« Les fouilles et les diagnostics ont été faits dans une grande indépendance. Ce sont des chercheurs qui ont travaillé sur ces sites et les accusations de collusion entre les parties prenantes sont extrêmement graves, a exprimé Françoise Nyssen. Je tiens à le dire et à féliciter les agents de l’Etat qui ont diligenté ce travail. Je réaffirme ma position qui tient compte de la valeur scientifique attribuée sur ces 635 m² et qui préservent absolument la vision de ce site remarquable. » Et pour bien se faire comprendre, Françoise Nyssen a également signalé qu’elle avait d’emblée ouvert la conversation sur le fait « que j’ai fait de la recherche, j’ai fait de l’urbanisme et que j’ai participé à des comités de quartier. L’archéologie est un sujet qui me concerne au plus haut point ». La ministre est une scientifique (agrégée de chimie et diplômée d’urbanisme), une femme de culture (éditrice), avant d’endosser l’habit de ministre. « J’ai parfaitement regardé les délimitations, j’ai parfaitement regardé les plans, j’ai parfaitement discuté avec les archéologues. J’ai même entendu beaucoup d’archéologues en dehors de ceux présents ici pour avoir aussi leur opinion. Donc cette consultation scientifique, je l’ai faite ! »
« Nous sommes dans un État de droit »
Saluant à nouveau l’intérêt des habitants pour ce site et la passion dont ils ont fait preuve pour se saisir de « la chose », la ministre a poursuivi en reconnaissant leur inquiétude, « le mécontentement est humain, c’est normal, mais on est dans un État de droit, un permis de construire a été délivré, les recours purgés. La position du ministère de la Culture concerne les fouilles et la surface protégée. Nous sommes aussi dans un État avec une loi de décentralisation qui date de 1982 qui prévoit que l’urbanisme est du ressort des collectivités locales et donc j’ai demandé à la Ville et à l’aménageur (NDLR Vinci) de se concerter sur un cahier des charges qui prendra en compte la nécessité absolue d’une visibilité, de l’accessibilité et de la transmission. »
Lors de son communiqué du 4 septembre dernier, la ministre avait déjà précisé le rôle de l’État dans le cadre de la loi et la possibilité pour la Ville comme pour l’aménageur de faire autrement. Cette fois, elle l’exige. Avec tact. « Je suis pour un processus de concertation et d’échanges. Je n’ai pas à revenir sur une décision scientifique mais je demande à l’aménageur et à la Ville de réfléchir et de revenir vers les habitants et les CIQ pour qu’ils leur disent comment ils voyaient les choses et qu’il y ait une prise en compte de cette passion pour ce site que je comprends. »
Un accès pour les écoliers
« La transmission est au centre de la politique que je souhaite mener. Ici, c’est surtout une importance historique puisqu’on date la présence des Grecs à Marseille et je crois que c’est très important qu’il puisse y avoir un travail pédagogique autour de cela. Je reviens de Blois où j’ai vu un développement en réalité virtuelle de ce qui se passait à l’époque… on peut faire toute sorte de choses. » En tout cas, elle a soutenu qu’il y aurait une demande très précise au sujet de la pédagogie qui sera déployée, des moyens mis en place et des documents élaborés afin que les écoles, entre autres, puissent venir visiter la zone protégée : un thème qui lui tient particulièrement à cœur et qui devrait plaire également aux Marseillais soucieux de garder la mémoire de leurs racines.
Mais à l’extérieur, sur le parvis de la Préfecture où attendaient une dizaine de personnes, l’une d’entre elles rétorquait déjà : « Mais nous la réalité virtuelle on n’en veut pas ». L’un des représentants des CIQ affirmait également : « Nous voulons que le site soit visible depuis le boulevard de la Corderie. Vinci va devoir revoir sa copie ! » La Corderie et la Grotte Cosquer, même combat alors ? De son côté, Sabine Bernasconi exprimait son souhait de voir la mairie de secteur « être associée au travail de concertation et à la mise en valeur de ces vestiges. »
Lien utile : nos articles concernant le site antique de La Corderie.