de déplacement, enjeux environnementaux) de connecter ces solutions aux infrastructures existantes (et de les développer à moyen terme comme c’est prévu à l’agenda métropolitain).
L’intermodalité est au cœur des esprits qui se mobilisent. Il faut agir, agir ensemble, AOMD (autorités organisatrices de la mobilité durable), collectivités, entreprises et usagers dans un premier temps, pour sécuriser les déplacements de nos concitoyens, faciliter ces déplacements, générer une fluidité tant attendue et penser au mieux vivre ensemble en favorisant un vrai impact environnemental positif. Cela se traduit, dès lundi, par une utilisation massive des modes actifs (vélo, trottinettes, marche…) et ensuite, dans un deuxième temps, poursuivre par une intermodalité efficace, transports en commun et modes actifs.
Nous sommes tous responsables : collectivités, AOMD, entreprises, salariés et citoyens. Nous devons alimenter une démarche globale nécessaire et urgente, sans exclure. Je ne crois pas au zéro voiture, bien au contraire, nos zones d’activités qui emploient massivement doivent être accessible aux voitures, poids-lourds, être desservies par des voies ferrées adaptées pour les transports de marchandises. La culture du déplacement ne se transforme pas en une fois, en un petit coup de baguette magique.
Certaines choses sont en cours, légères, lentes. Il faut accélérer, montrer, expérimenter, inciter, prouver pour mettre en avant que le futur est possible, un futur décarbonné, un futur économiquement fort.
Mon job n’est pas de vendre du vélo, mais job est de faire tourner au mieux les entreprises sur un territoire.
Alexandre Fassi
Expérimenter et inciter, c’est ce que je vous propose de faire, opposer ne sert à rien. Refuser d’investir dans l’avenir, c’est s’engager dans une crise future avant l’heure. Dans mon exercice professionnel, j’agis pour des solutions nécessaires au bon vivre ensemble, à la fidélisation de collaborateurs en quête de sens et de citoyens qui veulent voir la vie avec moins de nuages artificiels. Mon job n’est pas de vendre du vélo, mais job est de faire tourner au mieux les entreprises sur un territoire.
Un chiffre tout simple : sur Marseille Nord, si 10% des salariés ne se déplaçaient plus seuls dans leur voiture se sont plus de 7600 véhicules en moins (85 000 salariés dont 90% viennent seuls en voitures). Et je fais le pari que si 10% le font, ils seront rejoints rapidement par des personnes de plus en plus nombreuses. La rencontre du nécessaire, des valeurs et de l’efficacité. Gain : un territoire plus attractif, innovant, moderne
La création de deux grandes voies cyclables sur Marseille Nord. Je m’y engage.
Alexandre Fassi
Inciter aux modes actifs est une priorité dans laquelle les collectivités doivent s’engager maintenant et nous devons les accompagner. Je m’y engage.
Sécuriser les voies pour une utilisation plus massive de ces modes actifs, avec la création, pour ce qui me concerne, de deux grandes voies cyclables sur Marseille Nord. Je m’y engage.
Lundi je prends mon Vélo pour aller directement de la maison au bureau. Très bientôt j’espère que je prendrais une trottinette électrique, via le Métro et arriverais directement au bureau sans effort avec un dernier petit coup de Trotti. J’aurai toujours besoin d’une voiture, je l’aurai, mais son usage en sera réduit. Le marché s’y adaptera. Ma ville aussi.
Faisons exemple, durablement !
Alexandre Fassi
Secrétaire général de l’association Cap au Nord Entreprendre
(*) Gomet’ Media, attaché à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes de contributeurs extérieurs. Ces points de vue n’engagent pas la rédaction.